Château des évêques de Montpellier à Lavérune dans l'Hérault

Patrimoine classé Musée Demeure seigneuriale Château de style Renaissance

Château des évêques de Montpellier

  • 1-4 Impasse du Touat
  • 34880 Lavérune
Château des évêques de Montpellier
Château des évêques de Montpellier
Château des évêques de Montpellier
Château des évêques de Montpellier
Château des évêques de Montpellier
Crédit photo : Vpe - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété privée

Période

2e moitié XVIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château avec son parc (partie communale et bosquet privé) (cad. BB 1, 50, 51, 89, 92 ; BM 83) : inscription par arrêté du 23 février 1998 - Porte fortifiée de l'ancien château donnant vers le centre de la commune ; salon de musique du château avec son décor de gypseries (cad. BM 83) : classement par arrêté du 6 décembre 2000

Origine et histoire du Château des évêques de Montpellier

Le domaine du château des évêques de Montpellier, dit château de Lavérune, est situé à Lavérune et s’élève sur l’emplacement d’une demeure du XVIe siècle qui a succédé à un château féodal attesté depuis environ 1100. Aucun vestige apparent du château féodal du XIIe siècle ne subsiste ; le château actuel a été reconstruit au XVIIIe siècle, ne conservant de l’ancienne demeure du XVIe siècle que l’entrée nord. Cette porte, surmontée de trois arcs à mâchicoulis, se distingue par l’ornementation de ses parements : têtes, masques et décors végétaux. Le bâtiment présente deux étages sur rez-de-chaussée ; deux portes à vantaux anciens ouvrent sur un vaste vestibule et un escalier à rampe en fer forgé. À droite du vestibule se trouve une grande salle de musique aménagée sur deux niveaux, entourée sur trois côtés d’une galerie encorbellée à rampe de ferronnerie et ornée de panneaux de gypserie à trophées enrubannés. Le domaine comprend un parc historique d’une surface proche de 40 hectares, inscrit dans une longue enceinte d’environ 3,5 kilomètres, et figure parmi les plus importants de l’Hérault selon la DRAC.

La famille Frézouls (Fredol) est mentionnée dès 975 comme propriétaire du premier château, et le domaine dépendait du fief de l’évêché de Montpellier et du Montpelliéret. Béranger de Frédol et ses successeurs occupèrent le lieu avec des fonctions ecclésiastiques aux XIIIe et XIVe siècles. À partir du XVe siècle, le domaine est lié aux biens de plusieurs familles fidèles aux rois de France. En mai 1579, alors que la peste sévissait à Montpellier, les Pelet, descendants des comtes de Melgueil, accueillirent Catherine de Médicis au château. En 1622, Louis XIII établit son quartier général au domaine pour commander le siège de Montpellier, puis le domaine fut vendu en 1626 à Daniel de Gallières, qui fit réaliser des aménagements dont un canal‑réservoir alimentant le « grand vivier » pour la pisciculture à partir de la source des Abymes (Vidourle).

Après le décès du cinquième comte de Lincoln en 1692, Monseigneur de Pradel acquit le château et en organisa d’importantes transformations des jardins et du parc de 24 hectares, qui conservèrent cet aspect pendant un siècle. Son successeur, Monseigneur de Croissy (1696‑1738), neveu du ministre Jean‑Baptiste Colbert, transforma le parc et le château en résidence somptueuse, racheta des terres voisines portant la superficie à 44 hectares, améliora l’irrigation, les parterres à la française et les fontaines, et fit créer des dépendances permettant l’autonomie (moulin à huile, porcherie, jardin potager, prairies et vignes). Il confia à l’architecte Charles Daviler la construction d’une nouvelle aile et l’agrandissement des communs ; après la mort de Daviler en 1701, l’architecte Desplans ajouta un étage et fit édifier une chapelle décorée de marbre ; les travaux furent interrompus en 1723 et des réparations furent menées par Estienne Giral en 1725.

Monseigneur de Villeneuve, installé à partir de 1754, fit équiper le parc de nouveaux systèmes hydrauliques, améliora plusieurs sources et fit creuser un puits à roue ; il fit aussi aménager les plantations, prolonger les parterres jusqu’au grand vivier et confier de nouvelles façades aux architectes Jacques Desfour et Claude Projet. Au cours de ces travaux on procéda à la consolidation pour un second étage, au déplacement de l’escalier d’honneur et au transfert de l’entrée principale, et le salon de musique « à l’italienne », décoré de gypseries représentant instruments, angelots et trophées de chasse, fut réalisé. Le château devint ensuite une résidence d’été et passa entre les mains de Monseigneur de Durfort puis de Monseigneur de Malide ; en 1789 il fut saisi parmi les biens du Clergé.

Le 13 avril 1791, le domaine fut adjugé à Louis Pégat pour le compte de Jean‑Jacques Brunet (dit Brunet de La Vérune), qui défricha des prairies, produisit des céréales et planta des cèdres du Liban, des magnolias et des cyprès chauves, faisant du parc un laboratoire d’expériences végétales ; la propriété fut ensuite abandonnée après le décès du propriétaire puis de son fils. Le domaine passa à la famille Durand (baron Durand‑Fajon ou Achille Durand) puis fut cédé à un propriétaire suivant le 12 octobre 1895 ; au XXe siècle il appartenait à Louis (ou Luis) Petit, qui arracha une partie des arbres pour planter des vignes.

Après une opération immobilière préjudiciable, la mairie de Lavérune acheta le château et le parc en 1972 ; une vingtaine d’années plus tard un musée fut aménagé au premier étage grâce à la donation de la collection du professeur Roland Hofer‑Bury. La mairie a inauguré la restauration du salon de musique le 8 septembre 2012 pour un montant total de 470 000 euros ; cet espace accueille concerts et expositions tout au long de l’année et est ouvert lors des Journées du patrimoine et d’animations festives. Le musée Hofer‑Bury, créé en 1992 et géré par l’association « Les Amis du Musée Hofer‑Bury », organise des expositions permanentes et temporaires, accueille des artistes, propose des conférences et des sorties culturelles ; sa collection compte plus de 1 300 œuvres, principalement d’artistes régionaux, et s’est enrichie d’importantes donations, comprenant notamment des œuvres d’Éric Battista, Vincent Bioulès, Germaine Bourgeois, Pierre Cayol, Georges Dezeuze, René Doumergue, Henri Rouvière, Hervé di Rosa et Thomas Verny.

Les façades et toitures du château ainsi que le salon aux gypseries sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 23 juillet 1973 ; le château avec son parc, pour la partie communale et le bosquet privé, est inscrit depuis le 23 février 1998, et la porte fortifiée donnant vers le centre ainsi que le salon de musique avec son décor de gypseries sont classés depuis le 6 décembre 2000. Le système hydraulique et les plantations ont été réhabilités au milieu des années 2000 sous le contrôle de la DRAC ; la canopée des platanes, dont le houppier atteint environ cinquante mètres, est visible à plusieurs kilomètres à la ronde et a été signalée comme d’un caractère exceptionnel par un laboratoire d’étude indépendant.

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