Origine et histoire
Le château de Vérigny se situe à Mittainvilliers-Vérigny, à quinze kilomètres au nord‑ouest de Chartres, dans le département d’Eure‑et‑Loir. L’édifice principal a été construit vers 1750 et le parc aménagé entre 1755 et 1765 ; il s’agit d’un bâtiment classique composé d’un corps de logis flanqué de deux pavillons en saillie. Précédé d’une vaste cour d’honneur bordée de douves sèches, le château présente sur ses façades un enduit clair rehaussé de chaînes d’angle, de cordons horizontaux et d’encadrements de baies en brique. Côté sud, des pilastres de brique soutiennent un fronton percé d’une haute lucarne cintrée encadrée de pots à feu ; côté nord, le fronton est triangulaire. Les combles, peu développés, se profilent en croupe au centre et à la Mansart sur les ailes. Les portes d’entrée centrales de chaque façade sont dotées d’une rampe en fer forgé de style Louis XV dont l’élégance contraste avec la sobriété du décor. À l’intérieur, les escaliers occupent les angles des ailes tandis que le corps central abrite des pièces de réception en enfilade ; le grand salon conserve de belles boiseries sculptées et des dessus‑de‑porte en grisaille représentant des jeux d’enfants.
Les communs et bâtiments agricoles, situés à l’est et également protégés, forment un ensemble exceptionnel datant des XVIe et XVIIe siècles, organisé autour de deux quadrilatères accessibles par des porches à guichet. Le bâtiment nord, le plus ancien, sert de grange dîmière sur trois niveaux et présente des murs à parements losangés de brique et des angles appareillés en pierre. Il est prolongé à l’est par une grange; à l’angle nord‑est se trouve une fuye circulaire, également à parements losangés et décorée d’un dessin en forme de croix, dont les pigeons entraient par une triple rangée de jours aménagés en quinconce à mi‑hauteur. Un long bâtiment au soubassement en grison montre une façade en silex et brique, partiellement losangée et percée de portes cintrées, et, à l’autre angle de l’étang, une tour cylindrique porte le même motif en croix. Les documents ne signalent pas de chapelle pour le domaine.
Les seigneurs de Vérigny se nomment d’abord Gaulard, Sepel, Manou, Ruméan et Le Baveux ; vers 1480 la terre passe aux d’O et, à la suite du partage de succession, revient à Charles d’O, qui fit réparer la nef de l’église Saint‑Rémi et dont subsistent des éléments funéraires et un blason dans l’église. Par mariage, la seigneurie entre en 1581 dans la famille de La Vieuville et y reste plus d’un siècle; Charles de La Vieuville, qui fut surintendant des finances sous Louis XIII, connaît l’exil et la confiscation de ses biens avant de retrouver honneurs et charges après son retour. Parmi les derniers seigneurs de cette lignée figurent Charles II de La Vieuville, René‑François (1652‑1719) et René‑Jean‑Baptiste (1691‑1761).
Le 27 octobre 1750, Charles‑Bernard Brochet de La Fortemaison acquiert le château, la terre et les fermes de Vérigny de René‑Jean‑Baptiste de La Vieuville et de son épouse ; la famille Brochet est ensuite marquée par les troubles de la Révolution, plusieurs parents étant guillotinés en 1794, tandis que Charles‑Bernard rédige son testament en 1794 et meurt au château en 1798. Par arrangements familiaux et successions la propriété reste ensuite liée aux familles Rouillé d’Orfeuil, Lefèbvre d’Ivry, Gondrecourt et Dreux‑Nancré ; Hyacinthe‑Louis‑Ernest de Dreux‑Nancré, né au château en 1822, fit notamment carrière militaire et mourut en 1848. À la fin du XIXe siècle, le domaine est acquis en 1876 par Louis‑Jean‑François Camuset, puis passe à Mme Sophie Camuset et à son fils Louis, ensuite à Paul jusqu’en 1905 ; par alliances matrimoniales il revient ensuite aux familles de Monteynard puis, en 1920, à la famille de Bouillé du Chariol.
L’origine du site remonte au manoir seigneurial implanté après la guerre de Cent Ans, entouré de murs et d’éléments caractéristiques tels qu’une tour d’angle, un colombier, des meurtrières, une porterie, un étang et des bois, le seigneur exerçant jadis haute, moyenne et basse justice avec une prison au bas de la tour. Une description de 1480 atteste la construction d’un corps de logis avec charpente et étages définis, et en 1650 le lieu est décrit comme un principal manoir voisin d’une maison de fermier, organisés en deux quadrilatères fonctionnels et résidentiels, avec un parc de 47 arpents bordé d’une grande avenue plantée d’ormes. Des documents de 1751 et des baux de 1798 détaillent l’organisation des pièces de réception, des cuisines en souterrain, des chambres de domestiques, ainsi que des bâtiments agricoles — bergeries, étables, granges, pressoir à cidre et la grange dîmière composée de trois greniers superposés. Au XVIIIe siècle, le château neuf est séparé de la basse‑cour, ouvre sur un jardin à la française et compte, selon des sources du XIXe siècle, soixante‑dix‑huit ouvertures ; l’organisation intérieure comprend salles à manger et salons au rez‑de‑chaussée, cuisines et offices en sous‑sol, suites d’appartements pour les invités au premier étage et combles mansardés avec garde‑meuble et chambres de domestiques.
La Révolution met fin aux droits seigneuriaux et la contribution foncière puis le cadastre modifient la fiscalité et la représentation du domaine : le cadastre de Vérigny est dressé en 1830 et une carte de 1868 précise la topographie et les chemins. Le château et ses communs sont partiellement protégés au titre des monuments historiques par arrêté du 5 décembre 1975, qui vise les façades et toitures du château et des communs, l’antichambre et le salon avec leur décor, ainsi qu’une partie ordonnancée du parc.