Origine et histoire du Château et du parc
Le château de Bessay, situé sur la commune de Bessay en Vendée, domine l'une des collines du bocage entre la plaine de Luçon et le marais poitevin. Encadré par la Smagne au sud et le Lay au nord, il se trouve dans une commune essentiellement agricole du Sud-Vendée, région au climat doux, aux étés ensoleillés et aux terres fertiles. Selon la légende, le nom de Bessay dériverait d'un chef gaulois appelé Bessiacum ou Bessiacos ayant vécu sur la colline. Aujourd'hui, le château se compose d'un corps de logis flanqué de deux tours : une tour rectangulaire, massive et percée de quatre fenêtres, et une tour circulaire haute de plus de 24 mètres. La tour ronde, reconstruite en 1577 d'après un cartouche gravé, combine un aspect défensif lié aux Guerres de Religion et des éléments de style Renaissance italienne. Son dispositif défensif comprend un chemin de ronde, des créneaux, des mâchicoulis, des meurtrières, une vue à 360° et des contreforts ; des détails décoratifs comme un dôme allongé couronné d'un lanternon, l'emploi d'ardoises et de pierres blanches, moulures, cannelures et corniches évoquent l'influence des châteaux de la Loire. La tour comporte plusieurs niveaux : au sous-sol une cave ou saloir aux murs épais ; au rez-de-chaussée une cuisine avec passe-plats ; puis un escalier à vis conduisant à la chambre d'apparat dite chambre d'Henri IV, ornée d'une cheminée portant deux écus sculptés et des effigies de la fée Mélusine, dont les armoiries furent martelées pendant la Révolution. Un étage supérieur est la chambre natale du cardinal Anne-Louis-Henri de La Fare, suivie de la salle des gardes bordée par le chemin de ronde ; le dernier niveau, sous une charpente restaurée par les Compagnons du Devoir, servait de combles et offre un large panorama, espace associé à la légende locale d'une cossarde. À une cinquantaine de mètres se dresse dans le parc un colombier carré considéré comme le plus grand du Bas-Poitou, comportant plus de 3 000 niches ou boulins, chaque boulins correspondant à un hectare de terre, et pouvant être un ancien donjon médiéval. Le parc entoure l'ensemble et abrite des arbres multiséculaires, notamment des cèdres du Liban et des chênes. Le site présente des traces d'occupation gauloise et mérovingienne ; un donjon médiéval fut élevé sur la colline, dont subsistent les caves et les fondations du colombier. La famille de Bessay, attestée dès le XIIIe siècle et liée à la maison de Lusignan, porta les armes « de sable à quatre fusées d'argent posées en bande » et se rattache par tradition à la légende de Mélusine. Giron de Bessay, allié d'Henri de Navarre, remit en état la tour ronde en 1577 ; converti au protestantisme, il fit apposer sur la tour les armes conjointes de sa famille et de celle de Machecoul avec l'inscription mentionnant Giron Sire de Bessay et René de Machecoul. Giron de Bessay occupa des charges au service du roi mais fut aussi impliqué dans des conflits locaux et poursuivi en justice, aboutissant à une condamnation à mort par contumace à Fontenay-le-Comte. Charles de Bessay mourut au siège d'Arras en prononçant « Je meurs pour mon roi et pour la France, je remplis ma devise : fais ce que tu dois et n'aie pas peur ! ». Durant la Révolution vendéenne, Paul Isaac de Bessay prit part au soulèvement royaliste et fut aide de camp de Charles Sapinaud ; après la défaite de Luçon, le château servit de point de regroupement pour l'armée du général Maurice d'Elbée à la suite de la bataille de la Mainclaye. En 1794, Bénigne-Marguerite et Louise de Bessay de la Voust, religieuses, furent arrêtées et exécutées ; une plaque commémorative rappelle leur mémoire dans la cathédrale de Luçon. Le cardinal de La Fare débuta sa carrière aux États généraux de 1789, émigra puis revint sous la Restauration et prononça le sermon du sacre de Charles X ; un Charles de Bessay combattit comme Zouave pontifical en 1862. Victor-Xavier, dernier de la lignée Bessay, mourut en 1873 et sa femme Claire-Laure en 1917 ; ils sont inhumés au cimetière du village. Le château passa ensuite à la famille de Beaumont puis connut une longue période d'abandon, de pillage et d'effondrement ; la tour ronde perdit son toit et la commune fit couler une dalle de béton pour prévenir un effondrement total. Des travaux de restauration engagés depuis 1987 ont permis de changer et de restituer les toitures, de remonter la toiture de la tour carrée et de restaurer la tour ronde par la pose d'enduits, la remise à niveau des sols, le remplacement de pierres, le recollage des moulures, la pose de vitraux, la remise en état du chemin de ronde, la pose d'une charpente sur mesure, d'une couverture d'ardoises taillées à la main et d'un lanternon en chêne. Le colombier, après consolidation et débroussaillage, a été remonté et couvert ; il accueille désormais visites et conférences. La tour ronde est classée Monument historique depuis 1932, le pigeonnier depuis 1990 et le reste du château est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1988.