Origine et histoire du Château dit de Gilles de Retz
Le château dit de Gilles de Retz, ou château de Machecoul, est un ancien château fort aujourd’hui en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune de Machecoul, en Loire‑Atlantique, région Pays de la Loire ; il est aussi appelé « château de Gilles de Rais » et, à tort, « château de Barbe‑Bleue ». Il remplace un édifice primitif élevé à la fin du XIe siècle en bordure du Falleron par les seigneurs de Retz de la famille Chabot. L’élévation du château remonte au XIIIe siècle et comprend trois campagnes de construction : une tour circulaire du début du XIIIe siècle, un châtelet du XVe siècle et le soubassement d’un logis des années 1500 pourvu d’embrasures à la française. De nouvelles fortifications ont été aménagées vers 1580‑1600. Le château faisait partie des forteresses des Marches de Bretagne‑Poitou, aux côtés des châteaux voisins de La Garnache, La Bénate, Palluau, Montaigu, Clisson et Tiffauges. Il a été successivement résidence des barons et ducs de Retz et des seigneurs de Machecoul, dont Gilles de Rais, qui y a vécu ; Henri de Gondi y est né, Pierre de Gondi y a vécu et y est mort, et Paule‑Marguerite Françoise de Gondi y est née et y a vécu. Le 15 septembre 1440, Jean Labbé, capitaine d’armes au service du duc de Bretagne Jean V, arrête Gilles de Rais au château afin de le faire comparaître à Nantes. Un document de 1680 décrit une enceinte carrée d’environ 120 mètres de développement, six tours à créneaux, les fondations de trois grosses contre‑tours à plateforme, ainsi qu’un donjon, une herse et un pont‑levis ; la ville était alors close de murailles et fossés. Aux temps de guerre la garnison réunissait les milices de Paulx, La Marne, Saint‑Même‑le‑Tenu, Fresnay‑en‑Retz et Machecoul. Pendant la Révolution les douves ont servi de lieu d’exécution pour de nombreux républicains et le château est brûlé en 1792 lors des événements de la guerre de Vendée. En 1804 le dernier seigneur de Retz, Alexandre de Brie‑Serrant, est poursuivi en expropriation forcée et le château vendu à la ville de Machecoul ; au début du XIXe siècle il est abandonné et transformé en carrière de pierres, ses matériaux servant à empierrer des routes et à bâtir des maisons. L’enceinte comprenait un logement public et une chapelle dédiée à la Vierge pour le peuple, ainsi qu’un oratoire privé ; le baptistère de l’église actuelle de Machecoul provient de cette chapelle. Si le château était encore relativement conservé en 1825, il ne subsiste aujourd’hui que quelques ruines, notamment les murs extérieurs du donjon et un pan de mur intérieur. Le monument a été inscrit au titre des monuments historiques en 2004.
L’enceinte du château avait une forme quadrangulaire proche du carré, flanquée de tours dont cinq, de plan circulaire, datent de la seconde moitié du XIIIe siècle selon les fouilles de 2008. On y observait les fondations de trois grandes contre‑tours à plateforme, un donjon, une herse et un pont‑levis ; le dispositif d’entrée paraît correspondre à un logis‑porche composé de deux tours rondes reliées au cours du XIVe siècle par un massif donjon quadrangulaire formant châtelet, dont les étages supérieurs assumaient le rôle de donjon. Le château présentait un style ogival, les ouvertures et les répartitions de niveaux étant traitées par des arcs en ogive. Le site est aujourd’hui une propriété privée de la famille de Grandmaison et fait l’objet d’une visite guidée extérieure via un sentier piétonnier. Chaque été se tient sur le site un spectacle son et lumière, Les Mystères de Gilles de Rais. Des fouilles archéologiques récentes ont mis au jour une partie des fondations et des poteries, et des documents anciens et iconographiques (plans, croquis en élévation, gravures et vues des ruines) permettent des reconstitutions du site.