Origine et histoire du Château du Bouchet
Le château du Bouchet, ancien château fort, s'élève sur une butte de grès rouge à Rosnay, en Brenne, au nord de l'étang de la Mer Rouge de Douadic, à une quinzaine de kilomètres du Blanc. Les plus anciennes mentions remontent au XIIe siècle ; un château existait déjà au XIIIe siècle, dont subsistent des vestiges dans les parties basses du donjon et peut‑être de la tour dite de la prison. Un « donjon anglais » fut édifié au milieu du XIVe siècle. Une importante campagne de reconstruction, menée dans la seconde moitié du XVe siècle, a entraîné la quasi‑totalité de la refonte du château ; parmi les éléments conservés figurent le donjon, les tours de la prison, de la chapelle, du pigeonnier et la tour d'escalier aux armes des Taveau. Au XVIIe siècle, des travaux pour Louis de Rochechouart complètent et modifient l'ensemble, avec l'ajout d'un pavillon et d'une aile de style classique dont certains aménagements restent inachevés. La marquise de Montespan y habita avec ses deux sœurs au cours du même siècle. Le plan actuel rassemble des bâtiments clos autour d'une cour centrale, accessible par un pont franchissant les douves ; trois corps de bâtiment entourent cette cour. À gauche de l'entrée se dresse un donjon flanqué de tours et couronné de courtines à mâchicoulis, dont la face sur cour est dotée d'une tourelle d'escalier à vis s'ouvrant par une porte au tympan sculpté. L'aile en retour, édifiée au XVIIe siècle, présente une architecture classique et renferme des salles ayant conservé boiseries et cheminées Louis XIV ; la cheminée du petit salon date également du XVIIe siècle. Les pièces d'habitation sont doublées, côté campagne, par une large galerie voûtée et la terrasse domine l'étang et la Brenne. L'enceinte était autrefois protégée par un pont‑levis et la cour intérieure conserve des pierres saillantes témoignant d'anciennes galeries en bois aujourd'hui bouchées. Une partie sud‑ouest de la forteresse médiévale fut démolie au XVIIe siècle par les Rochechouart pour y établir une demeure de villégiature ; ces vestiges sont encore visibles près du donjon anglais. Le château a appartenu successivement aux familles Sénebaud, Naillac, d'Oradour, puis, à partir de 1451, aux Taveau ; il passe en 1519 aux Rochechouart de Mortemart. Pendant la guerre de Cent Ans, il fut occupé par des Anglais avant d'être repris vers 1370 par Pierre d'Oradour, confirmé par Charles V. En 1569 les biens de la région furent ravagés par le chef protestant Wolfgang de Bavière‑Deux‑Ponts. Saisi à la Révolution, le domaine fut vendu comme bien national en 1796, racheté par Pierre Huard de La Vignauderie puis restitué au duc de Mortemart en 1802 ; en mars 1808 le château fut vendu au maire de Rosnay, Victor Hérault de la Véronne, dont la famille a conservé la propriété jusqu'au XXIe siècle. Vers 1910–1920, l'architecte Jules Grenouillot procéda à des restaurations partielles, remaniant le dernier niveau de la tour de la chapelle et du donjon anglais, et des réfections de toitures ont été réalisées dans la seconde moitié du XXe siècle. Le château fait l'objet d'un classement partiel au titre des monuments historiques : façades et toitures sont classées par arrêté du 23 septembre 1955, la cheminée et le médaillon du petit salon par arrêté du 4 janvier 1960, et il est recensé à l'Inventaire général du patrimoine culturel. En 2018, la propriété a été acquise par la famille Durand.