Origine et histoire du Château du Grand Perron
Le manoir du Grand-Perron, dont les vestiges se trouvent à Pierre-Bénite dans la métropole de Lyon, forme avec le domaine du Longchêne l’essentiel du Centre hospitalier Lyon Sud, séparé de ce dernier par un large vallon. À l’origine, cette ancienne forteresse, située aux confins du royaume de France et du Saint-Empire, participait à la protection de la ville de Lyon. Le premier propriétaire connu est Robert Ruffi, chanoine de Lyon. Du début du XVIe siècle jusqu’en 1521, le domaine appartient à Antoine Besson, chanoine de Saint-Paul ; en 1518 François Ier autorise Claude Besson, son neveu et héritier, à relever ou fortifier la maison, mais Claude, ne pouvant assumer les frais, cherche un repreneur. En 1521, le banquier Guidobaldo Gondi et sa femme Marie-Catherine Pierrevive achètent le domaine et font reconstruire la demeure ; Guidobaldo, originaire de Florence et devenu majordome du roi, se fera appeler Antoine de Gondi, seigneur du Perron, et leur fils Albert de Gondi est parfois qualifié de sieur du Perron. Catherine de Médicis a rendu visite au domaine à plusieurs reprises. En 1555, le château, alors abandonné, est acquis par Albisse d’Elbène, d’origine italienne, puis transmis à son fils Alexandre qui vend le domaine par la suite ; Catherine de Médicis effectue une troisième visite en 1564. En 1582, le fief passe à Antoine Camus, baron de Riverie, puis revient à sa descendance avant d’être cédé par des héritières obligées de vendre. En 1675, Lambert de Pontsaintpierre, issu d’une famille d’origine italienne, acquiert la propriété ; il la transmettra ensuite au sein de sa famille, qui la revend finalement aux administrateurs de l’Aumônerie de la Charité pour 110 000 livres. Jean Pierre Giraud, qui avait prêté les sommes nécessaires à l’achat, fait de cette administration son héritière universelle. À la Révolution, le château, déjà dégradé, devient une maison de secours et un refuge pour orphelins. Au XXe siècle, les bâtiments ont accueilli des personnes déplacées et des réfugiés hongrois en 1956, puis ont servi en 1957 à hospitaliser des malades lors d’une épidémie de grippe asiatique ; le domaine fait aujourd’hui partie du Centre hospitalier Lyon Sud. Les armoiries associées aux familles qui se sont succédé sont: pour Ruffi, d’argent à trois pals de gueules et une bande d’azur chargée de trois besants d’or; pour Gondi, d’or à deux masses d’armes de sable passées en sautoir et liées de gueules; pour Elbène, d’azur à deux fleurs de lys d’argent passées en sautoir avec la devise « El piu fidele »; pour Camus de Riverie, d’or à trois croissants d’argent et une étoile d’or en abîme; pour Pontsaintpierre, d’azur à deux colonnes d’argent avec chapiteau, base et socle d’or. Reconstitués au début du XVIe siècle, les bâtiments forment un U dont l’aile occidentale est flanquée de deux pavillons carrés; l’ensemble comporte un rez-de-chaussée et deux étages. La façade nord du corps central présente un portique de l’ordre corinthien ouvrant sur la cour d’honneur, en avant du grand escalier : il se compose de quatre grandes baies en plein cintre avec pieds-droits et colonnes engagées au tiers de leur diamètre. Les ouvertures du rez-de-chaussée avaient été murées et l’aile orientale a été abattue pour des raisons de sécurité; les façades ont été restaurées et des logements y ont été aménagés. L’escalier à retour et l’ancienne galerie sont librement accessibles; l’intérieur comportait une cheminée monumentale à deux colonnes doriques supportant un manteau orné et portant les armes des Gondi, la hotte en pierre de taille s’élevant jusqu’au plafond, cet ensemble ayant été déplacé. La chapelle du XVIe siècle a été détruite et remplacée par un édifice plus récent. Le château n’est pas ouvert à la visite. La façade Renaissance et la toiture du bâtiment central sont classées au titre des monuments historiques, et les restes des façades et des toitures en retour d’équerre ainsi que le grand escalier du corps central font l’objet d’une inscription depuis la même date ; parmi les éléments désignés figurent le pavillon sud‑ouest, l’aile occidentale et l’angle sud‑ouest. Les principales sources documentaires citées incluent des dictionnaires et recueils consacrés à la noblesse et à l’histoire, ainsi que des mémoires et lettres missives rassemblés par des sociétés et auteurs spécialisés.