Origine et histoire du Château du Tauzia
Le château de Tauzia, appelé localement « le Tauzia », est un exemple de château dit « gascon » bâti au début du XIIIe siècle sur la commune de Maignaut-Tauzia (Gers). Le toponyme « Tauzia » dérive de « tauzin », le chêne noir, et ne doit pas être confondu avec le château homonyme de Gradignan (Gironde). Les seigneurs du Tauzia sont attestés dès le XIIe siècle ; le château apparaît pour la première fois dans les sources en 1362, alors propriété de Menaud de Barbazan. Par acte du 13 octobre 1479, la famille de Barbazan céda la seigneurie à Jean de Marestang, et le domaine resta entre les mains des Marestang pendant près de deux siècles, sur plus de dix générations. De retour des guerres d’Italie, Jean II de Marestang fit ouvrir de vastes fenêtres à meneaux à la place des archères et fit aménager un escalier circulaire sur la façade sud‑ouest pour desservir les étages. Un arbitrage du 28 janvier 1595 attribua une partie du fief, le « petit Tauzia », à Savaric de Marestang ; entré dans les ordres, celui‑ci mourut à Valence‑sur‑Baïse en septembre 1636 et fut inhumé dans l’église du monastère de Flaran. Jean de Marestang attribua ensuite cette portion de la seigneurie à son beau‑frère Guillaume de Boyer. En 1640, Guillaume de Marestang céda le château à Hector de Gelas, marquis de Leberon, qui l’habita peu ; à sa mort cinq ans plus tard, le site fut progressivement laissé à l’abandon. Endommagé pendant la Fronde, le château tomba en ruine ; en 1665 Joseph Savarin de Marestang tenta de le racheter mais renonça devant l’ampleur des travaux, et il fut finalement acquis par la famille de La Forcade du Pin, dont les descendants le conservèrent jusqu’au XIXe siècle. Classé aux monuments historiques en 1932, il n’est plus classé aujourd’hui ; le propriétaire est Jean Immer, agriculteur en retraite.
Le bâtiment principal est de plan rectangulaire ; le rez‑de‑chaussée était dépourvu d’ouvertures. Il est flanqué de deux tours : la tour principale, de plan carré, occupe l’angle est et protège une porte, tandis qu’à l’angle ouest se trouve une tourelle rectangulaire en encorbellement, posée obliquement. Le château ne comporte pas de donjon. L’intérieur fut plus tard divisé sur les deux étages par un mur de refend qui reçoit des cheminées. Vers 1500 on perça des baies à meneaux et l’on éleva une cage d’escalier circulaire qui fait légèrement saillie sur la façade sud‑est ; une large brèche dans le mur signale l’emplacement de cet ancien escalier. Renforcé à l’époque de la Fronde, le château fut ensuite abandonné et l’escalier fut détruit au XIXe siècle.