Origine et histoire
Le château du Sailhant se dresse sur la commune d'Andelat, dans le Cantal, à une dizaine de kilomètres de Saint-Flour, sur un éperon basaltique triangulaire haut d'environ 20 à 25 mètres. Le site est évoqué dès le début du XIe siècle avec la mention d'un chevalier, Guigonis de Salhens, mais l'édifice est aussi situé dans des sources attribuant sa construction au XIIIe siècle. Il passa successivement entre les mains de familles locales prestigieuses, dont les Rochefort d'Aurouze et les Dauphin de Saint-Ilpize. Pendant la guerre de Cent Ans, le château fut pris et occupé à quatre reprises par des bandes anglaises; sa position en faisait un verrou stratégique contrôlant Saint-Flour. Les sièges ne nécessitèrent pas l'emploi d'engins susceptibles d'entraîner de lourdes destructions et la forteresse conserva globalement sa capacité de défense, même si certains éléments secondaires furent négligés ou ruinés. Des meurtrières adaptées au tir à l'arbalète témoignent des aménagements de cette période. En 1569, lors d'une prise menée par le comte de Montmorin Saint-Hérem dans le cadre d'opérations contre les Protestants, Antoine Dubourg fut tué au château; l'édifice n'était alors pas en état de résister et ne comptait pas de soldats parmi les domestiques présents, puis il fut occupé pendant sept ans par une garnison catholique. Au XVIIe siècle, une branche de la famille d'Estaing entreprit un nouvel aménagement du logis, et en 1749 Voltaire, créancier des d'Estaing, fit saisir la propriété. Au XIXe siècle, des fermiers en firent l'acquisition et laissèrent le château se dégrader. Mary Raynaud, originaire de la région, lança à partir de 1888 une reconstruction dans un esprit néo-médiéval pour asseoir son implantation locale, mais les travaux furent interrompus en 1891 après sa faillite. La famille Delbet acheta le château en 1904, n'y entreprit pas de travaux et le vendit en 1997; il est depuis une propriété privée attribuée à l'architecte américain Joseph Pell Lombardi. L'ensemble du château a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 13 septembre 2019. L'architecture reproduit la forme triangulaire de l'éperon : on trouve des cachots à chaque angle, un ancien donjon au sud et, au nord, une façade flanquée de quatre grosses tours rondes reliée au donjon par une muraille en bordure de falaise; deux tours plus petites se situent à l'est et à l'ouest. L'intérieur conserve d'anciennes fresques, un escalier taillé dans le roc et une chapelle dédiée à saint Ferval, dont le corps repose au Sailhant. Des travaux de restauration ont été réalisés en 2004, mais le château n'est plus ouvert au public. À proximité, la cascade du Sailhant ou de Babory voit le ruisseau du Babory se jeter sur une vingtaine de mètres dans un gouffre dont la profondeur est estimée entre six et sept mètres; ce site est lié à des légendes locales, la plus célèbre mettant en scène une servante entraînée avec ses bœufs et sa charrue dans le gouffre.