Origine et histoire du Château-fort de Sedan
Le site du château-haut de Sedan prend son origine dans le prieuré bénédictin Saint-Martin, dépendant de l'abbaye de Mouzon et mentionné en 1306, dont les assises sont encore visibles dans la cour du château. En 1424, Évrard II de La Marck-Arenberg s'empare du terrain par l'intermédiaire de Louis de Braquemont et fait édifier en six ans un manoir triangulaire bâti autour de l'église devenue chapelle castrale, comprenant deux tours jumelles formant entrée, un donjon résidentiel rectangulaire et une tour ronde ouest plus tard agrandie en « Grosse tour ». Après la mort d'Évrard en 1440, son fils Jean agrandit la forteresse et en double la superficie, puis Robert II de La Marck réalise les travaux les plus importants à la fin du XVe et au XVIe siècle. Le château résiste aux sièges de l'archiduc Maximilien en 1495 et de Charles Quint en 1521, puis voit moderniser ses défenses par la construction d'un boulevard circulaire au début du XVIe siècle et l'édification du logis princier et du logis du gouverneur. Vers le milieu du XVIe siècle, des terrasses à canons sont créées par comblement en terre, des logis pour la troupe sont aménagés, et quatre bastions triangulaires — du Gouverneur, Fourchu, des Dames et du Roy — sont construits entre 1553 et 1572, portant la superficie du château à environ 10 000 m². Des ouvrages à cornes complètent certains bastions, certains ayant été dynamités au XIXe siècle. Plusieurs ingénieurs participent à cette campagne défensive : Marin Fourre en est le concepteur initial, suivi vers 1577 de Marc-Aurèle Pazin (Marco Aurelio de Pasino) et, après 1585, de Jean Errard de Bar-le-Duc. En 1606, la place assiégée par Henri IV doit se rendre, et en 1611 naît le maréchal Turenne au château. La principauté de Sedan est finalement absorbée par la France après la bataille de la Marfée en 1641 et la conspiration avortée de 1642 ; le dernier prince remet le château à Louis XIII en 1642. Le maréchal Fabert, premier gouverneur royal, fait construire en 1650 les magasins Fabert pour le stockage des céréales et la place est transformée en garnison ; Vauban intervient en 1699 pour la porte dite « des Princes ». Napoléon visite le château en 1803 et fait transférer à Paris une partie des collections d'armes et d'armures des princes. Au XIXe siècle, l'église Saint-Martin est démolie en 1822 pour installer un parc à boulets et une plateforme d'artillerie est créée en 1828 sur les tours jumelles. Lors de la bataille de Sedan le 1er septembre 1870, la place est encerclée et l'acte de capitulation est signé au château de Bellevue ; la forteresse est ensuite déclassée et son réseau de bastions est partiellement détruit, avec des essais de dynamite menés en 1873 qui éventrent notamment les bastions du Gouverneur et Fourchu. Pendant la Première Guerre mondiale, de janvier 1917 à novembre 1918, la citadelle sert de camp d'internement pour des civils français et belges condamnés aux travaux forcés, surnommé localement « le Bagne », avec un nombre de morts vraisemblablement supérieur au millier. Cédé par l'armée à la ville de Sedan en 1962 et classé au titre des monuments historiques par arrêté du 4 janvier 1965, le château fait l'objet de campagnes de restauration et se convertit en site touristique et culturel, abritant notamment un musée municipal et, depuis 1995, des circuits de visite. Des aménagements hôteliers et de restauration ont été développés pour soutenir le tourisme et la revitalisation du centre-ville. Une tempête en juillet 2010 endommage partiellement la toiture côté sud ; les collections sont en grande partie sauvées et la remise en état de la toiture est achevée pour la saison 2012. Le château demeure une forteresse marquante par son plan et ses remaniements successifs, et il a été élu « Monument préféré des Français » le 13 septembre 2023.
