Période
XVe siècle, XVIe siècle, 1er quart XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Mur d'enceinte de l'ensemble fortifié sur toute la périphérie de l'oppidum du château, depuis le sol, ou le niveau de l'assise supérieure du rocher ; façades et toitures de l'ensemble des bâtiments construits sur l'oppidum du château ; porterie ; tour Henriette du Châtel-Derrière, en totalité ; caves voûtées de l'ancienne chancellerie ; escalier en vis de la machine hydraulique de Schickardt ; pièce voûtée au sous-sol et puits dans la tour en éperon du Châtel-Derrière ; caves de la maison des courtisans et le plafond de la salle d'audience au rez-de-chaussée ; sol de la totalité de la terrasse de l'oppidum circonscrit par le mur d'enceinte avec les substructures et les vestiges archéologiques qu'il contient (cad. BW 98) : classement par arrêté du 18 juillet 1996
Origine et histoire du Château des Ducs de Wurtemberg
Le château de Montbéliard, ou château des ducs de Wurtemberg, est un château fort situé sur une barre rocheuse dominant le centre-ville de Montbéliard, dans le Doubs. Classé monument historique depuis juillet 1996, il abrite notamment le musée du Château des ducs de Wurtemberg et le musée d'archéologie et d'histoire naturelle de Montbéliard. Les origines du site sont anciennes : on suppose une occupation dès l'époque gallo-romaine et l'éperon est occupé à partir du Xe siècle. L'ensemble actuel ne comporte pas d'éléments antérieurs aux XVe et XVIe siècles et porte la marque d'aménagements des XVIIIe et XIXe siècles, avec notamment le logis reconstruit en 1751 et des bâtiments sur le front nord du XIXe siècle. Le Châtel-Derrière date du XVe siècle ; la maison des Courtisans est attribuée à la fin du XVIe siècle à l'architecte Heinrich Schickhardt ; les murailles ont été élevées entre le XVe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, et la porterie du flanc nord appartient au XVIe siècle. Un second château est probablement édifié à la fin du XIIIe siècle (première mention en 1326), mais les vestiges subsistants ne remontent pas au-delà du XVe siècle ; la tour en éperon du puits est mentionnée en 1479. Restauré à la fin du XVIe siècle pour le duc Frédéric de Wurtemberg, l'élévation des étages de la tour Henriette a été refaite par l'architecte Georg Beer de 1589 à 1591 sur une base plus ancienne, et une porte porte la date 1558. Une nouvelle tour dite Neuve ou Frédéric a été engagée à partir de 1572 et jusqu'en 1598, portant une date à sa base, et une machine hydraulique a été installée par Heinrich Schickhardt de 1594 à 1596. Des contreforts ont été ajoutés en 1711 dans la cour de l'Ours ; le corps de logis principal a été reconstruit à partir de 1721 par l'entrepreneur Anthonus Schrotz et les fossés d'entrée ont été comblés. Au XIXe siècle, l'armée a profondément transformé les aménagements intérieurs ; en 1880 une façade à pignon a remplacé le bâtiment en éperon entre les deux tours et un escalier a été édifié dans la cour de l'Ours. Dans les années 1940, le grand escalier a été détruit puis reconstruit selon un plan différent. À l'origine seigneurial, le château appartient au XIIIe siècle à la famille de Montfaucon, vassale du comté de Bourgogne ; en 1407 Henriette de Montfaucon épouse Eberhard IV de Wurtemberg, ce qui fait passer Montbéliard dans le domaine de cette famille sous la suzeraineté du Saint-Empire pour quatre siècles. Rattaché à la République française en 1793, le château sert de garnison jusqu'en 1933. Il a connu des usages variés : dépôt de mendicité de 1811 à décembre 1813, hôpital militaire à diverses reprises, maison d'arrêt dans ses souterrains de 1816 à 1836, et auparavant une prison d'État entre les XVIIe et XVIIIe siècles connue sous le nom de Berloc ou « Trou aux Ours », autour de laquelle une légende évoque un ours installé par le prince Frédéric. À partir de 1930, Émile Blazer, conservateur, initie des restaurations pour faire du château un lieu de transmission de l'histoire et du patrimoine local, et depuis 1937 il abrite des musées retraçant l'histoire du pays et des collections d'archéologie et d'histoire naturelle. Jadis divisé par rapport à l'église Saint‑Maimbœuf en Châtel-Derrière à l'est et Châtel-Devant à l'ouest, le château conservait des fossés franchis par des ponts-levis ; le Châtel-Derrière, flanqué des tours Henriette et Frédéric, servait de lieu de réception et d'appartements privés, tandis que le Châtel-Devant, qui domine l'Allan et la Lizaine, abritait l'entrée principale avec son pont-levis et sa herse, ainsi que les bâtiments de la garnison, les écuries, la fauconnerie et l'arsenal. L'Hôtel du Bailli et le bâtiment de la chancellerie demeurent des éléments remarquables de l'enceinte. À la fin du XVIIIe siècle, l'état de délabrement entraîna démolitions et reconstructions ; au XIXe siècle, la disparition de l'église Saint‑Maimbœuf en 1810 et, en 1880, la destruction de la maison dite « entre les tours », remplacée par une façade ornée de volutes dans le style germanique du XVIIe siècle, ont profondément modifié l'aspect du site.