Château à Neaufles-Saint-Martin dans l'Eure

Château

  • 27830 Neaufles-Saint-Martin
Crédit photo : Henri-Édouard Truchot (1798–1822) Autres noms Henr - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle

Patrimoine classé

Donjon : inscription par arrêté du 17 avril 1926

Origine et histoire

Le château de Neaufles-Saint-Martin est un ancien château fort du XIIe siècle, aujourd'hui en ruines, dont il ne subsiste qu'une tour dite « tour de la Reine Blanche ». Le donjon est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 17 avril 1926. Les vestiges occupent une crête qui domine d'environ trente mètres le point de confluence de l'Epte et de la Levrière, à 800 mètres au nord de l'église Saint-Martin, sur la commune de Neaufles-Saint-Martin dans l'est du département de l'Eure, non loin de la frontière avec l'Oise. Cet emplacement stratégique offre un large panorama sur les deux vallées et, situé à quelques kilomètres à l'ouest de Gisors, servait de point d'appui pour cette forteresse face au Vexin français.

Un écrit mentionne déjà l'existence d'un château à Neaufles en 856, lorsque Charles le Chauve y réunit les grands du royaume pour organiser la défense contre les Vikings. Vers 1050, confié par les ducs de Normandie à Guillaume Crespin, le site ne comportait qu'une tour en bois protégée au nord par l'escarpement de la Levrière et au sud par un fossé profond de six à huit mètres ; une motte avait été formée avec les terres extraites pour creuser ce fossé. En 1097, Robert de Bellême le reconstruit pour Guillaume le Roux, roi d'Angleterre. À la suite du traité de Gaillon avec Louis VII, Henri II Plantagenêt récupère le château et le Vexin normand en 1160 et renforce la forteresse afin de bloquer l'accès de la vallée de l'Epte aux forces françaises. En 1183, Henri II établit une frontière fortifiée le long de l'Epte, au sud de Gisors, en dressant une ligne de châteaux dont Neaufles faisait partie. Philippe Auguste, après avoir envahi le Vexin normand pendant la captivité de Richard Cœur de Lion, conserve le château à la suite du traité de Gaillon de 1196.

En 1350, la reine Blanche de Navarre reçoit le château en douaire et s'y retire jusqu'à sa mort, le 5 octobre 1398 ; la tour subsistante, ancien donjon, porte son nom. Après l'époque d'Henri IV, seul le donjon subsiste. Il est démantelé sur ordre de Mazarin en 1647, qui le fait couper en deux à la verticale, ce qui explique son état actuel.

Le château est bâti sur une falaise dominant la Levrière, l'escarpement étant presque vertical sur une trentaine de mètres, tandis que le plateau descend en pente douce vers l'Epte. Le donjon, construit vers 1180-1184 sur la motte au point le plus haut, est placé presque à l'à-pic de la falaise ; côté plateau, il était protégé par son propre fossé puis par un second fossé en arc de cercle qui enserrait une vaste basse-cour, formant une place forte allongée sur près de 200 mètres le long du rebord. De plan circulaire, il est constitué d'une maçonnerie de blocage en silex noyés dans un épais mortier et revêtu d'un parement de petits moellons ; son diamètre extérieur est de 13,60 mètres, sa hauteur de 20 mètres et l'épaisseur de ses murs de 2,90 mètres. Les ouvertures, relativement rares, sont encadrées de chaînages en pierres calcaires. L'édifice se répartissait sur quatre niveaux plus la terrasse sommitale : un niveau enterré d'environ six mètres, un rez-de-chaussée probablement aveugle et deux niveaux supérieurs.

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