Origine et histoire du Château du Châtelier
Le château du Châtelier est un ancien château fort dont les vestiges se dressent au hameau du Châtelier, commune de Paulmy (Indre‑et‑Loire), sur une table calcaire circulaire qui émerge du plateau séparant l'Indre et la Creuse, à une dizaine de kilomètres au nord du Grand‑Pressigny. Baronnerie relevant de La Haye, il fut longtemps adversaire de Paulmy : cette seigneurie étant catholique, le Châtelier passa aux mains de François de la Noue, dit « Bras de Fer », chef protestant. Élevé à l'origine au XIIe siècle, le château occupe un promontoire ovoïde entouré de douves en eau ; le donjon résidentiel, construit dans la seconde moitié du XIIe siècle, est éventré mais conserve toute sa hauteur sur quatre niveaux ; l'étage noble conserve une latrine et les vestiges d'une cheminée, tandis que l'escalier en vis est disposé dans un éperon. L'ensemble est entouré d'une enceinte, vraisemblablement contemporaine du donjon, percée d'une tour‑porte carrée accessible par un pont dormant, et flanquée de tours rondes pleines aujourd'hui en ruine. Du côté sud subsiste la partie inférieure d'une tour hémicirculaire ; au nord sont les restes d'une grosse tour circulaire qui était sans doute le donjon primitif. À l'est se situent deux bâtiments de servitude, couverts de croupes au XVIIe siècle. La place a été transformée et agrandie aux XVe, XVIe et XVIIe siècles : au XVe siècle la tour sud prend la forme d'une tour en fer‑à‑cheval d'habitation et de défense et l'enceinte est doublée entre le pont dormant et la tour‑porte par une ligne de fortification pourvues d'archères canonnières et d'un pont‑levier disparu. Dans la seconde moitié du XVe siècle et au début du XVIe siècle, Jacques Vernon, seigneur du Châtelier à partir de 1457, est peut‑être l'auteur du nouveau logis comprenant l'aile nord et le pavillon nord actuels, qui intègrent une tour ronde de l'enceinte. À la fin du XVIe siècle, François de la Noue fait aménager à l'ouest du promontoire une plate‑forme d'artillerie en terrasse, élevée sur des casemates et agrémentée d'une échauguette portée par trois trompes, accessible par un pont‑levier à bascule et défendue par une tour‑porte et des archères « à la française ». Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le logis est agrandi par l'adjonction symétrique d'une aile et d'un pavillon au sud ; on construit aussi la « grange des protestants », peut‑être à l'origine un temple protestant, ainsi qu'une dépendance, et la cour était alors limitée au sud par un bâtiment aujourd'hui disparu. Des jardins et un parc à la française, mentionnés au Terrier, sont plantés au XVIIIe siècle mais ont aujourd'hui disparu. Le dernier seigneur, ruiné, dut vendre le domaine à la fin du XVIIe siècle ; le site fut transformé en ferme de 1794 à 1966. La famille de Voyer de Paulmy d'Argenson a acquis le château en septembre 1750 et y est originaire depuis le XVIIIe siècle. Une importante restauration récente du logis a été entreprise. Les vestiges font l'objet d'une protection partielle aux monuments historiques : les douves ainsi que les façades et toitures de la grange ont été inscrites par arrêté du 5 août 1963, tandis que les vestiges du donjon et l'enceinte du XIIe siècle ainsi que les façades et toitures du grand logis ont été classés par arrêté du 14 décembre 1977 ; l'édifice est aussi recensé à l'Inventaire général du patrimoine culturel.