Château du Hâ à Bordeaux en Gironde

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château du Hâ

  • Cours d'Albret
  • 33000 Bordeaux
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
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Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Château du Hâ
Crédit photo : Olivier Aumage - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat ; propriété du département

Période

3e quart XVe siècle

Patrimoine classé

Les deux tours (ronde et en fer à cheval) (cad. N 392, 394) : inscription par arrêté du 12 avril 1965

Origine et histoire du Château du Hâ

Après la reprise définitive de Bordeaux aux Anglais en 1453, Charles VII ordonne la construction, aux deux extrémités de la ville, de deux châteaux fortifiés : la Trompette et le Far, devenu plus tard le Hâ. La première pierre du château du Hâ est posée le 24 janvier 1456 et l’édifice sert d’abord à loger une partie de la garnison royale ; les murs de la tour des Minimes présentent une épaisseur défensive importante. L’attribution de la maîtrise d’œuvre a fait l’objet de débats : Jean des Vignes est souvent cité comme architecte, mais certaines similitudes architecturales ont fait évoquer Mathieu de Fortune, tandis que les frères Bureau assurent la surveillance des travaux, secondés par une commission de confiance. Pour s’être ralliée aux Anglais, la ville de Bordeaux participe au financement des constructions. Au fil du temps, le château connaît des usages variés : résidence du duc de Guyenne Charles de Valois dans les années 1470, siège d’une cour brillante jusqu’à son décès, puis lieu de conflits et d’épisodes violents, comme la prise du fort en 1548 lors des troubles de la gabelle et la répression organisée par le connétable de Montmorency. Sous les Guerres de religion, le Hâ sert de refuge en octobre 1572, est pris en 1593 par le maréchal de Matignon, et fait l’objet d’ordres de démolition en 1604 qu’Henri IV suspend par lettres patentes le même année. Durant le règne de Louis XIV, le château participe à la défense de la ville en 1650, fait l’objet de réparations en 1654 et reçoit des propositions d’aménagement de Vauban en 1680. Au XVIIIe siècle, une prison civile y est installée, l’empereur Joseph II visite la ville en 1777, et Louis XVI ordonne en 1785 la démolition de la Trompette et la construction de casernes au Hâ ; les plans de Victor Louis, acceptés en 1788, ne seront pas exécutés en raison de la Révolution. Dès 1790, la tour des Anglais est cédée à la ville et, malgré un décret de 1791 prévoyant la suppression et la vente du fort, le Hâ demeure à la disposition du département pour aménager des prisons. Pendant la Terreur il devient prison d’État : une grande partie des détenus y attendent leur jugement par la Commission militaire de Gironde siégeant dans l’ancienne chapelle des Minimes, et son président, Jean-Baptiste Lacombe, sera lui-même emprisonné puis exécuté après la chute de Robespierre. De très nombreux prisonniers y sont incarcérés, parmi lesquels des journalistes, des élus locaux, des avocats, des personnalités comme Thérèse Cabarrus et l’architecte Pierre-Jean-Baptiste Thiac, certains étant jugés, acquittés ou condamnés. Au XIXe siècle, le fort est démantelé pour laisser place à un nouveau palais de justice et à une prison moderne : les travaux de démolition commencent en 1835 et aboutissent à la conservation seulement des deux tours encore visibles aujourd’hui ; les bâtiments neufs, dessinés par Joseph-Adolphe Thiac et inaugurés en 1846, intègrent une prison inspirée du régime pénitentiaire dit « pennsylvanien ». Entre 1918 et 1960, les exécutions capitales bordelaises ont lieu dans la cour commune du Hâ et du palais de justice voisin, avec des séances publiques avant 1939 et un accès plus fermé ensuite. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’occupant allemand utilise le fort comme prison politique ; y sont détenus des opposants et résistants — dont Édouard Daladier, Georges Mandel, le prince Louis Napoléon Bonaparte, Renée Darriet et Andrée De Jongh — ainsi que de nombreux résistants et Juifs avant leur déportation, situation commémorée par une plaque et par un monument de granit érigé en 1985 adossé à la tour des Minimes, qui abrite des cendres recueillies dans les camps. Après la guerre, le Hâ reprend sa fonction de prison départementale ; parmi les derniers procès et détenus célèbres figurent Marie Besnard, « les 16 de Basse-Pointe » et le parricide René Pons, dernier condamné à mort exécuté dans la cour en 1960. Les détenus sont transférés vers la maison d’arrêt de Gradignan en juin 1967 et les travaux de démolition de l’ensemble démarrent à la fin de 1969. L’École nationale de la magistrature est construite sur l’îlot et inaugurée en décembre 1972 ; son périmètre intègre les deux tours inscrites aux monuments historiques, la tour des Minimes devenant une salle de conférences. Le Tribunal judiciaire actuel, mis en service en 1998, complète l’îlot judiciaire. Du fort du Hâ subsistent aujourd’hui seulement deux tours — la tour des Minimes, dite aussi tour des poudres, et la tour des Anglais, appelée aussi tour du Peugue ou tour des Sorcières — entourées des bâtiments modernes abritant le palais de justice et l’École nationale de la magistrature.

Liens externes