Origine et histoire du Château du Marais
Le château du Marais, inscrit au titre des monuments historiques le 14 mai 1927, se situe dans le Val de Loire, sur la commune de Gimouille, à 8 km de Nevers dans la Nièvre ; il occupe un îlot entouré de douves encore visibles. La seigneurie a porté successivement les noms de Marisium (1335), Maraitz (siècle suivant), Maretz (1529) et Marais‑les‑Nevers (1665). Le premier seigneur connu est Jehan de Boisgibault, actif à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, qui fut armé chevalier vers 1400. Le 23 février 1423, des membres de la famille Du Port réclamèrent l'héritage de Marguerite « Pioce », veuve de Jehan de Boisgibault, faute d'enfant survivant ; le fief fut saisi par la comtesse de Nevers. Le château passa ensuite aux Le Tort, la prise se situant au 4 juillet 1424, et la famille y joua un rôle administratif, Guillaume ayant été receveur des tailles et aides du Nivernais dès 1410 ; Jehanne Fouraude, veuve de Droin Le Tort, est signalée dame du Marais en 1424. En 1448, Dreux Le Tort reçut procuration du comte de Nevers pour son contrat de mariage avec Marie d'Albret et exerça la charge de maître des comptes. En 1605, Henry Bolacre acquit la seigneurie pour 25 000 livres. Au XVIIe siècle, le domaine passa aux Conrade, originaires d'Italie et introduits par le duc de Gonzague pour développer l'art de la faïence ; Augustin, potier d'Abissola, et ses frères Baptiste et Dominique contribuèrent à la réputation de Nevers. En 1691, Gabrielle Conrade apporta le Marais en dot à Henri Bolacre ; la famille conserva le fief jusqu'en 1722, date à laquelle il échut aux Dupin. Durant le XVIIIe siècle il fut successivement tenu par les familles Chéry et La Rochefoucault‑Cousage ; par mariage en 1811 il entra dans la famille de Montrichard et resta dans cette lignée jusqu'en 2000, avant de devenir la propriété des Graillot.
Édifié au XIVe siècle sur l'emplacement d'une maison fortifiée dominant les marais, le château dut être renforcé après l'expérience de la guerre de Cent Ans : en 1470 Jean Le Tort obtint de Jean de Clamecy, comte de Nevers, l'autorisation d'y établir un pont‑levis et des moyens de garde afin d'assurer un appui au point de confluence de la Loire et de l'Allier. Hormis quelques remaniements au XVIe siècle et la reconstruction d'une partie détruite en 1888, l'essentiel des structures des XIVe et XVIe siècles est encore lisible. La façade nord, sur la Loire, est flanquée de deux tours rondes aux angles extérieurs, percées de longues meurtrières et reliées par un corps de logis édifié sur l'emplacement d'une ancienne courtine ; ces tours datent de la construction médiévale. La façade sud présente un haut pavillon rectangulaire sous lequel s'ouvre l'entrée, encadrée par un puissant donjon carré en saillie, attribué à l'époque de Jean Le Tort. L'accès se fait aujourd'hui par un pont dormant qui a remplacé l'ancien pont‑levis ; les rainures de logement du pont‑levis sont encore visibles et un assommoir subsiste sous la voûte du portail. Le donjon qui flanque le portail conserve des canonnières, bien que ses murs aient ensuite été percés de fenêtres ; à l'intérieur, une porte en fer décorée fermait la salle des archives. À l'angle est de la cour intérieure, une tourelle carrée en demi‑hors‑d'œuvre abrite un escalier en vis desservant les étages. Le rez‑de‑chaussée comprend une chapelle ouvrant sur la cour, portant l'inscription de sa consécration et bénie en 1517 par Messire de la Platière, évêque de Nevers ; l'écusson au‑dessus de la porte a été mutilé pendant la Révolution. L'intérieur de la chapelle offre une voûte à nervures prismatiques dont la clé et les culots sont ornés d'écussons ; on y remarque une crédence décorée de fleurs de lys, une fenêtre ogivale à meneaux prismatiques et les traces d'une litre funéraire. Le côté ouest et la galerie ont été reconstitués dans les années 1970 à partir d'éléments provenant de l'ancien château de l'Éperon ; on y distingue une tour hexagonale avec escalier en vis et de belles fenêtres moulurées du XVIe siècle. Dans les dépendances se trouvent une petite maison du XVe siècle et un colombier du XVIe siècle, dont la porte est surmontée d'un arc en accolade et ornée d'un écusson.