Origine et histoire du Château du Champ
Le château du Champ, ancienne maison forte devenue château, se dresse sur un promontoire rocheux enserré par la rivière Altier, sur la commune d'Altier, dans le parc national des Cévennes en Lozère. Implanté à environ deux kilomètres en amont du village, il occupe un éperon dans un méandre presque fermé, au fond d'une vallée aux reliefs rapides et compartimentés par les affluents de l'Altier. La route départementale D901, qui relie Villefort à Mende, domine aujourd'hui le vallon, tandis que l'ancienne route royale passait plus haut sur le plateau et desservait plusieurs villages et hameaux. Le château se situe sur le chemin du GR 68 entre Villefort et Le Bleymard ; le GR 44 passe également à proximité. Si la seigneurie du Champ apparaît dans les actes en 1498, l'origine du château remonte toutefois à la fin du XIIIe siècle. La propriété resta liée à une même lignée pendant plusieurs siècles : elle appartint d'abord à la maison d'Altier, passa aux Borne d'Altier à la suite d'un mariage en 1375, puis aux familles Chapelain, Raguenet de Saint Albin, Gourcy-Récicourt et enfin Varin d'Ainvelle, qui la possède encore. Les principales campagnes de construction et de transformation se déroulèrent à la fin du XVe siècle avec la tour d'angle dite « donjon », au XVIe siècle pour la tour d'escalier et les bâtiments adjacents, tandis que de petites tourelles, correspondant à un agrandissement, sont d'époque plus tardive. L'adjonction de l'aile nord aux XVe-XVIe siècles rattacha le donjon isolé au reste de l'édifice et participa à la formation de la silhouette en fer à cheval ou en U que l'on observe aujourd'hui. Au XVIIIe siècle, des réparations et l'ouverture de grandes fenêtres diminuèrent le caractère défensif du logis ; une nouvelle chapelle fut édifiée au pied du rempart nord et la cour d'honneur fut aménagée par l'ouverture de l'ancien rempart est et la création d'un perron à double révolution. Au XIXe siècle l'entrée fut transférée d'une façade à l'autre, le vestibule actuel et une galerie furent édifiés, les façades furent crépies et une chapelle extérieure ajoutée ; des travaux de restauration furent également menés dans les années 1860 par la famille de Chapelain, qui releva alors les tours et fit disparaître le rempart intérieur. Sous la Révolution le château et ses terres furent saisis, vendus et pillés ; les tours avaient été abaissées à hauteur des toits avant d'être relevées ultérieurement. Le site fut classé en 1942 et ses façades, toitures et parc furent inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 14 avril 1965. En 1981 la création d'une société civile immobilière familiale fut décidée pour financer la restauration et la gestion du patrimoine. D'un point de vue architectural, l'édifice primitif, désigné comme castrum, comprenait deux ailes en équerre flanquées de tours, une enceinte trapézoïdale, des murs de terrasse et un fossé assurant la défense ; le donjon, initialement détaché au nord-est, présente meurtrières, chemin de ronde et mâchicoulis. Avec les transformations successives on retrouve aujourd'hui le corps principal de logis, ses deux ailes en fer à cheval, une échauguette curieuse, des tourelles et six tours ou tourelles dont quatre marquent les angles ; une tour intérieure abrite l'escalier. De l'ensemble défensif originel subsistent les murs de rempart formant la terrasse, deux tours d'angle en ruine — l'une transformée en pigeonnier — le donjon élancé et quelques pierres marquant l'attache de la poterne ; l'ancien fossé n'est plus visible. Le château appartient à une personne privée et ne se visite pas. Le site a servi de lieu de tournage pour le film Saint-Jacques... La Mecque de Coline Serreau.