Origine et histoire du Château du Grand-Pressigny
Le château du Grand-Pressigny domine la vallée de la Claise, en amont du village du même nom, à environ 60 km au sud de Tours, dans le département d'Indre-et-Loire. Il se compose d'éléments d'époques diverses : un donjon quadrangulaire partiellement effondré du XIIe siècle, une vaste enceinte en grande partie du XIIIe siècle, une portion du logis Renaissance (la galerie) édifiée vers 1560 et la tour Vironne. Le premier seigneur connu, Guillaume Ier de Pressigny et de Sainte-Maure, est vraisemblablement le commanditaire du premier château de pierre. Appartenant à la première campagne de construction (1190), le donjon de plan carré comportait un rez-de-chaussée et quatre étages planchéiés, desservis par un escalier en vis étroit ; à la fin du XIVe siècle il fut sommé d'une couronne de mâchicoulis. Des campagnes successives d'aménagement isolèrent et complétèrent la fortification : construction d'un avant-corps au sud, élargissement des tours proches et, vers 1200, édification d'une vaste enceinte oblongue flanquée de tours, d'une tour-porte raccordée à la chemise du donjon et de deux tours polygonales au sud. Au XVe siècle, la famille Chabot fit élargir les fossés, ériger la barbacane et renforcer les défenses ; vers 1450 Bertrand de Beauvau érigea un nouveau logis, réaménagea et agrandit la tour maîtresse, aménagea le baile médiéval en terrasse et transforma les salles hautes des tours en pièces d'habitation. Vers 1560 Honorat de Savoie-Villars fit élever un logis avec une galerie, divisant l'espace clos de l'enceinte du XIIIe siècle d'est en ouest ; sa fille Henrye est attribuée de la construction du pont dormant vers 1600 et du nymphée vers 1620. Le marquis de Villars aménagea un parc clos de murs de plus de trente hectares, dont il subsiste peu de traces topographiques, hormis la fontaine des Ferrus et le nymphée Renaissance aujourd'hui dissimulé dans un petit bosquet. Ce petit édifice du début du XVIIe siècle, soigneusement appareillé à joints presque vifs et orné de bossages rustiques, est l'un des plus anciens témoignages d'architecture d'eau et de jardin : sa façade curviligne, composée en arc de triomphe, porte des cartouches aux initiales des Savoie-Villars, et l'intérieur comporte sept niches ornées de coquilles séparées par des pilastres qui supportent une coupole nervurée à huit pans. Dès le XVIIe siècle, ventes et partages en héritage transformèrent le château en carrière de pierre ; le donjon fut acquis par la commune en 1856 et la galerie ainsi que les vestiges par le conseil général d'Indre-et-Loire. Des transformations furent ensuite réalisées et, en 1955, la galerie Renaissance accueillit le musée départemental de Préhistoire du Grand-Pressigny ; un bâtiment contemporain dessiné par l'architecte Bernd Hoge a complété le site en 2009. Le musée rassemble des collections couvrant la préhistoire locale depuis le Paléolithique moyen, soit environ 100 000 ans avant notre ère, jusqu'à l'âge du bronze, mentionné dans les collections entre 1 400 et 1 800 ans avant notre ère, et met particulièrement en valeur l'industrie lithique locale : de nombreuses pièces en silex, abondant dans les environs, témoignent d'ateliers de taille du Néolithique et d'une longue tradition d'exploitation du silex. Le château, construit sur un éperon rocheux, oppose nettement le massif roman du donjon au logis Renaissance qui occupe le centre de la forteresse. Sur le plan patrimonial, il a bénéficié de protections successives : classement en 1886 pour des restes du château, classement en 1907 pour le pavillon du puits, inscription en 1927 pour l'entrée de la grotte sculptée, classement en 1938 pour le donjon et protection du nymphée en 1998. Le donjon a partiellement subi un effondrement en 1988, lorsque les pans nord-ouest et sud-est se sont effondrés.