Origine et histoire du Château du Bouilh
Le château du Bouilh, situé à Saint-André-de-Cubzac en Gironde, comprend un pavillon d'honneur et des communs disposés en hémicycle, construits au XVIIIe siècle sur des plans de l'architecte Victor Louis, qui y travailla de la fin 1786 à août 1789. Une branche de la famille de La Tour du Pin s'établit en Guyenne sous le règne d'Henri III ou Henri IV et reçut la baronnie de Cubzac ; l'un de ses seigneurs fit ériger un château à l'emplacement d'une ancienne maison noble, bâti dans le goût du XVIe siècle, dont il ne subsiste rien hormis une fuie. Sous Louis XV le vieux château fut démoli pour laisser place à un édifice plus conforme au goût du siècle, mais le projet resta inachevé. Les travaux reprirent au XVIIIe siècle selon les plans ambitieux de Victor Louis, si vastes que Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet n'en réalisa qu'une partie ; une machine hydraulique assurait la distribution d'eau dans le parc et les appartements. En 1797 le château est décrit en état d'abandon ; De La Tour du Pin, ministre de la Guerre en 1789-1790, fut compromis dans le procès de la reine et exécuté en 1794, mais la propriété ne fut pas vendue comme bien national. Le projet de Victor Louis prévoyait deux vastes corps de logis reliés par une large galerie semi-elliptique : seul le corps de logis ouest et la galerie furent terminés, le corps est restant à l'état de projet. Au centre de l'ellipse se trouve la chapelle, flanquée de dépendances, et le corps d'habitation ouest s'élève sur plusieurs étages. Sous la terrasse s'étend un important château d'eau octogonal, percé de plusieurs portes, décoré de guirlandes et surmonté d'une tour octogonale abritant la machine hydraulique. Derrière le château, les chais et les cuviers occupent une ancienne cuisine souterraine dont la voûte est soutenue par des piliers naturels, tandis qu'à l'extérieur une construction regroupe les cuves ; les pressoirs reçoivent la vendange par de larges fenêtres établies à un mètre du sol, permettant aux charrettes de déverser directement dans les pressoirs puis les cuves. Le seul vestige de l'ancien manoir médiéval est la fuie circulaire de 12 mètres de diamètre dont les parois renferment 1 200 logettes à pigeons ; l'ancien château comprenait peu de pièces — une salle basse, une salle haute, quatre chambres, une cuisine et des cellules — et était entouré de murailles et de douves franchies par un pont-levis. Les premières traces d'habitat sur le Cubzaguais remontent à la période magdalénienne ; un oppidum existait à l'époque celte à Cubzac-les-Ponts et le nom de Cubzac trouve son origine, selon deux hypothèses, soit dans une tribu des Bituriges Vivisques appelée « Cubes », soit dans une villa attribuée à un certain Cupitus. Au VIIIe siècle le promontoire calcaire accueillait le château des Quatre Fils Aymon, qui fut suivi par plusieurs résidences seigneuriales jusqu'au XVIe siècle, époque où le Bouilh devint le siège du fief. La maison noble du Bouilh est attestée dès 1300, Milon du Bouilh rendant hommage en 1304 ; la baronnie passa ensuite entre plusieurs mains, notamment Bertrand de Montferrand, puis fut vendue en 1524 à Clinet de Lannes et transmise au sein des familles Durfort et La Tour du Pin par alliances. Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet, propriétaire au moment de la reconstruction, cumulait de nombreux titres et fut lieutenant-général des armées ; il entreprit la construction avec Victor Louis pour offrir un séjour digne au roi, mais arrêta les travaux lorsqu'il fut nommé ministre pour éviter toute accusation d'emploi des deniers publics. Le domaine resta inachevé mais a été inscrit à l'Inventaire des Monuments Historiques dès 1938 et classé, avec ses dépendances — la tour d'entrée, le château d'eau, la fuie, les chais, le bâtiment des cuviers, la maison de l'Intendant, le parc et les jardins — par arrêté du 17 mars 1943. Sous la Restauration l'héritier vendit la propriété en 1835 à Florentin Hubert de Montfleury ; le domaine passa ensuite à Louis Henri Hubert-Delisle, puis, par mariage en 1864, aux descendants de Noéline Hubert-Delisle et d'Édouard de Feuilhade de Chauvin, qui en sont aujourd'hui propriétaires. Le château se trouve sur le 45e parallèle, à 26 kilomètres de Bordeaux et de Blaye et à 29 kilomètres de Saint-Émilion, et il a servi de décor à plusieurs films, dont La Cousine Bette (1996), Monsieur Léon (2006) et La Maison des Rocheville (2010).