Origine et histoire du Château des Rois Ducs
Le château de Sauveterre, dit « des rois-ducs », est une forteresse édifiée sur un éperon rocheux dominant les vallées de la Lémance et du Sendroux, non loin du Périgord noir et du Quercy. Construit à la fin du XIIIe siècle sur l’ordre d’Édouard Ier pour défendre l’est de l’Agenais, il est mentionné comme castrum dans l’ordonnance de 1289. Bâti selon une conception de défense jugée archaïque, il n’intégrait pas certaines innovations militaires contemporaines. Des travaux furent menés au début du XIVe siècle, notamment en 1304–1305, avec l’intervention du maître maçon Guillaume de Genève. Un village fortifié, ou castelnau, se développa en liaison étroite avec la forteresse, comme l’attestent l’octroi d’un consulat et l’existence d’enceintes. Pendant les conflits du XIVe et XVe siècles, le château changea plusieurs fois de main : pris et repris au gré des affrontements entre les couronnes d’Angleterre et de France, il fut reconquis par Édouard III en 1348 puis définitivement occupé par les Français en 1432. Remanié aux XVe et XVIe siècles, il conserva l’essentiel de ses éléments médiévaux et devint à la fin du Moyen Âge une résidence seigneuriale. Après 1476 la famille Sermet s’y installa durablement ; le site passa au milieu du XVIe siècle à Antoine de Saint Astier puis, par mariage au début du XVIIe siècle, à une branche de la famille de Losse jusqu’à la Révolution. Le château fut incendié en 1789 et acheté en 1936 par l’aviateur Jean Mermoz. L’ensemble du monument, son terrain d’assiette et son fossé ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 19 septembre 2003. Sur le plan architectural, la forteresse conserve des structures médiévales importantes et s’étend sur près d’un demi-hectare hors fossé. Elle présente un plan allongé en pentagone, trois tours reliées par des courtines et un donjon de plan interne hexagonal et de forme semi-circulaire tournée vers la basse-cour. Le donjon, massif et haut d’environ vingt mètres, comporte deux étages voûtés et une plate-forme crénelée sommitale; les tours nord et ouest reproduisent l’ordonnancement hexagonal intérieur et associent fonctions militaires et domestiques, avec cheminées, latrines en encorbellement et meurtrières. Les murs d’enceinte, divisés en plusieurs tronçons, présentent des épaisseurs et hauteurs adaptées aux secteurs défensifs et conservent de nombreuses meurtrières. À l’est, un fossé large d’environ vingt mètres a été taillé dans le rocher et un mur de défense au nord se prolonge jusqu’au château, formant un éperon barré. Les vestiges d’habitations montrent des éléments du XIIIe et du XVe siècle, des trous de poutre et des corbeaux ayant soutenu des étages ou un balcon, tandis que les approvisionnements en eau étaient assurés par une citerne contre la tour nord, un puits et une citerne à ciel ouvert dans la cour. La basse-cour est dominée par un mur rectiligne fortifié qui surplombe le fossé, comportait un chemin de ronde et plusieurs meurtrières et constituait l’unique accès apparent au site. Au total, vingt et une meurtrières de modèles variés sont dénombrées sur le site, traduisant la combinaison d’une défense active et d’aménagements domestiques. L’ensemble, bâti principalement en pierre de taille de moyen appareil et jointé à la chaux, illustre les pratiques constructives médiévales et leurs remaniements ultérieurs.