Origine et histoire du Château des Ternes
Le château des Ternes, situé dans la commune éponyme du Cantal, occupe un rôle stratégique à partir du XIe siècle. Il est pris et incendié par les Anglais en 1383 puis reconstruit au XVe siècle, présentant alors un logis de plan massé surmonté d'un chemin de ronde sur mâchicoulis, flanqué d'une tour à l'angle sud-ouest et d'une tour d'escalier sur la façade est. L'actuel château, situé dans le bourg, a fait l'objet d'une reconstruction au début du XVIe siècle, époque à laquelle a été élevée une seconde tour latérale ; une tour antérieurement abaissée a été relevée au XXe siècle. En élévation, il se compose d'un corps de logis cantonné de deux grosses tours rondes et d'un donjon carré central. Au début du XXe siècle, un nouveau propriétaire confie des travaux à l'architecte Émile Lemaigre, qui façonne un château « médiéval idéal » : il ajoute une tour à l'angle nord-est et accentue le caractère défensif par la restauration ou l'introduction d'éléments de fortification, tels que chemin de ronde, crénelages, mur d'enceinte avec porte à bretèche et échauguette d'angle. Le décor intérieur comporte des éléments néogothiques et des peintures dans le style néo-Louis XIII ; l'iconographie, pour partie copiée sur celle du château de Montvallat, illustre les Métamorphoses d'Ovide et les Emblèmes de l'Amour de Vaenius. Les jardins, aménagés en 1910 par le paysagiste Treyve, mêlent une partie classique à la française et un jardin anglo-chinois.
La seigneurie des Ternes a longtemps appartenu, depuis le XIVe siècle, à deux familles co-titulaires : les Lastic, héritiers de la famille d'Henry, et les d'Espinchal, héritiers de la famille des Ternes, ces deux maisons s'étant plusieurs fois alliées. Madeleine d'Espinchal, fille de Pierre et de Madeleine de Léotoing, épouse Jean de Lastic le 28 février 1573. Armand des Ternes eut une fille qui épousa vers 1333 Guillaume d'Espinchal; plus tard, la propriété appartient à Gaspard d'Espinchal (1619-après 1685), condamné à mort en 1665 par la cour des Grands jours d'Auvergne avec confiscation de ses biens. Gasparde d'Espinchal, nièce de Gaspard et fille de François-Gabriel et d'Isabeau de Polignac, apporte la seigneurie des Ternes en dot en épousant le 28 février 1665 Jean de Fontanges, comte d'Auberoque ; leur fils est tué sans alliance en 1693 à la bataille de la Marseille, dans le Piémont, et parmi leurs filles Marie-Charlotte hérite du château de Valon, de Labesserette et des Ternes, qu'elle apporte par son mariage du 5 avril 1693 à Henri-Joseph de La Garde, comte de Chambonas. Vers 1736, le fils de ce dernier vend la seigneurie à la famille Rouillon de Spy, originaire de Lorraine et établie à Saint-Flour vers 1670, qui y devient maire perpétuel et finit par prendre ce nom ; la dernière Madame des Ternes, ayant perdu son fils unique dans un accident de la route, fait donation des châteaux et domaines des Ternes au diocèse de Saint-Flour pour y établir un noviciat destiné à former des maîtres d'école pour les paroisses rurales.
Du côté des Lastic, Ermengarde d'Henry, descendante d'Étienne Henry, seigneur des Ternes en 1050, apporte sa part de la seigneurie en dot en épousant vers 1211 Hugues de Lastic ; cette branche possédait également le château des Courtines, aujourd'hui ruiné. La portion de seigneurie relevant de cette famille suit la dévolution des terres de Rochegonde (autrefois Valeilhes) et de La Chaumette et figure dans une vente consentie le 3 juin 1789 par Gabriel Lhuilier d'Orcières au sieur Beaufils.
Le château est acheté en 1909 par Alfred Douet, qui en rédige l'histoire ; il devient propriété communale en 1974 et est inscrit au titre des monuments historiques le 7 avril 2008. Il est ouvert à la visite en juillet et en août, visites organisées par la commune.