Période
2e moitié XIIIe siècle, XVIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Le château sur l'assiette historique de son terrain en totalité, dont les éléments suivants : le donjon avec les tours Landsberg et de la glacière, son rempart, y compris les substructions et les murs arasés ainsi que tous les éléments lapidaires remployés y compris la colonne torse armoriée et la vasque conchoïdale entre donjon et grand logis seigneurial ; le tertre situé dans le parc au nord-est du donjon ; le grand logis y compris ses parties intérieurs ; l'ancien logis seigneurial dont la tour des Cigognes avec son escalier et son avant-corps et le bâtiment à pignons à redents adossé y compris la porte métallique Renaissance du premier niveau de la tour et tous les éléments lapidaires remployés ; la fontaine circulaire et le puits situés dans la cour ; les bâtiment des communs ; la chapelle funéraire à l'extrémité nord-est du domaine en totalité ; la clôture du domaine et son portail néo-gothique y compris le ponceau et les fragments de rempart subsistant sur le périmètre du domaine (cad. 01 84, 85, 87 à 92, 150, 94, 93, 186 188, 190, 192, 194, 196, 158) : inscription par arrêté du 30 janvier 2008
Origine et histoire du Château du Landsberg
Le château du Landsberg, situé sur la commune de Heiligenstein dans le Bas-Rhin, s'élève sur un contrefort granitique à 580 m d'altitude, en contrebas du Mont Sainte-Odile et du Mur païen. Le terrain avait appartenu à l'abbaye de Niedersmunster avant que Conrad de Vienhege, chevalier, n'y fasse édifier le château entre 1197 et 1200 et n'en prenne le nom. Une charte de 1200, signée notamment par Otton de Bourgogne, atteste de l'existence du domaine et de ses dépendances, parmi lesquelles une carrière de pierre et une fosse à calcaire. Vers 1235, le site est agrandi au nord-ouest par un nouveau château doté d'une courtine flanquée de deux tours circulaires, de deux logis et d'une vaste basse-cour. Conçu pour contribuer à la défense des abbayes de Hohenbourg (Mont Sainte-Odile), Niedermunster, Truttenhausen et Andlau, le Landsberg se compose de deux châteaux séparés par un fossé : le château dit "vieux" et le château dit "neuf". Le château vieux comprend un donjon quadrangulaire protégeant un palais, tandis que le château neuf, de plan carré, comporte trois courtines, deux tours rondes d'angle percées d'archères et deux logis. Vers la fin du troisième quart du XVe siècle, le complexe délabré est remanié, étendu vers le sud-est et adapté à l'usage des armes à feu, ce qui entraîne l'unification des deux ensembles. Sur la façade est du palais du vieux château, un oriel daté du XIIe siècle abrite le chœur de la chapelle castrale et présente une ouverture cruciforme ; ce chœur était décoré de peintures murales, dont un Christ bénissant entouré d'anges protégeant symboliquement l'entrée. Le château appartient à la famille de Turckheim depuis 1808 et fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis octobre 1965.
Le Landsberg a fait l'objet de travaux, de fouilles et de consolidations du XIXe au XXIe siècle. Entre 1859 et 1869, la société pour la conservation des Monuments Historiques et la famille de Turckheim mènent des travaux de restauration et dressent des plans du château ; un mur de consolidation réalisé alors s'écroule en 1979. L'accès au donjon principal, restauré pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque le donjon sert de poste d'observation, s'écroule en 1968. Vers 1970, une campagne de dégagement est conduite sans consolidation par des militaires du 12e R.A.B. Des travaux de consolidation et trois campagnes de fouilles sont menés entre 1979 et 1981 sous la direction de M. D. Gaymard, architecte en chef des monuments historiques, permettant d'analyser des détails d'architecture et de préciser le plan et l'évolution des bâtiments ; les plans et dessins issus des fouilles de 1981 rendent compte des différentes parties du château et de leurs remaniements. Trois campagnes de fouilles et de consolidation sont ensuite conduites par Guy Bronner entre 1986 et 1988, puis en 2008. En 2020 est créée l'association Les Amis du Landsberg pour participer à la sauvegarde du site, et en 2022 l'architecte du patrimoine de la Collectivité européenne d’Alsace, Mathias Heissler, conduit avec cette association un chantier collaboratif d'une dizaine de journées qui permet notamment la restauration d'une cheminée du XIIIe siècle dans la partie du château-neuf.
Aux abords du château pousse chaque année, entre janvier et mars, l'éranthe d'hiver (Eranthis hyemalis), appelée Schlosselblum en alsacien et parfois Herradsblemele. Signalée aux environs du Landsberg par le docteur Théodore Boeckel en 1823 et décrite comme rare dans les Vosges par Frédéric Kirschleger en 1831, cette plante méditerranéenne forme un tapis floral au pied des ruines. Qualifiée de subspontanée, elle se reproduit à proximité de son lieu d'introduction ; elle est toxique et affecte le cœur, l'appareil digestif et l'appareil respiratoire. Une légende locale raconte qu'un chevalier revenu de croisade l'aurait rapportée de Terre Sainte pour l'offrir à sa bien-aimée, mais la plante ne pousse pas en Orient ; elle provient des montagnes méditerranéennes du centre et du nord de l'Italie et aurait pu être introduite, peut-être pour un usage médicinal, le rhizome broyé ayant été employé pour soigner les ulcères des naseaux des ânes et des chevaux. En Alsace, l'éranthe d'hiver existe à l'état sauvage principalement au pied des ruines du Landsberg, tandis que d'autres sujets ont été introduits dans des parcs, des jardins privés, au Jardin botanique de l'Université de Strasbourg et dans le parc de l'abbaye de Truttenhausen.