Origine et histoire du Château des Mesnuls
Le château des Mesnuls, situé dans la commune des Mesnuls (Yvelines), est un édifice de style Louis XIII construit en pierres et briques. Son histoire remonte à la construction d'un premier manoir en 1230 sous l'autorité d'Ernaut des Mesnuls, manoir dont il ne subsiste rien, puis il passa entre les mains de plusieurs seigneurs dont Jehan Gautier, Robert Duport et Jehan Dumor, puis Simon de Maintenon et Pierre Chapillard. Entre 1535 et 1540 fut élevé un bâtiment à deux niveaux avec une aile basse et une poterne flanquée de deux tourelles, actuelle entrée principale, et Christophe de Refuge fit creuser les douves ; le sculpteur François Lheureux exécuta un tombeau en 1573. En 1575 Robert de Combault et son épouse Louise de la Béraudière acquièrent le domaine, l'étendent et obtiennent en 1578 des lettres patentes leur conférant « haute, moyenne et basse justice ». À partir de 1580 Robert de Combault fait édifier la partie gauche du corps de logis central ; à sa mort en 1606 Bénigne Bernard achève la partie droite et accroît encore la propriété. Le jeune Louis XIII vint dîner aux Mesnuls le 4 juin 1620 ; après la mort de Bénigne Bernard le domaine passe à son frère puis est vendu en 1637.
En 1637 Achille Courtin, conseiller au Parlement, achète la seigneurie, obtient son érection en comté et meurt en 1654 ; son fils Honoré Courtin lui succède et, à sa mort en 1703, la propriété revient à sa fille Charlotte Angélique Courtin, épouse de Jacques Roque de Varengeville. En 1731 Charlotte Angélique donne le domaine à sa fille Jeanne Angélique, épouse du maréchal duc de Villars, qui fait réaliser des terrassements et percer dans la forêt la « trouée de Villars » face à la grille d'honneur, mais ne conserve pas longtemps la propriété. En 1739 la duchesse veuve vend aux Wall : Balthazar Wall termine la façade et fait édifier l’aile Est comprenant une chapelle ainsi qu’une galerie le long de l’aile Ouest ; son neveu Patrice de Wall lui succède en 1754. Après plusieurs transferts, le comte Louis de Maupeou acquiert le château en 1776 puis le revend en 1791.
Jean-Adrien Le Roy de Camilly achète alors le domaine avec environ 300 hectares et l'étend progressivement à quelque 700 hectares, notamment par l'acquisition des terres de l'ancien prieuré de La Millière ; il fait clore la cour du château avec la grille provenant du château de Saint‑Hubert. Ruiné par la dépréciation des assignats pendant la Révolution, il fait faillite en 1799 et le domaine est racheté par sa belle‑mère Françoise Adélaïde de Saint Hilaire, puis transmis à sa fille Marie‑Valérie Bourquenoud. Cette dernière lègue la propriété à sa fille Anne Virginie, épouse de François de Nugent, qui mènera une longue carrière administrative et sera créé comte héréditaire en 1823, titre confirmé en 1828 ; il se retire à la Révolution de 1830 et vit aux Mesnuls jusqu'à sa mort en 1859. Le domaine passe ensuite à Charles de Nugent puis à Richard de Nugent, qui aliène une grande partie des terres et du mobilier avant de vendre le château en 1914.
En 1914 la propriété change encore de mains pour aboutir, en 1924, à Jean Chrissoveloni et à son épouse Sybil, qui donnent au château son aspect actuel. Passionné de sculptures et d'éléments d'architecture, Jean Chrissoveloni installe dans le parc des animaux fantastiques, fait remonter une partie du cloître roman de Saint‑Génis‑des‑Fontaines et introduit au château des décors provenant du château de Courcelles (poutres peintes du XVIIe siècle, chapiteaux, escalier d'honneur daté de 1643). Il aménage les jardins en terrasses avec une grande pièce d'eau en forme de T. Jean Chrissoveloni meurt en 1926 ; Sybil s'éteint en 1931 et leur fils Nicolas hérite mais vit en Roumanie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par l’état‑major de l’amiral Karl Dönitz puis, à la Libération, par les Américains. En 1947 la fondation Mallet installe une institution éducative et de réadaptation fonctionnelle au château, qui sert d'établissement d'apprentissage ; le grand escalier sert de décor modifié pour le film Maigret et l'Affaire Saint‑Fiacre en 1959. Après le décès de Nicolas Chrissoveloni en 1968, les héritiers ne parviennent plus à entretenir la propriété et l'institution quitte les lieux en 1978 ; à cette époque les éléments du cloître sont revendus pour être remontés à l'abbaye de Saint‑Génis‑des‑Fontaines.
En 1987 le groupe Thomson achète le château et son parc, le réhabilite et l'utilise comme lieu d'accueil d'entreprise ; la propriété appartient ensuite au groupe Thales puis à la société Châteauform', et depuis 2008 elle est dédiée à l'accueil de séminaires d'entreprise.
Architecturalement, le château présente de longues façades rectilignes en brique agencées en chevrons ou horizontalement, avec encadrements de fenêtres en pierre ; le rez‑de‑chaussée, assez bas, est surmonté d'un étage noble et d'un second étage, le tout coiffé d'une haute toiture en ardoise. La cour d'honneur du côté Est est flanquée d'une seconde cour bordée de dépendances. L'édifice intègre des éléments provenant d'autres constructions : la grille en fer forgé vient du château de Saint‑Hubert, le grand escalier intérieur provient de Courcelles‑la‑Forêt et une partie du cloître de Saint‑Génis‑des‑Fontaines, montée dans le parc dans les années 1920, a été restituée ensuite à son emplacement d'origine ; les restes du cloître ont été classés dès le 17 juillet 1924 et l'ensemble retrouvé a été classé par arrêté du 5 mai 1975.
Les façades et toitures du château, le grand escalier intérieur et les plafonds « à la française » du corps principal, les communs (porterie et orangerie), la balustrade ajourée de la grande terrasse ainsi que les bassins (bassin de la cour d'honneur et restes du grand bassin) sont classés au titre des monuments historiques depuis le 7 mai 1975 ; les autres parties font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 16 novembre 1945. Parmi les éléments remarquables à découvrir figurent les façades et toitures, le grand escalier intérieur et les plafonds à la française du XVIIe siècle, la porterie et l'orangerie, les vestiges du grand bassin et les douves.