Origine et histoire du Château du petit Monthairon
Le domaine du Petit Monthairon comprend un château élevé entre 1857 et 1859, des dépendances et un parc d’environ 14 hectares planté d’essences variées. Le château a été construit par Charles-Henri de la Cour sur l’emplacement de la résidence seigneuriale antérieure que la famille possédait depuis 1685, par dotation lors du mariage de Marie Nicolas avec Henry de la Cour. La famille de la Cour, originaire de Bourgogne, conta une branche établie en Lorraine dès 1477. Elle donna notamment le général Nicolas de la Cour et le religieux réformateur Dom Didier de la Cour. Dom Didier, né en 1550 à Montzéville, entra à 17 ans à l’abbaye de Sainte‑Vanne à Verdun, fit des études à l’université de Pont‑à‑Mousson, exerça comme prieur claustral et appliqua strictement la règle bénédictine à partir de 1600 ; il mourut à 73 ans, fut béatifié, et son corps fut transféré en 1811 dans la chapelle familiale attenante au château. À l’origine, le domaine s’étendait sur 225 hectares de terres et prés avec deux fermes ; la famille possédait en outre 195 hectares de forêt et 17 hectares de parc longeant la rive gauche de la Meuse, les trois autres côtés étant clos par des murs d’environ deux mètres. En 1902, le château et le parc furent vendus au baron de Chadenet, puis les 195 hectares de forêt furent cédés quelques années plus tard aux frères Nathan, d’où le nom des Bois Nathan. Le château fut réquisitionné le 25 juin 1915 pour y installer un hôpital d’évacuation affecté exclusivement aux troupes américaines ; il accueillit notamment l’ambulance 3/67, la section d’hospitalisation 3/6 et l’ambulance chirurgicale n°13, et fonctionna pendant toute la Première Guerre mondiale. Le compositeur Maurice Ravel y fut affecté une huitaine de jours à la mi‑avril 1916. Durant la Seconde Guerre mondiale, le château fut occupé par les troupes allemandes. La famille Thouvenin acheta le domaine en 1985 et, depuis 1989, y a développé une hostellerie de charme et de caractère. Le 15 avril 2016, une commémoration organisée par l’association Meuse 14‑18 et l’association des Amis de Maurice Ravel a réuni concert, exposition et apposition d’une plaque pour le centenaire du passage de Ravel comme soldat à Verdun. La nuit du 5 au 6 novembre 2018, le président de la République séjourna au château à l’occasion des commémorations du centenaire de l’armistice de 1918. Le décor du château et des dépendances, datés de 1857, est néo‑classique de type Restauration et l’édifice réutilise les fondations de l’ancienne demeure. Une grille monumentale et une porte finement ouvragée, surmontée d’une couronne comtale, marquent l’entrée ; l’ensemble constitue une copie intéressante du château d’Azay‑le‑Rideau due à l’architecte Demoget. Dans le parc se trouvent une chapelle du XVIe siècle, transformée en ermitage à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, ainsi que plusieurs fabriques de jardin du XIXe siècle. Des documents désignent cette chapelle comme « Chapelle de la Tour » et la situent près d’une construction appelée « Tour de Monthairons », parfois présentée comme tour féodale ou petite forteresse, attribuée au comte de Fontenoy ; elle était encore habitée par un fermier en 1774 avant de disparaître des archives à la Révolution. Sur le plan cadastral de 1835, le lieu‑dit à l’ouest de la route est indiqué « Devant La Tour ». Les façades et les toitures du château, y compris la terrasse et la balustrade donnant sur le parc, ainsi que la grille flanquée des deux tours‑pigeonniers de la cour, ont été inscrites aux monuments historiques par arrêté du 20 septembre 1996 ; le parc, l’ermitage, la chapelle et les fabriques de jardin du XIXe siècle font également partie de cette inscription. Un large méandre de la Meuse borde la propriété à l’est ; la présence d’une « Morte Meuse » et d’une prairie dite « Vieille rivière » évoque un tracé ancien du fleuve, sans qu’un document n’atteste formellement une déviation volontaire. Un récit de l’abbaye de Saint‑Vanne rapporte que de grands travaux furent entrepris au XIe siècle sous l’évêque Thierry pour régulariser le cours de la Meuse entre Troyon et Dieue, par la construction de barrages et de moulins, entraînant la fermeture de la branche passant par Ambly. Au centre du parc, une large allée donnait une vue sur l’église de Monthairons, permettant d’apercevoir l’horloge du clocher à l’aide d’une lunette. Enfin, sur les plus hauts arbres subsiste une héronnière encore très peuplée, dont les oiseaux reviennent chaque printemps. La toponymie locale associe parfois le nom du village et du domaine à la légende du « Mont des Hérons », mais l’étymologie peut aussi provenir de « Mont Aride » et d’anciennes formes latines et médiévales attestées entre 1306 et 1700 ; en patois local, le nom était rendu M’haron.