Origine et histoire du Château des Tourelles
L'ancien château de Vernonnet, dit château des Tourelles, est un édifice du XIIIe siècle situé à Vernon, dans l'Eure, au bord de la Seine dans le Vexin normand. Construit probablement sous le règne de Philippe Auguste pour renforcer la défense de la rive droite et protéger le pont, il remplaça un ouvrage antérieur attribué éventuellement au duc Henri Ier de Normandie. Placé parallèlement au pont sur son côté nord‑ouest, il se distinguait des fortifications qui barrent habituellement l'axe du pont. À l'origine, le château comprenait un donjon carré flanqué de quatre tourelles cylindriques, un logis carré adossé au flanc sud et, autour de l'ensemble, des courtines et des douves. Le donjon, de plan carré de 10,50 m de côté, est bâti en calcaire de Vernon et s'élève sur trois niveaux ; ses tourelles mesurent 6,30 m de diamètre, environ 14 m de hauteur, avec des murs d'une épaisseur de 1,10 à 1,80 m. Le premier étage abrite une grande salle voûtée sur croisée d'ogives dont la clé plate porte une sculpture de feuilles de vigne et de grappes ; les nervures retombent sur des culs‑de‑lampe sculptés de feuillages et de têtes humaines. Le second étage, qualifié de chapelle, est lui aussi voûté sur croisée d'ogives et présente des retombées sculptées en têtes d'anges. Un escalier à vis ancien se trouve dans la tourelle nord tandis que la tourelle sud reçoit un escalier moderne ; la cage de l'escalier, située dans l'angle sud, déborde légèrement sur les salles intérieures. L'aménagement intérieur montre des couloirs voûtés, des archères et des niches‑fenêtres hautes, ainsi qu'une cheminée monumentale en partie conservée au premier étage. Le rez‑de‑chaussée, autrefois éclairé par de grandes fentes de jour et desservant des tourelles munies d'archères, a pu servir de prison, fait confirmé par des dispositifs de fermeture dans les couloirs d'accès. La hauteur du sol intérieur a été relevée d'environ 90 cm pour faire face aux crues de la Seine, ce qui a réduit la taille des ouvertures d'origine. Le château abritait une garnison et fut pris et remanié à plusieurs reprises, notamment par les Anglais au cours des conflits médiévaux. En 1760 le maréchal de Belle‑Isle céda l'édifice à M. Le Moine de Belle‑Isle, qui entreprit entre 1760 et 1765 une importante restauration attestée par une inscription datée de 1763. Ces travaux comportèrent l'ouverture de nouvelles portes et fenêtres, l'aménagement d'un escalier en vis dans la tourelle sud et le remplacement du couronnement primitif par un parapet crénelé supportant une charpente et une couverture. Après la restauration, le château fut vendu au meunier Planter (date donnée comme 1765 ou 1778 selon les sources), qui transforma l'édifice en minoterie en perçant de larges ouvertures, en aménageant des planchers et des plates‑formes et en comblant certaines archères. Sous la Révolution il servit de prison, puis de 1841 à 1849 il fut utilisé comme caserne ; remis au domaine, il passa ensuite entre diverses mains avant d'être acheté en 1854 par l'industriel Ogerau, qui fit fonctionner une tannerie sur le site. La Seconde Guerre mondiale l'endommagea : des bombardements en 1940 détruisirent la toiture et une bombe en 1944 détruisit la tourelle ouest ; des campagnes de restauration ont eu lieu en 1959‑1960, en 1982, puis des reconstructions partielles de la tourelle ouest en 1984 et 1997, et une campagne achevée en septembre 2019 a permis de poursuivre la remise en état. La ville de Vernon a acquis le château le 4 octobre 1955 ; il est compris dans un site inscrit depuis le 22 novembre 1943 et classé au titre des monuments historiques depuis le 12 janvier 1945. Le château, qui forme un ensemble avec le vieux moulin, l'ancien pont et les îles voisines, a également servi de décor au tournage du film Les grandes vacances. Depuis le 9 décembre 2016 il bénéficie d'une mise en lumière architecturale mettant en valeur les tourelles et la végétation environnante, complétée par un éclairage intérieur et des projections lors des périodes festives.