Château du Repas à Chênedouit dans l'Orne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de style Louis XIII

Château du Repas

  • 48 Le Repas
  • 61210 Putanges-le-Lac
Crédit photo : Milka-berger - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIe siècle, XXe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures ; douves (y compris le pont-levis) ; perspectives (cad. E 34, 83, 85 à 89, 146, 147, 155) : inscription par arrêté du 30 octobre 1967

Origine et histoire du Château du Repas

Le château du Repas, situé sur la commune de Chênedouit dans l'Orne (Normandie), est une demeure du tout début du XVIIe siècle partiellement inscrite aux monuments historiques. Il a été édifié sur les fondations d'un manoir fortifié du XVe siècle dont la tour ronde d'escalier subsiste au centre de la façade arrière. Le site était occupé dès la préhistoire, comme l'attestent un menhir voisin et une hache de pierre découverte par le baron de Cheux. Implanté près de l'ancien grand chemin de Falaise à Domfront, le château bénéficiait d'une position de communication utile pour la région. Le toponyme « Repas » apparaît à partir du XIIe siècle et réapparaît dans des pouillés du diocèse de Séez au XIVe siècle sous des formes latinisées telles que « Repastus ». La tradition locale rapporte également une légende liée à Gargantua, signalée par Henri Dontenville, sans qu'une explication historique documentée en ait été apportée.

La propriété appartint successivement à plusieurs familles : les Le Verrier au XVe siècle, puis les Sallet, qui auraient rebâti le château au début du XVIIe siècle, ensuite les familles de La Cour, de Cheux et de Banville. Parmi ces propriétaires, Nicolas Sallet, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, est cité comme constructeur du château actuel, et le contre-amiral Charles Alexandre Anne baron de Cheux, né au Repas en 1759, y a résidé avant de décéder en 1840. La lignée des Cheux du Repas s'éteignit en 1884 avec le décès du baron Charles Alexandre Marie de Cheux, après quoi le château devint la résidence du vicomte Georges de Banville. Au XXe siècle, la propriété se dégrada puis fut acquise en 1905 par le comte Frotier de Bagneux, qui entreprit des travaux d'entretien ; la famille resta propriétaire jusqu'en 1978. Après plusieurs changements de mains — Madame Lambla de Sarria et son mari, puis un peintre japonais, puis M. Olivier Dewavrin à partir de 2006 — des interventions diverses ont alterné conservation et transformations.

Architecturalement, le château illustre une transition entre la Seconde Renaissance et le style Louis XIII : entièrement bâti en granite, il présente un aspect sévère mêlant traits de monumentalité et dispositifs défensifs. Construit à l'origine sur un plan carré autour d'une cour centrale, il est aujourd'hui disposé en U et entouré de douves ; pont-levis, bastionnets, échauguettes et bouches à feu témoignent de son caractère fortifié. Le corps de logis traversant comprend un sous-sol abritant cuisine et office, un étage noble avec salle à manger et salons, un étage carré et un étage de combles éclairé par des lucarnes « à la capucine ». Les toitures d'ardoise, à deux versants, sont percées de hautes souches de cheminée ; l'entrée s'effectue par un pont-levis et un porche couronné, tandis qu'un large perron à double évolution mène au vestibule dallé de marbre. Les ailes en retour abritent des galeries à l'étage dont l'entablement repose sur des colonnes toscanes jumelées ; les grandes baies rectangulaires sont reliées par un bandeau plat surmonté d'une corniche à modillons.

À l'intérieur se remarquent de nombreuses cheminées en granite, dont une reposant sur deux colonnes doriques de quatre mètres de hauteur ; les plafonds à solives ont fait l'objet de restaurations au début du XXe siècle. Le château abritait autrefois une importante collection de meubles, tapisseries et lambris, aujourd'hui dispersée après plusieurs ventes successives. La propriété comprend également l'ancienne église et le presbytère de la paroisse du Repas ; ces bâtiments ont été sauvés des ruines récentes par des travaux de couverture entrepris en 2008. Les façades et toitures du château, ainsi que les douves, le pont-levis et les perspectives, sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du 30 octobre 1967. L'architecte en chef des monuments historiques chargé du dossier était Daniel Lefebvre.

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