Château des Forges à Pesmes en Haute-Saône

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de style Classique

Château des Forges à Pesmes

  • Forges de Pesmes
  • 70140 Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Château des Forges à Pesmes
Crédit photo : P. Charpiat - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

4e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du corps de logis ; façades et toitures des remises, écuries et magasins, de part et d'autre de la cour ; façades et toitures de l'orangerie ; murs et grilles de clôture ; plafond, y compris la corniche de la salle à manger ; parquets à compartiments anciens (XIXe siècle) de l'aile Ouest du corps de logis (cad. AE 2 à 8, 10 à 15) : inscription par arrêté du 5 avril 1993

Origine et histoire du Château des Forges

La demeure dite Château des Forges est l'ancienne maison du maître des forges de Pesmes, située dans la commune de Pesmes, en Haute-Saône. Les forges de Pesmes furent créées en 1660 : par lettres patentes du 31 janvier 1660, Philippe IV d'Espagne autorisa Charles de la Baume, marquis de Saint-Martin, à y établir un fourneau et une forge pour la fabrication d'armes. Le fer de Pesmes, réputé, approvisionna les arsenaux de Toulon et Rochefort, la manufacture d'armes de Saint-Étienne et la région lyonnaise. La production de fonte monta à 500 tonnes en 1772 puis à 650 tonnes en 1788 ; la production de fer passa de 300 tonnes en 1755 à 350 tonnes en 1772. La forge fut affermée de 1768 à la Révolution à Joseph Rossigneux puis à son fils Jean-Baptiste. La maison du maître des forges, les dépendances (écuries, remises) et vingt-six logements ouvriers furent construits en 1788-1789. L'établissement, propriété du marquis de Choiseul, fut vendu comme bien national à Claude-Pierre Dornier en 1795 ; à sa mort en 1807 l'usine fut administrée par sa veuve, Catherine Rochet, fille du maître de forges Jean-François Rochet. Entre 1824 et 1830, sous la direction de l'architecte Champonnois l'aîné, la demeure patronale et les dépendances de la cour furent transformées et agrandies, et le pont sur l'Ognon reconstruit ; un second haut fourneau fut ensuite édifié conformément à l'ordonnance royale du 16 septembre 1831. En 1860, les héritiers Dornier vendirent les forges à la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté, dont l'établissement faisait partie depuis 1856 ; le régime hydraulique fut réglementé par un arrêté préfectoral du 21 avril 1868. Un fourneau fut supprimé en 1870, le second en 1874, et après l'extinction de deux feux d'affinerie avant 1869 l'usine métallurgique ferma vers 1875. Les tours des hauts fourneaux furent démantelées vers 1883, tandis que les bâtiments les contenant furent conservés et que la halle à charbon, la charronnerie et des logements d'ouvriers furent rasés. Henri Jouclard tenta en vain d'établir un nouveau haut fourneau entre 1886 et 1889. En 1893 Auguste Chrétien s'installa et développa une unité de fabrication d'outils en fer spécialisée dans les sécateurs ; la direction se succéda alors sous la veuve d'Auguste Chrétien (1894-1899), Victor Mathieu (jusqu'en 1907) puis Aimé Rosselange (jusqu'en 1920). L'établissement porta différentes dénominations au début du XXe siècle, fut agrandi vers 1908, acquis en 1920 par MM. Lévy et Gouvy et exploité par divers gérants ; il prit le nom de Manufacture Générale Franc-Comtoise en 1929. Repris en 1930 par René Amstutz, qui transféra du matériel de Fraisans en 1936, l'atelier produisit sécateurs, échenilloirs, cisailles à haies et petit outillage varié ; un bâtiment couvert de sheds fut construit au second quart du XXe siècle à l'emplacement de l'ancienne halle à charbon. Devenue société des Forges de Pesmes en 1963 puis société anonyme en 1971, l'entreprise déposa le bilan en 1973 ; l'usine fut louée puis achetée en 1976 par la société des Forges et Taillanderie de la Givonne, produisant encore 200 tonnes d'outils en 1980. Rebaptisée L'outillage franc-comtois en 1991, elle poursuivit la fabrication jusqu'à sa fermeture en 1993, année où la commune acquit les bâtiments et la Conservation départementale des Musées de Haute-Saône acheta l'appareil de production. Inauguré en 1998 dans le bâtiment du second haut fourneau, le musée des Forges présente in situ une cinquantaine de machines (presses, martinets, marteaux-pilons, cisailles, fours, étaux, fraiseuses, etc.). La centrale hydroélectrique, mise en service à l'emplacement du déversoir en 1976, demeure en activité et comprend aujourd'hui trois groupes-bulbes ; elle avait une puissance de 440 kW en 1976 et la puissance hydraulique de l'usine était évaluée à 200 chevaux en 1893, avec l'installation de deux turbines Goulut-Borne dans les années 1930. L'activité industrielle a connu des effectifs variables : 66 employés en 1840, 37 en 1911, une cinquantaine après la Seconde Guerre mondiale, puis 12 en 1973 et 34 en 1976. La demeure patronale est aujourd'hui habitée par un particulier. Architecturale­ment, la maison comporte un corps principal flanqué de deux ailes en retour ; le bâtiment central, précédé d'un large perron, présente un rez-de-chaussée surélevé et une travée centrale à un étage carré surmontée d'un fronton triangulaire percé d'un oculus ; les ailes en retour sont en rez-de-chaussée, couvertes de toits à longs pans et à croupes recouverts de tuiles plates. La maison du maître des forges, ses dépendances et les logements ouvriers, construits entre 1788 et 1789, ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1993.

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