Origine et histoire du Château du Bois du Maine
Le château du Bois-du-Maine est situé sur la commune de Rennes-en-Grenouilles, sur la rive sud de la Mayenne. Il apparaît sous de nombreuses graphies anciennes — Le Bois-Demane, Le Bois-Domayne, Le Bois de Meyenne, Le Boisdemaine, Domanium du Bois-de-Maine, Le Bois-de-Mayenne — dans des documents allant du XIVe siècle aux cartes anciennes. La présence d'un château y est attestée depuis le XIe siècle et ses façades et toitures sont inscrites aux monuments historiques depuis 1967.
Implanté en bordure de la rivière, l’ensemble se compose d’un corps de logis flanqué, aux extrémités nord et sud, de deux importantes tours. La tour nord, dont la base plonge dans la Mayenne, est pourvue d’un rang de machicoulis et constitue la seule partie nettement ancienne ; selon l’abbé Angot elle est probablement postérieure au XIVe siècle. Le château est décrit successivement en 1415 comme « un hébergement clos à douves tout environ », en 1604 comme « un chasteau clos et environné de triples douves, pont levis, droit de forteresse, canonnières et arbalestrières » et, en 1753, comme pourvu d’un donjon crénelé.
Le corps principal date du XVIIe siècle, mais Adelstan de Beauchêne a noté que l’aspect moderne masque des restaurations des XVIIe et XVIIIe siècles : le gros œuvre remonterait au XVe siècle et les parties basses pourraient être plus anciennes, peut‑être du XIVe siècle. La position du château devait sa force aux eaux de la Mayenne qui pouvaient inonder les abords ; au début du XVIIe siècle il conservait douves, pont‑levis et tours percées de canonnières et de meurtrières. Les caves voûtées en berceau, qui s’étendent sous le corps principal, sont jugées remarquables par l’abbé Angot ; elles communiquent avec un caveau sous la grosse tour qui plonge dans la rivière, accessible seulement par une échelle et faiblement éclairé par de petites meurtrières.
Au début du XIIIe siècle la seigneurie appartenait aux seigneurs d’Averton, qui la cédèrent ensuite à un cadet de leur maison tout en conservant l’hommage ; elle passa à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle aux de Boulay. La féodalité rattachée au Bois‑de‑Maine s’étendait notamment sur Rennes, Brétignolles, le Housseau, Melleray, Sept‑Forges et Loré. La seigneurie fut divisée en Grand et Petit Bois‑de‑Maine à la fin du XIVe siècle et réunie en 1619 par acquisitions.
Pendant la guerre de Cent Ans, la place fut occupée au milieu du XIVe siècle par des garnisons anglaises et navarraises, la commandant connu étant Perrot Daigremont ; cette occupation dura près de dix ans. Malgré les stipulations du traité de Brétigny (1360), son évacuation donna lieu à des négociations et des paiements, avec des quittances datées de 1361 et 1362, puis à un retour provisoire aux Français par arrangement entre Louis d’Harcourt et John Chandos en 1361. En 1363 des soldats stipendiés établis au Bois‑de‑Maine se livraient à des pillages, et des procédures judiciaires liées aux accords financiers se poursuivirent en 1366. Pierre de Boulay retrouva ensuite la possession du manoir avant sa mort en 1370. Après la conquête d’une partie de la Normandie par Henri V et des occupations anglaises au début du XVe siècle, la région fut définitivement évacuée par les Anglais en 1448 et le domaine revint à ses propriétaires.
Au XVIe siècle, la seigneurie connut des épisodes religieux : en 1583 Catherine de Chauvigné, dame du Bois‑de‑Maine, obtint du synode protestant de Vitré la concession d’un « chapelain » et sut présenter des candidats à la cure de Rennes‑en‑Grenouilles. Sur le plan économique, il existait probablement une forge au Bois‑de‑Maine, François de la Cigoigne se réservant en 1638 le droit de relever son ancienne forge.
La seigneurie a appartenu à de nombreuses familles au cours des siècles : notamment les de Boulay, les du Bois‑Froust, les Châteaubriand, les de Chources, les Mathefelon et de Brie, puis les Brée, du Raynier, de la Cigoigne, Le Jariel et enfin les Billard de Lorière, parmi d’autres. Les deux parts du domaine furent réunies au début du XVIIe siècle et la succession des propriétaires reflète les échanges, donations et acquisitions évoqués dans les archives.