Origine et histoire du Château du duc d'Épernon
Le château du duc d'Épernon, dit aussi château des Sources, se situe à Fontenay-Trésigny, en Brie, en Seine-et-Marne, à 43 km au sud-est de Paris, sur le Bréon, en face de l’église Saint‑Martin, au cœur de la vieille ville autrefois fortifiée. La seigneurie et le château ont longtemps structuré l’histoire de la ville ; les châtelains étaient seigneurs de Fontenay‑en‑Brie sous l’Ancien Régime. L’édifice est classé aux monuments historiques par arrêté du 7 octobre 1963 pour ses façades, toitures et pour une salle ornée de lambris peints, et son parc figure au pré‑inventaire des jardins remarquables ; les communs, dont le pigeonnier à trois niveaux, ainsi que les sols des cours et les douves sont inscrits par arrêté du 17 octobre 1991. Des lambris peints, aujourd’hui détruits par un incendie, figuraient parmi les éléments signalés.
Le bâti porte la marque de multiples reconstructions successives : un château fort médiéval, mentionné dès le XIIe siècle et établi sur un site stratégique le long d’un chemin de pèlerinage, dominait la vallée et contrôlait un passage où s’exerçait un péage. Après destempéraments et ruines, Charles VI donna les terres à Jean le Mercier qui fit rebâtir un château clos de murs et de fossés autour d’une cour intérieure avec deux ponts‑levis ; le plan rectangulaire cantonné de tours rondes se retrouve encore dans l’édifice actuel. Guillaume Prudhomme entreprit une reconstruction en 1538 et, à la Renaissance, le château et les fortifications de la ville furent remaniés.
Au cours du XVIIe siècle la demeure prit l’allure d’un château de plaisance sous Jean‑Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon : appartements confortables ornés de tapisseries et peintures, rez‑de‑chaussée et salle des gardes recouverts de grands carreaux de terre émaillée. À la même époque, le domaine comprenait des jardins à la française bordant la bâtisse, un canal alimenté par le Bréon avec des bras partant des douves et un parc arboré traversé par de longues allées formant une perspective nord‑sud à travers la ville fortifiée.
Plusieurs familles se succédèrent à la tête du domaine, parmi lesquelles les Prudhomme, les Nogaret, Pierre Aubert de Fontenay puis des propriétaires tels que François Le Tonnelier de Breteuil, le duc de Crillon, Jean‑Baptiste Paulin d’Aguesseau et le duc d’Ayen. Au XIXe siècle, le marquis de Gontaut‑Biron, qui acheta le château en 1837, fit restaurer le logis principal, les corps latéraux et deux tours postérieures, mais fit abattre le corps d’entrée avec ses tourelles, son pont‑levis et les tours d’angle abritant autrefois la chapelle gothique et la prison, afin d’ouvrir la cour d’honneur ; les jardins et l’ancienne ferme furent alors réaménagés en parc d’agrément.
Au fil du XIXe et du début du XXe siècle la propriété connut des séjours illustres et des locations, puis des ventes à des propriétaires industriels, avant d’être délaissée après les années 1950 : objets et œuvres furent transférés, l’édifice largement dépouillé et les appartements parfois utilisés comme entrepôt. Le parc a subi d’importantes dégradations, notamment l’abattage d’arbres centenaires en 1926, et la végétation a peu à peu envahi les abords.
Dans les années récentes, la propriété a fait l’objet de projets immobiliers interrompus par une liquidation judiciaire en 2014, d’achats partiels du parc par la commune et d’initiatives citoyennes pour sa sauvegarde ; la commune a acquis une première portion de parc en 2018 puis s’est portée acquéreuse de parcelles supplémentaires envisagées en 2021 pour constituer un vaste parc municipal. En 2017 les copropriétaires ont refinancé la rénovation des communs et les travaux ont repris, avec des premières livraisons d’appartements en 2019‑2020, tandis que le pigeonnier a fait l’objet d’une restauration. En février 2022 la société Histoire et Patrimoine a acquis le château et annoncé des travaux de consolidation suivis d’une seconde phase visant la création de logements.
Malgré ces actions, l’édifice classé reste en péril et nécessite une intervention urgente pour être préservé ; il est aujourd’hui connu aussi sous le nom de « château des Sources » parmi les amateurs d’urbex. Le radio‑club F8KGD a contribué à la notoriété du site en activant la référence DFCF 77‑068 le 21 mai 2017 pour le faire connaître aux radio‑amateurs.