Origine et histoire
Le château du Pailly, situé sur la commune du Pailly à 13 km de Langres (Haute-Marne), est considéré comme l’un des plus prestigieux exemples d’architecture Renaissance en Champagne-Ardenne et est classé monument historique. Édifié entre 1563 et 1573 pour Gaspard de Saulx-Tavannes, maréchal de France et compagnon d’armes de François Ier, il fut réalisé avec la collaboration de l’architecte langrois Nicolas Ribonnier. Le site reprend l’emprise d’un ancien château de plaine attesté dès le XIIIe siècle et réorganisé comme place forte à la fin du XVe siècle par Jean de Dommarien ; de cette phase médiévale subsiste principalement un massif donjon de plan barlong. Le bâtiment Renaissance s’articule autour d’un quadrilatère irrégulier flanqué à ses angles de tours rondes et bordé de douves en eau, formant une cour d’honneur entourée de corps de logis. Les élévations et le grand escalier témoignent de la maîtrise des ordres classiques : la superposition architecturale associe des colonnes ioniques au niveau du premier étage et un décor faisant également appel au corinthien, la façade occidentale étant rythmée par des pilastres ioniques. L’architecture du Pailly se rapproche de celle du château de Sully, que le maréchal de Saulx-Tavannes contribua à rebâtir.
Après avoir appartenu à la famille de Saulx-Tavannes, le château connut des changements de propriétaires et des épisodes de dégradation : acquis au XVIIIe siècle par une famille franc-comtoise, il fut envahi et pillé en 1793 puis confisqué et vendu à la fin du siècle. Restauré sous la Restauration par la famille du Breuil de Saint-Germain, qui procéda à des réparations de la tourelle, de la chapelle, des cheminées, du bas-relief et de la lucarne du pavillon de l’escalier, il reçut aussi un jardin à la française réaménagé à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. La propriété fut cédée en 1936 aux Mutuelles agricoles de l’Est (caisse de réassurance agricole) et accueillit une Kommandantur pendant la Seconde Guerre mondiale. Classé monument historique par arrêté du 27 juillet 1921, le château appartient à l’État depuis son transfert officiel en 1963.
Le parc et les jardins complètent le site : une allée de tilleuls organisée en « marquise » conduit vers une perspective centrale qui s’achève sur une chambre de verdure offrant la vue sur la façade sud‑est ; la parcelle boisée renferme des arbres remarquables, tels que le noyer noir d’Amérique, le catalpa et le marronnier rose, et le jardin conserve des pièces d’eau notables.