Origine et histoire du Château du Prince Noir
Le château dit du Prince Noir, ou château de Brama, se trouve à Talence (Gironde). Selon trois historiens locaux, il aurait été commandité par Édouard III et élevé vers 1355 sous la forme d'un pavillon de chasse appelé « brana » ou « brama », fréquenté par le fils d’Édouard III et ses invités lors de parties de chasse. Le premier édifice remonterait peut‑être au XIVe siècle ; il fut démoli à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle pour permettre l’érection d’un nouveau château. Le bâtiment est, le mur sud et les deux tiers du bâtiment ouest datent de cette campagne de construction. Entre la fin du XVIe et le début du XVIIIe siècle, des transformations lui donnent son aspect actuel : le rez‑de‑chaussée du bâtiment est est cloisonné, l’accès au premier étage du logis ouest est remanié, la toiture de ce même logis est rabaissée, l’aile est prolongée vers le nord et ornée de décors peints, et le mur nord ainsi que la galerie de liaison prennent leur configuration actuelle. Le château fait l’objet de restaurations au XIXe siècle et reçoit des peintures murales en 1877.
Au cours de son histoire, le domaine passe de la famille d’Angleterre au XVe siècle à la famille Roustaing ; Arnaud de Roustaing, seigneur de Brama, fait alors édifier l’édifice actuel en lieu et place de l’ancien pavillon. Durant la Fronde, il est occupé par les troupes de Charles de La Porte. Au XVIIIe siècle, la propriété appartient à la famille Bruno ou Bruneau jusqu’en 1819, et figure sous le nom de « Château Bruno » sur le plan cadastral de Talence. De 1819 à 1862, le domaine devient une fabrique de toiles cirées, période pendant laquelle l’allée reliant le château à l’église est supprimée. Racheté ensuite par la famille Clavé, il fait l’objet de nombreuses modifications intérieures, dont les peintures murales de 1877. Le bâtiment est successivement transformé en hospice pour vieillards, puis retrouve une vocation industrielle ; en 1939 l’entreprise Dassault établit une usine à proximité et intègre le château au site. Cédé à la Société auxiliaire du meuble en 1978, il est inscrit aux Monuments historiques par arrêté le 21 décembre 1984. Aujourd’hui, il appartient à une société privée et a été converti en logements.
Le château présente un plan en quadrilatère réalisé en moellons et pierre de taille, composé de deux corps de logis rectangulaires et parallèles, orientés est‑ouest. Ils sont reliés au nord par un mur surmonté d’une galerie de liaison couverte de tuiles creuses et, au sud, par une autre galerie accessible depuis la cour par un escalier de pierre. Les façades sont percées de baies, dont plusieurs à meneaux ; l’aile est est flanquée, côté cour, d’une tourelle en encorbellement coiffée d’un toit conique et d’une flèche portant le léopard britannique. Le logis ouest ne comporte qu’un étage, tandis que l’aile est en compte deux, dont un étage en comble sous toiture à pignon. La galerie sud présente un ornement extérieur, une porte à arc bombé agrémentée d’un mascaron en forme de tête de faune ; l’accès principal est une porte en retrait bordée de moulures et de deux colonnettes, et l’entablement comporte des motifs trilobés dans les arcs en ogive.
À l’intérieur, le logis ouest conserve, au premier étage, des poutres peintes du XVIIe siècle et d’autres traces de décor polychrome. Au rez‑de‑chaussée subsistent des peintures à motif de rosette et des moulures de plafond ; plusieurs cheminées présentent des décors : une cheminée ovale porte le monogramme de la maison, une autre est ornée d’une rosette dorée. On observe des traces d’ornementation florale sur des poutres et des encadrements de fenêtres. Dans l’aile est, une frise de léopards peinte court en haut des murs ; on y trouve également des fonds bleu piquetés de palmettes et un pilier à baldaquin portant deux écus accompagnés d’une devise et surmontés d’une couronne comtale.