Origine et histoire du Château des Ducs de Bretagne
Le château des ducs de Bretagne, édifice emblématique de Nantes, rassemble des éléments du XIVe au XVIIIe siècle mais a été principalement reconstruit au XVe siècle ; d’abord forteresse ducale, il est devenu forteresse royale après l’union de la Bretagne à la France en 1532, puis forteresse d’État après la Révolution. Classé monument historique en 1840 et cédé à la commune en 1915, il abrite aujourd’hui le musée d’Histoire de Nantes à l’issue d’importants travaux menés au tournant du XXIe siècle. Longtemps appelé « château de Nantes », l’appellation « château des ducs de Bretagne », proposée par Marc Elder en 1923, s’est imposée dans l’usage courant. Fondé au XIIIe siècle par Guy de Thouars comme base défensive, le château devint, sous François II, la principale résidence ducale et conserva une fonction militaire pendant la Guerre folle. Anne de Bretagne, qui épousa successivement Charles VIII puis Louis XII, fit réaliser des embellissements à la Renaissance et le château fut le lieu où s’acheva juridiquement l’union de la Bretagne à la France en 1532. Après cette date il perdit son statut de résidence ducale pour devenir un symbole et un poste de commandement royal en Bretagne, résidence des gouverneurs de province et, à plusieurs reprises, lieu de séjours prolongés comme sous le duc de Mercœur. Sous l’Ancien Régime et l’époque moderne, il servit aussi de prison d’État, de caserne et d’arsenal ; il échappa aux destructions pendant la Révolution mais fut gravement endommagé par l’explosion des poudres le 25 mai 1800. Le château resta affecté aux services militaires au XIXe siècle tandis que s’affirmait son intérêt patrimonial et que des campagnes de restauration étaient entreprises ; la ville en prit possession effective après 1915 et ouvrit un musée en 1924. Durant la Seconde Guerre mondiale le musée fut fermé et ses collections évacuées, puis le site fut réquisitionné par l’armée allemande qui y aménagea des installations de défense, sans que le monument ne subisse de destructions majeures. À partir de la fin du XXe siècle une grande campagne de fouilles et de restauration (1989–2007) a permis de restituer la complexité historique du lieu, de regrouper les collections municipales et d’adapter l’ensemble aux exigences d’un musée moderne tout en conservant ses strates successives. Implanté à l’est du centre-ville, à la lisière du quartier médiéval, le château est bordé côté sud par le cours John‑Kennedy et s’ouvre au nord‑ouest sur la place Marc‑Elder, où se trouve la statue d’Anne de Bretagne ; les anciennes douves étaient autrefois alimentées par un bras de la Loire aujourd’hui comblé. Le site repose en partie sur des micaschistes albitiques et, dans sa moitié sud, sur des alluvions fluviatiles anciennes, et il est desservi par les transports en commun à la station « Duchesse Anne - Château des Ducs de Bretagne ». Sur le plan architectural, le château associe des courtines et des tours massives en schiste et granit, adaptées à l’artillerie d’époque moderne, et des logis en tuffeau de style gothique flamboyant et première Renaissance, parmi lesquels le Grand Logis, le Grand Gouvernement, la tour de la Couronne d’Or et la tour du Fer‑à‑Cheval ; le Vieux Donjon constitue le vestige le plus ancien du château de la Tour Neuve. Les aménagements successifs reflètent autant les préoccupations défensives que les volontés de prestige : rehaussement de la cour sous François II pour lutter contre les inondations, loggias et lucarnes de l’époque d’Anne de Bretagne, plate‑formes d’artillerie et bastions ajoutés à la période moderne. Les fouilles archéologiques ont mis au jour le tracé de la muraille gallo‑romaine sous l’emprise du château et les restes de la Tour Neuve enfouis lors des remblaiements, ce qui éclaire la longue continuité d’occupation du site. Le musée, organisé sur trente‑deux salles réparties dans les logis et la tour des Jacobins, propose un parcours en sept grandes séquences depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, présente environ 1 150 objets sélectionnés dans les collections municipales et consacre une part importante de ses présentations à la traite négrière et à l’esclavage. Depuis la réouverture complète en 2007 le château est l’un des sites les plus visités de Nantes, accueille de nombreuses expositions temporaires et événements culturels et offre un accès gratuit aux douves, à la cour et au chemin de ronde long de 500 mètres.
