Château du Rocher à Mézangers en Mayenne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de style Renaissance

Château du Rocher

  • Le Bourg
  • 53600 Mézangers
Château du Rocher
Château du Rocher
Château du Rocher
Crédit photo : MontdErve - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château du Rocher (cad. E 328) : classement par arrêté du 13 août 1963

Origine et histoire du Château du Rocher

Le château du Rocher, à Mézangers (Mayenne), rassemble des éléments datés des XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Il est bâti en granit au bord d'un étang, éclairé de hautes fenêtres et cantonné de tours à toits pointus. Le site conserve des vestiges d'un manoir féodal primitif, visibles surtout sur les façades ouest et nord, ainsi que des tours du XVe siècle. Une chapelle se trouve à l'angle du logis ; elle est attestée comme en usage dès 1524 et abrite une statue de sainte Catherine. À l'est, une galerie Renaissance de cinq arcades en anse de panier relie l'ancien corps de logis à la chapelle ; elle aurait été élevée vers 1535 pour François de Bouillé. Cette façade décorée d'arabesques, d'écussons, de chérubins et de trophées illustre le goût pour l'ornementation de la première moitié du XVIe siècle. Entouré de jardins à la française, le château est classé au titre des monuments historiques depuis le 13 août 1963.

Le nom du lieu apparaît dès 1282 sous la forme "Rochier" et la seigneurie est mentionnée à diverses reprises jusqu'au XVIIIe siècle. Un château antérieur au XIVe siècle a peut‑être laissé des traces, notamment l'épaisseur de certains murs à l'angle entre les deux corps de bâtiments actuels. En 1562, des religieux de l'abbaye Notre‑Dame d'Évron déposèrent au Rocher leurs richesses et reliques pour les mettre à l'abri d'une attaque protestante ; Jean Livet y retira de haute lutte le Saint‑Sacrement oublié dans la précipitation. Aux XIVe et XVe siècles, on bâtit un manoir plus habitable, encore lisible sur les façades ouest et nord. Au XVIIIe siècle, Benoît Eynard, qui acquit le domaine en 1728, aménagea de nouveaux appartements, recréa l'entrée et fit niveler les jardins et pelouses. De nouvelles restaurations furent entreprises à la fin du XIXe siècle par le comte Horric de Beaucaire.

Les sculptures de la galerie, taillées dans le granit local, présentent un travail fin d'ornementation — pilastres, chapiteaux fouillés, corniches et lucarnes superposées — et sont attribuées, selon Léon Palustre, à des artistes normands. Au rez‑de‑chaussée, cinq arcades au cintre surbaissé, dont trois sont partiellement murées et séparées par des pilastres, supportent une composition riche en volutes et têtes humaines ; la galerie supérieure ouvre par de larges baies et lucarnes décorées. Le logis mêle éléments défensifs et aménagements de confort : charpentes, appartements et l'aile sud prolongée au XVIIIe siècle témoignent des remaniements successifs.

La chapelle seigneuriale, dédiée à sainte Catherine, fut dotée au XVe siècle et décrétée en 1494 ; elle devait alors être desservie depuis les églises de Mézangers et de Sainte‑Gemmes. Le service y était rendu dès 1524 et la chapellenie liée à l'autel fut dotée en 1528 puis décrétée en 1534 ; la chapelle conserve une statue ancienne de la sainte. Plusieurs titulaires se succèdent aux XVIe–XVIIIe siècles, parmi lesquels Jean du Boisbellanger (1507), Jacques Plançon (1524), Jean de Bouillé (1537), Léonor de Bouillé (1605–1609), Louis Lautier (1699), Charles Demaine (1714–1741), Prosper Morard de Galles (1767–1775), Pierre Suzor (1775) et François‑Victor‑Jean Lesperut (1789).

La seigneurie fut tenue successivement par diverses familles : Guillaume Le Debuflé à la fin du XIIIe siècle, la famille Le Maire aux XVe–XVIe siècles, puis Jean de Bouillé par mariage avec Madeleine Le Maire. La lignée de Bouillé comprend François de Bouillé, grand fauconnier sous François Ier, et plusieurs René de Bouillé ; par alliance et ventes le domaine passa ensuite à des familles telles que les Daillon, les Roquelaure, puis à Antoine Gaston de Roquelaure. Benoît Eynard acquit le domaine en 1728 ; après plusieurs transferts successifs il revint, au XIXe siècle, à Pierre‑Marie‑Alexis du Plessis d'Argentré et à sa famille, puis passa à la descendance Le Gonidec de Traissan et à la comtesse de Beaucaire ; il appartenait encore, selon les notices anciennes, à la famille de Chavagnac.

La tradition locale évoque la "Dame verte", apparition attribuée à Éléonore de Bouillé, que l'on dit parfois voir parcourir le château ; l'abbé Angot rapporte que cette figure veille aux destinées du lieu. La commune de Mézangers a donné à la rue menant au château le nom de "La Dame verte". L'environnement du château et son parc de 44 hectares ont été classés, d'après les sources, par arrêté du 16 mars 1943.

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