Château dans l'Eure-et-Loir

Château

  • 28410 Abondant
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Crédit photo : Grythn8 - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

XVIIe siècle

Patrimoine classé

Château, y compris sa grille d'entrée en fer forgé (cad. F) : inscription par arrêté du 8 septembre 1928

Origine et histoire

Le château d'Abondant, édifié au XVIIe siècle dans le style Louis XIII, se situe dans la commune d'Abondant, en Eure-et-Loir, Centre-Val de Loire. Le premier propriétaire connu est Pierre de Bigot, seigneur du Fay et de la forêt de Houdan. En 1485 Guillaume de La Guiry est mentionné comme seigneur de Fay et d'Abondant, puis en 1560 Jean de Mangot, porte-enseigne de cinquante hommes d'armes, dont la terre passa à son fils Louis, encore propriétaire en 1618. Au début du XVIIe siècle, Joachim de Bellangreville fit l'acquisition de la seigneurie ; sa veuve, Marie de La Noue, l'échangea en 1645 avec Jacques Bouchet de Sourches, abbé de Saint-Martin de Trouart. C'est autour de cette époque que fut bâti le château tel qu'on le connaît et il resta pendant plusieurs siècles dans la descendance de la famille du Bouchet de Sourches. En 1699, il passa à Louis François du Bouchet de Sourches, grand prévôt de France, marquis de Sourches et gouverneur du Maine et du Perche, connu pour ses mémoires. Son petit-fils Louis II du Bouchet de Sourches entreprit d'importantes transformations entre 1747 et 1750 en faisant appel à l'architecte Jean Mansart de Jouy. Il agrandit le corps de logis par deux pavillons symétriques, fit construire le bâtiment des cuisines et créa un escalier d'honneur pourvu d'une rampe de ferronnerie. Dans le nouveau pavillon de droite, un grand salon presque carré fut réalisé : il mesurait 9,16 m par 8,70 m, avec une hauteur de 4,40 m, et s'ouvrait par six croisées, trois sur le parterre et trois sur le parc. Les boiseries, ornées d'un tissu mural appelé « pékin » aujourd'hui disparu, et les dessus-de-porte peints de motifs de jeux d'enfants chinois, décorèrent cette pièce destinée au fils du propriétaire. La grille de la cour d'honneur, timbrée d'une couronne de marquis, est inscrite au titre des monuments historiques. Louis II se maria d'abord avec la fille du maréchal de Biron, puis avec Marguerite Henriette de Maillebois ; son fils issu du second mariage, Louis François dit marquis de Tourzel, épousa Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel et fut nommé grand prévôt de France en survivance de son père en 1771. Le couple partageait son temps entre Paris, les résidences de la Cour et le château d'Abondant ; en 1786 le marquis trouva la mort lors d'un accident de chasse et sa veuve se consacra à l'éducation de leurs enfants. En 1789 la duchesse de Tourzel fut nommée gouvernante des Enfants de France, utilisa le pseudonyme de baronne de Korff lors de la fuite de Varennes et fut ensuite incarcérée avec la famille royale. Elle fit ériger dans le parc un monument en souvenir du Dauphin Louis XVII à la suite de la visite d'un homme se présentant comme lui ; cet individu mourut à Bicêtre en 1812 et fut inhumé à Abondant, une urne en pierre conservée dans le parc pouvant être liée à cet épisode. Sous la Restauration elle fut faite duchesse de Tourzel en 1816, publia ses Mémoires et mourut en 1832, inhumée dans l'église Saint-Pierre d'Abondant. Le domaine passa ensuite par alliances à diverses familles ; Claire de Galard de Brassac de Béarn épousa en 1831 Vincenzo Macat-Amat, duc de Vallombrosa, et leur descendante Geneviève de Pérusse des Cars mourut au château en 1886. Après l'extinction en ligne directe masculine de la branche de Tourzel en 1845, le domaine revint à la maison de Pérusse des Cars par le mariage d'Augustine du Bouchet de Tourzel avec Amédée de Pérusse, qui le conserva jusqu'au début du XXe siècle. Héritière en 1902, Claire Manca-Amat de Vallombrosa décida de vendre le domaine et fit déposer les décors muraux et le mobilier du grand salon pour les remonter dans son hôtel parisien, action qui entraîna le démontage d'une partie des boiseries. Privé de ses boiseries, le grand salon fut redécoré au goût du XIXe siècle et le parc fit l'objet d'aménagements, notamment un parterre de broderie dessiné par Achille Duchêne pour un acquéreur, l'industriel américain Franklin Singer. En 1920, le domaine fut acquis par le lieutenant-colonel Henry Herman Harjes, qui y forma un équipage de chasse ; sa fille Hope Dorothy Harjes mourut en 1923 des suites d'une chute lors d'une chasse et une croix en granit a été érigée en sa mémoire en forêt de Dreux. Harjes mourut en 1926 et le château avec onze hectares de parc fut alors revendu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la propriété appartint à Pannonica de Koenigswarter et à son mari, le commandant Jules de Koenigswarter ; au printemps 1945 le château abrita le centre El Alamein de la 1re division française des Forces françaises libres dirigé par Roger Piedvache. En 1951 le domaine fut transformé en établissement médico-social d'accueil pour personnes âgées présentant des difficultés sociales ou des pathologies invalidantes, géré par une association réunissant des communes autour d'Anet et lié par des accords aux organismes s'occupant de réfugiés et d'apatrides. Depuis 1999 le centre gérontologique occupe de nouveaux locaux construits dans le parc et l'ancienne orangerie a été réhabilitée. Après une période d'abandon, le château a été acquis en 2016 par le groupe François 1er, restauré et découpé en 54 logements locatifs. Malgré l'inscription du château et de sa grille au titre des monuments historiques en 1928, le parc a été morcelé et loti à partir de 1965, avec des constructions s'approchant à moins de cinquante mètres du bâtiment, et l'avenue d'accès de deux kilomètres a été abattue dans les années 1970. L'escalier d'honneur réalisé par Mansart de Jouy entre 1747 et 1750 et la décoration intérieure du milieu du XVIIIe siècle constituent un ensemble décoratif remarquable. Les lambris du « salon de pékin » furent peints en vert très clair mêlé de gris et rechampis en chipolin vert d'eau par Jean-François Chevalier, exécutés par le menuisier François-Simon Houlié et complétés par une cheminée en marbre de Sarrancolin sculptée par Louis Trouard ainsi que par un mobilier livré par Michel Cresson. Une partie importante de cet ensemble décoratif fut démontée pour être remontée dans des demeures parisiennes puis offerte au musée du Louvre, qui présente depuis 1994 les boiseries reconstituées, la cheminée et plusieurs éléments de mobilier, complétés par six chaises en 2019.

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