Origine et histoire du Château du Quesney
Le château du Quesney, dit aussi vieux château des comtes de Meulan, est un ancien château fort dont les vestiges s'élèvent sur la rive gauche de la Seine, à 1,3 km au sud de l'église Saint-Martin de Vatteville-la-Rue et en aval de Rouen. À l'origine un donjon en bois sur motte, il aurait été donné par Guillaume le Conquérant à Robert de Beaumont et à sa famille, ce qui rattache le site à la dynastie des Beaumont‑Meulan. Après une destruction liée au siège de 1123–1124, le château fut reconstruit au début du XIIe siècle, avec un donjon polygonal édifié sur la motte et un logis seigneurial dans la basse‑cour. Une charte antérieure à Pâques 1154 mentionne, devant la porte du château, l'édification d'une chapelle dédiée à la Vierge Marie. Le domaine resta dans la famille des Beaumont‑Meulan jusqu'au XIIIe siècle, puis Jean sans Terre occupa Vatteville et fit reconstruire des bâtiments seigneuriaux vers 1195. Lors de la conquête de la Normandie par Philippe Auguste, Vatteville fut réuni au domaine royal et le château fut confié à divers gouverneurs et capitaines dont les noms apparaissent ponctuellement dans les chartes et la comptabilité royale. Des documents font ainsi mention d'Erchembauld comme gouverneur confirmé en 1232, de successeurs tels que Nicolas et, sous Charles V, de Réginald Dequestot, ainsi que de capitaines attestés aux XIVe siècle. Des mandements royaux et des comptes montrent que des réparations furent ordonnées et payées, notamment pour le pont‑levis, et que des visites d'inspection et des recommandations de garde eurent lieu à la fin du XIVe siècle. Durant la guerre de Cent Ans, la forteresse perdit progressivement sa vocation militaire par démilitarisation ou destruction partielle, sans pour autant cesser d'être entretenue et visitée. Les vestiges visibles aujourd'hui comprennent une motte entourée d'un fossé, une basse‑cour aménagée sur une plate‑forme en contrebas et le contour d'un shell‑keep correspondant au donjon polygonal. À la base d'un mur orienté à l'est a été repéré un appareil en arête‑de‑poisson. Les fouilles menées de 1994 à 1998 par Anne‑Marie Flambard Héricher ont permis de restituer le plan et l'usage des bâtiments avant et après la destruction du XIIe siècle, révélant un logis sur deux niveaux avec aula, chambre, cuisine et réserves, des bâtiments de service tels que forge et sellerie, ainsi qu'un port voisin. Ces campagnes ont également mis au jour du mobilier archéologique — céramique, objets métalliques et restes osseux — et précisé l'organisation des espaces de la basse‑cour et de son environnement. La chapelle, desservie par un abbé, se situait probablement dans la basse‑cour ou devant sa porte ; son usage est attesté de façon continue par les pouillés et des mentions documentaires aux XIIIe, XVe et XVIe siècles. Les ruines du château — motte, basse‑cour et fossés adjacents — font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 4 avril 1996.