Origine et histoire du Château du Vieux-Windstein
Le château du Vieux-Windstein, situé sur la commune de Windstein dans le Bas-Rhin, occupe une étroite barre gréseuse à 340 m d’altitude, directement au‑dessus du bourg, dans les Vosges du Nord. La ruine est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 9 novembre 1984. La première mention du château date de 1205 ; il fut édifié à la fin du XIIe siècle par les Hohenstaufen pour protéger leur palais impérial de Haguenau et constituait un fief d’Empire possédé par la famille de Windstein. Par la suite, il fut partagé en deux ensembles, détenus notamment par les familles de Sickingen et de Schmalenstein. Devenu un repaire de brigands, il fut détruit en 1332 à la suite d’un conflit avec la ville de Strasbourg ; lors du siège, les assiégeants utilisèrent quatre pierrières. Malgré une interdiction de reconstruction, il fut relevé au XIVe siècle, incendié en 1515, puis définitivement ruiné en 1676 par les tirs d’artillerie du général Montclar pendant les guerres de Louis XIV. Il passa entre autres aux mains des Dürckheim avant sa destruction définitive.
Le site comporte deux groupes de constructions séparés par un fossé, correspondant à une faille naturelle élargie lors du partage du château, et de nombreuses aménagements troglodytiques destinés à gagner de la surface sur la barre rocheuse. L’accès à la basse‑cour du château sud se fait par un escalier taillé dans le rocher, qui n’est probablement pas d’époque médiévale ; cet accès succède à un remarquable cheminement pour charrettes creusé dans le flanc nord‑est de la barre rocheuse. Une maison forestière du XIXe siècle occupe la place des anciens communs. À mi‑hauteur, une plateforme d’accès difficile est précédée de salles troglodytiques et d’une citerne de section carrée ; un puits de 41 mètres a été creusé dans le rocher et les fondations d’une chapelle romane ont été mises au jour. La partie sommitale garde la trace d’un donjon en pierres à bossage et, au sommet du rocher nord, un pan de mur à bossage (fin XIIIe‑début XIVe siècle) constitue le seul reste d’un donjon dirigé vers le château sud ; on y observe aussi les vestiges d’une grande tour d’habitation en pierres à bossage et des éléments du logis des XIIIe‑XIVe siècles précédant la basse‑cour.
Deux tronçons de galeries visibles au pied de la face nord‑ouest ont donné lieu à des interprétations divergentes : la tradition populaire les relie au château du Nouveau‑Windstein situé à dix minutes de marche, ce qui apparaît peu vraisemblable, tandis que certaines études les considèrent comme des amorces de mines creusées par les Strasbourgeois lors du siège de 1332 ; d’autres auteurs soulignent l’absence de valeur stratégique de leur emplacement et proposent qu’il s’agisse de véritables souterrains servant soit à une sortie discrète, soit à la mise en communication avec des ouvrages disparus en contrebas.
Le Vieux‑Windstein est également un site d’escalade référencé par la Fédération française de la montagne et de l’escalade, avec 95 voies cotées de 4c à 8b, dont 92 en falaise et trois en blocs. L’escalade y est interdite du 16 février au 15 mars pour la nidification des rapaces ; si la nidification est fructueuse, la suspension est prolongée jusqu’au 1er juillet, sinon les voies sont rouvertes. L’intérêt archéologique et la fragilité des ruines rendent certaines voies impraticables et, sur directive de la Direction régionale des affaires culturelles, l’accès au sommet du secteur dit « Cochons » est interdit. Moins de dix voies sont ouvertes sous le 6e degré, dont une seule de 4 très engagée, ce qui fait du site un secteur exigeant une pratique régulière ; enfin, la nature sablonneuse du sol impose de descendre les voies en rappel, la présence de sable rendant les cordes abrasives et fragilisant les relais de haut de voie en cas de frottement prolongé.