Château du Chambon à Bersac-sur-Rivalier en Haute-Vienne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château du Chambon

  • Le Chambon
  • 87370 Bersac-sur-Rivalier
Château du Chambon
Château du Chambon
Château du Chambon
Crédit photo : Chambon1549 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e moitié XVIe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures du corps de logis ; la cage de l'escalier droit ; l'intérieur de la tour sud-est en totalité ; le sol des parcelles B 581, 586, 587, 588 : inscription par arrêté du 28 novembre 2001

Origine et histoire du Château du Chambon

Le château du Chambon, monument historique privé ouvert à la visite, se situe au lieu-dit Le Chambon, commune de Bersac‑sur‑Rivalier, en Haute‑Vienne, région Nouvelle‑Aquitaine. Sa physionomie actuelle relève principalement du milieu du XVIe siècle, et aucun indice de construction antérieure au XVIe siècle n’a été relevé. Implanté sur un plateau à la porte des Monts du Limousin, dans la vallée de la Gartempe entre le Rivalier et l’Ardour, il est apprécié pour la manière dont il s’intègre au paysage. L’édifice se compose d’un corps de logis prolongé vers l’ouest par un avant‑corps en L ; la façade arrière est flanquée de deux tours circulaires, probablement parmi les éléments les plus anciens. Une échauguette en encorbellement interrompt la façade principale qui donne sur une terrasse fortifiée bordée sur deux côtés par d’anciennes douves asséchées. L’accès à la terrasse se fait par un pont dormant surmonté d’un portail classique daté de 1757 ; un colombier occupe un angle de la terrasse. Une autre tour, aujourd’hui disparue, complétait autrefois les fortifications et une chapelle, située à l’angle sud, n’en laisse subsister qu’une baie proche du portail. La travée de la porte principale est ornée d’un décor de style Renaissance portant la date de 1549 ; elle s’ouvre sur un escalier monumental droit en granit. Le château illustre une résidence neuve aux formes encore proches de la fin du Moyen Âge, dont le décor et les aménagements intérieurs relèvent des innovations de la Renaissance, et il a connu quelques réaménagements au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, notamment la remise au goût du jour d’un salon au rez‑de‑chaussée.

Selon les sources, la construction est attribuée à Balthazar Deaulx au XVIe siècle, mais la présence de la date 1549 sur le portail et l’apport des terres du Chambon par Jeanne Joudrinaud du Vignaud lors de son mariage en 1578 suggèrent des phases antérieures ou concomitantes de construction. La co‑seigneurie avec la famille du Chasteigner (du Breuil), attestée par la présence de François de Chasteigner vers 1550, pourrait expliquer l’existence initiale de deux logis distincts ; la grande tour sud, inscrite dans son intégralité, paraît antérieure au portail et présente des traits proches des tours résidentielles du XVe siècle en Marche. Les armoiries de Deaulx et des du Breuil figurent sur le portail Renaissance et apparaissent aussi dans des éléments de l’église de Bersac.

L’ascendance de Balthazar Deaulx est retracée sur plusieurs générations jusqu’à Guillaume d’Aulx, écuyer en Poitou vers 1434 ; par son union avec Jeanne du Vignaud, il devient seigneur du Chambon et d’autres terres, et la notion de co‑seigneurie disparaît. La famille Deaulx conserve le Chambon jusqu’à la fin du XXe siècle, résidant au XVIIe siècle principalement au Domaine du Noyer et cédant certains biens au fil des générations tout en conservant le Noyer et le Chambon.

En 1715, Marie‑Françoise Deaulx épouse Louis Jean Desmarais ; la famille Desmarais s’installe alors en Limousin et vend des biens parisiens entre 1715 et 1730, opérations qui ont pu financer des travaux ; un procès‑verbal de réparations de 1725 mentionne des réparations importantes. Les Desmarais font réaménager le corps principal du logis au milieu du XVIIIe siècle et posent le portail en pierre du pont dormant daté de 1757, qui porte leurs armes. Pendant la Révolution, Joseph Louis Desmarais, alors propriétaire, émigre le 11 octobre 1791 ; sa sœur Anne‑Renée rachète le château lors de la confiscation de 1792 et, à son décès le 5 octobre 1797, l’abbé Léonard Jérôme Desmarais hérite, sauvant ainsi le château de la destruction. Anne‑Renée et sa mère Jeanne de Sauzet ont par ailleurs abrité durant la Révolution le prêtre réfractaire Pierre‑Grégoire Labiche de Reignefort, qui publiera en 1820 un ouvrage consacré à ces deux femmes. Joseph Louis revient en France après l’amnistie du 15 septembre 1802 et exerce la fonction de juge de paix à Laurière ; le château reste ensuite dans la famille Desmarais, Jérôme Arsène Hippolyte Desmarais devenant notamment maire de Bersac, comme plusieurs de ses descendants.

À la fin du XIXe siècle, Marie‑Alix Desmarais épouse en 1873 Sylvain Marquis de la Celle, vicomte de Châteauclos ; de cette période datent probablement la création de la grande salle à manger et la participation du couple à la rénovation de l’église de Bersac par la réalisation de deux vitraux.

Par arrêté du 28 novembre 2001, les façades et toitures du corps de logis, la cage de l’escalier monumental, l’intérieur de la tour sud‑est en totalité et le sol des parcelles autour du château ont été inscrits sur la liste des inventaires supplémentaires des monuments historiques.

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