Période
XIVe siècle
Patrimoine classé
Le château du Bordage avec le logis en totalité, la tour de l'Orient et la tour aux chiens en totalité, le porche d'entrée et les courtines, les façades et toitures des communs, les deux rabines au nord, la ferme du Bordage ainsi que l'ensemble de leurs sols d'assiettes (cad. AC 6, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 48, 49, 50, 51, 52, 82) : inscription par arrêté du 10 juin 2020
Origine et histoire du Château du Bordage
Le château du Bordage se dresse à Ercé‑près‑Liffré, en Ille‑et‑Vilaine. Il est attribué aux XIIIe‑XIVe siècles et occupe l’emplacement d’un ancien château à motte au bord de l’Illet. L’ensemble — le château avec le logis, la tour de l’Orient et la tour aux Chiens, deux rabines du nord et l’assiette de diverses parcelles — a été inscrit aux monuments historiques par arrêté du 11 septembre 2012 ; la protection a été étendue au porche d’entrée et aux communs par arrêté du 10 juin 2020. Jusqu’à la Révolution, la seigneurie appartient à la famille de Montbourcher, puis elle passe à la famille Guyot qui la conserve jusqu’en 1957 ; le folkloriste Paul Sébillot (1843‑1918) y a résidé. En 1793 le domaine, confisqué à la Révolution, est vendu à Julien Guyot, premier maire d’Ercé, et le château reste aujourd’hui une propriété privée.
À l’origine l’édifice formait un grand quadrilatère défendu par des tours à chacun de ses angles, trois tours intermédiaires sur les courtines est, sud et ouest, et un donjon à l’est de cinq étages ; l’ensemble était protégé par des douves alimentées par l’Illet. Seule la tour ouest, dite tour aux Chiens, est parvenue jusqu’à nous ; elle conserve une salle basse voûtée avec cheminées et réduits. À la fin du XVIIIe siècle le donjon et les fortifications est et sud furent démolis et les fossés comblés ; l’enceinte avait été divisée intérieurement par les écuries et les bâtiments de service.
Le site, choisi au bord d’une rivière plutôt que sur une hauteur, tirait parti de l’Illet pour remplir fossés et étangs défensifs ; seule la partie nord nécessitait des fortifications importantes, le reste étant protégé par une butte ou terre inclinée. La base schisteuse de cette butte est naturelle et aurait pu servir de motte féodale ; les galeries et le portail dit « la voûte », ornés de granit et d’ardoise et encore en place, sont peut‑être postérieurs et auraient été édifiés vers l’époque d’Henri IV. Le donjon et ses dépendances appartenaient au château primitif ; au XVe siècle le périmètre fortifié atteignait près d’un hectare hors jardin, et les grosses tours nord datent d’une période postérieure à l’apparition de l’artillerie.
D’après le procès‑verbal d’état des lieux établi lors de l’érection en marquisat en 1656, l’accès nord était ménagé par quatre longues avenues d’arbres menant à une place ornée d’un jeu de paume et d’un manège, et protégé par des douves larges d’environ 20 mètres. L’entrée comprenait un pont dormant de 18 mètres, fermé d’un côté par une herse et de l’autre par deux ponts‑levis attachés au portail, sur lequel figuraient huit écussons ; la courtine nord se terminait par deux grosses tours de 23 mètres de haut. Le château formait un grand carré défendu par huit tours dont une servait de magasin d’armes et une autre contenait l’horloge, tandis qu’une poterne avec un petit pont‑levis ouvrait sur les jardins ; l’épaisseur des murs des tours atteignait jusqu’à six mètres.
Le donjon, tour maîtresse à cinq étages pourvue de larges chambres et de mâchicoulis, défendait le côté méridional et regardait une grande douve remplie d’eau. L’enceinte intérieure était coupée par les dépendances ; la cour d’honneur accueillait le logis seigneurial constitué de caves, cuisines, offices, salles hautes et basses, chambres, antichambres et cabinets, soit six appartements complets, ainsi qu’une galerie de 45 mètres sur 7 mètres à trois niveaux, avec au rez‑de‑chaussée une galerie à portique et douze fenêtres au premier étage. La tradition rapporte que cette galerie donnait accès au prêche huguenot qui, au XVIe siècle, aurait remplacé la chapelle primitive ; au milieu de la cour se trouvait une fontaine dans un bassin de pierre et la basse‑cour abritait la ferme.
De l’ensemble médiéval d’environ 1,3 hectare subsistent aujourd’hui la base de deux tours ruinées, des parties de l’ancien logis seigneurial, des portions de la muraille nord et des douves. L’importance et l’unicité de l’édifice justifient des études approfondies complémentaires.