Origine et histoire du Château de Prémery
Le château des évêques de Nevers, dit château de Prémery, se dresse dans le village de Prémery, en Nièvre, au bord de la rivière Nièvre. La plate-forme du château actuel a été établie au début du XIIe siècle ; le logis a été reconstruit au début du XVIe siècle sur ordre de Jean Bohier, puis modifié par Jacques d'Albret. Des remaniements datent des XVIIe et XVIIIe siècles. À la fin du XVIIe siècle, le château fut quelque peu délaissé au profit du château d'Urzy, plus proche de Nevers et plus en phase avec les goûts du moment. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 22 février 1927 et a fait l'objet de campagnes de restauration menées par des bénévoles de l'association Chantiers Histoire et Architecture Médiévales entre 2002 et 2011.
L'ensemble est bâti sur un quadrilatère d'environ 50 à 60 mètres de côté, formé d'une plate-forme ceinte de courtines reliant quatre tours d'angle, dont l'une a disparu. Adossés à la courtine nord se trouvent le corps de logis du XVIe siècle, le porche fortifié au nord-ouest, une tour d'angle au sud-ouest qui abritait l'ancien logis du fermier de la seigneurie et, au nord-est, une grosse tour ronde. Une lithographie de 1840 montre la courtine est avec la tour sud-est ruinée et la porte fortifiée équipée d'un pont-levis franchissant le fossé ; cette partie fut rasée après l'incendie de 1863.
Le corps de logis nord reconstruit par Jean Bohier conserve une tourelle d'escalier hexagonale qui était surmontée d'une pièce en encorbellement. Une autre tour, édifiée au XVIIIe siècle, affiche un décor plus classique, et certaines baies de la façade gardent leurs encadrements moulurés du XVIe siècle.
Le porche d'entrée, bien qu'ayant été fortement transformé, demeure l'élément le plus remarquable : à l'ouest se situe la tour ronde de la fortification primitive, tandis qu'à l'est il est flanqué d'une tourelle en encorbellement reposant sur un culot mouluré posé sur un contrefort, découronnée et percée d'une canonnière. L'ouverture du porche est surmontée d'un arc surbaissé placé sous un arc en tiers point ; au-dessus, un double bandeau en lamier abrite sous son ogive trois écussons. Le pavillon qui domine le porche ne comporte, de ce côté, aucune ouverture hormis une petite niche murée.
La façade nord, couverte d'un comble élevé, a été très remaniée au fil des siècles ; on y observe cependant des moulures encadrant des baies du XVIe siècle et, du côté est du premier étage, une portion du chemin de ronde subsiste. La tour nord-est, partiellement arasée, présente des fenêtres percées à différentes époques tout en conservant des canonnières et des traces de bretèches. Sur la courtine ouest subsistent, sous un arc, la trace de l'escalier de la galerie et une façade en encorbellement où une poutre de bois est encore portée par de massifs corbeaux ; un contrefort daté de 1650 porte trois blasons très endommagés.
La cave, vestige du logis primitif des évêques, remonte au XIIIe siècle ; elle est voûtée en croisée d'ogives reposant sur de forts piliers engagés et était reliée, par un escalier creusé dans l'épaisseur du mur et construit après 1510, à la cuisine du bâtiment reconstruit en 1510. L'escalier à vis du XVIe siècle, contenu dans la première tour à pans de la façade sud, dessert la cave voûtée, les pièces de réception du logis, la cuisine et les pièces du premier étage, et s'élève jusqu'aux combles ; il aboutit également à une tourelle en encorbellement, aujourd'hui masquée par un ajout plus récent, qui menait à la pièce située au-dessus de l'escalier. Une vaste cheminée sans décor, datée du XVIe siècle, occupe une salle ronde de la tour nord-est, room à laquelle aboutissait le chemin de ronde de la façade nord avant la destruction de la courtine est.
Sur un contrefort qui soutenait une ancienne galerie sont sculptés trois écussons datés du XVIIe siècle ; le plus haut, surmonté d'un casque à plumet, porte une bande accompagnée en chef d'une merlette. Soultrait a identifié ces blasons comme appartenant au Deffend (une bande avec merlette, casque et lambrequins), à Nicolas de Brichanteau, marquis de Nangis (six tourteaux, couronne de marquis et collier de l'ordre du Saint-Esprit), et à un personnage possiblement Jacques de Montigny, chevalier de Malte (blason échiqueté, bande engrêlée, chef de Malte, casque et chapelet de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
On peut également signaler, parmi les éléments notables du monument, le porche, la façade nord, la cave voûtée au sous-sol, l'escalier en pierre de la tour nord-ouest, la vaste cheminée de la tour nord-est et les trois écussons sculptés sur le contrefort.