Origine et histoire
Le château de Maillebois, situé sur la commune de Maillebois dans le Thymerais (Eure-et-Loir), repose sur des soubassements médiévaux ; incendié par les Anglais en 1425, il fut rebâti sur ces fondations. À la Renaissance un nouveau château fut élevé, puis embelli et transformé à plusieurs reprises jusqu'à la Révolution, qui en fit un bien national ; depuis cette époque il n'a appartenu qu'à deux familles. Le fief dépendait de la baronnie de Châteauneuf-en-Thymerais et passa par les branches des Vendôme-Montoire, des Vieuxpont, des Le Baveux puis de la famille d'Ô. Jean d'Ô fit édifier la chapelle Notre-Dame et, aux XVe-XVIe siècles, la demeure prit l'aspect d'un château de plaisance, François d'Ô contribuant à son agrandissement. Les dettes de François d'Ô entraînèrent la confiscation des biens au début du XVIIe siècle ; Nicolas Harlay de Sancy s'en rendit acquéreur brièvement avant la vente en 1612 à Antoine Le Camus de Jambville. La seigneurie passa ensuite, par successions et alliances, à divers propriétaires puis, en 1679, à Nicolas Desmarets, neveu de Colbert, qui mena d'importants travaux et aménagements. Nicolas Desmarets transforma le parc, fit déplacer un faubourg et multiplia les acquisitions pour associer au domaine les deux rivières et un nouveau réseau d'allées ; ses successeurs poursuivirent les modifications du château et du parc. En 1766 le marquisat fut cédé à Marie-Christine-Chrétienne de Rouvroy de Saint-Simon, comtesse de Valentinois, puis légué à la duchesse de Fitz-James, qui conserva le domaine jusqu'à la Révolution. Pendant la Révolution le château devint bien national ; après adjudications et reventes complexes il fut acquis par Charles-François Tardieu, vicomte de Maleissye, en 1807. La famille Tardieu conserva la propriété avant son transfert au XIXe siècle à la famille Latham, puis à la lignée Latham-Armand-Delille, qui a assuré la continuité de la résidence familiale. Lionel-Henri Latham fit construire en 1882 les écuries à l'arrière des communs et confia en 1883 le plan du parc, contribuant à l'aspect paysager actuel. Le château est inscrit au titre des monuments historiques le 22 décembre 1941 ; les façades et toitures des communs sont inscrites en 1974 et la totalité des écuries en 2000. Sur le plan architectural, l'implantation médiévale comportait un plan carré flanqué de tours, une cour fermée et des douves ; des murs épais et des fondations de la partie nord subsistent encore. Aux XVe et XVIe siècles les tours furent coiffées de hautes toitures et percées de nombreuses fenêtres, transformant la forteresse en demeure de plaisance, comme le montrent des gravures et dessins anciens. Sous les Desmarets, le parc prit de l'ampleur et fut organisé selon des perspectives rayonnantes, des allées et des pièces d'eau reliant les différents éléments du domaine. Le château présente aujourd'hui une cohérence d'ensemble malgré l'hétérogénéité des époques, grâce à l'alternance de matériaux locaux — briques, silex et grison — et à des décors de briques vernissées formant des motifs géométriques sur la façade côté rivière. Le vicomte de Maleissye fit supprimer deux grosses tours en mauvais état sur la façade nord pour restaurer le corps principal et les communs, donnant à l'ensemble son aspect actuel. Les communs, attribués à Nicolas Desmarets à la fin du XVIIe siècle, furent restaurés au début du XIXe siècle par le vicomte de Maleissye. Les écuries construites par Lionel-Henri Latham à la fin du XIXe siècle s'organisent autour d'une cour semi-creusée dans la colline et utilisent une unité de matériaux — silex, briques de teintes variées, granit et marbre — qui assure l'homogénéité du décor. Les passages et salles voûtés sont ornés de voûtain en briques vernissées, les murs en rognons de silex présentent des joints colorés et les encadrements, bandeaux et entablements sont traités en brique ; les ouvertures sont munies de linteaux en arc en anse de panier. Des mangeoires et abreuvoirs en marbre, deux bronzes de Rainot sur les abreuvoirs extérieurs, une exèdre servant de pédiluve et le mobilier équestre encore en place illustrent la qualité fonctionnelle et décorative des installations, tandis que les initiales entrelacées LHL rappellent Lionel-Henri Latham. L'ensemble des écuries se distingue par son unité d'exécution et la richesse des jeux de polychromie et de géométrie qui évitent la monotonie ; elles sont encore utilisées de nos jours. À l'intérieur, des meubles et objets de provenance variée — tapisseries des Noces de Persée acquises par le vicomte de Maleissye, une cheminée et un lit venus du château de Crécy et un tableau de Mignard — témoignaient du goût des propriétaires, mais les tapisseries ont été volées en 1984. Les dessins et aquarelles réalisés pour les propriétaires restent des documents précieux pour restituer l'aspect du domaine aux XVIIe et XVIIIe siècles.