Origine et histoire du Château François Ier
Seul château royal de la Renaissance conservé en Picardie, Villers-Cotterêts a gardé la quasi-intégrité de son plan et de ses volumes extérieurs. Son existence est attestée au moins dès le XIIe siècle ; du château médiéval subsistent des fondations et une partie de l'élévation d'une tour datée du XIIIe ou du XIVe siècle, incendiée au début du XVe siècle puis restaurée dans sa seconde moitié. Attiré par la forêt giboyeuse, François Ier entreprend vers 1530 une reconstruction importante du château pour en faire une résidence de chasse, les travaux s'échelonnant principalement entre 1532 et 1547. Les maîtres maçons parisiens Jacques et Guillaume Le Breton assurent la quasi-totalité de la construction, tandis que Philibert de l'Orme intervient au milieu du siècle pour certains ouvrages ; des maîtres locaux comme Robert Vaultier et Gilles Agasse achèvent les travaux du logis. Les comptes des bâtiments du roi citent de nombreux entrepreneurs et artisans ayant participé au chantier : charpentier, couvreurs, plombier, menuisiers, maîtres verriers, serruriers, nattier, fontainiers et paveur, dont les noms figurent dans les archives. Les premiers travaux consistent à abattre les parties inutilisables, préparer les fondations des nouveaux corps de bâtiments et intégrer les éléments conservés ; parallèlement on capte des sources en forêt et on établit des adductions souterraines pour alimenter le château en eau. La dendrochronologie des charpentes indique des périodes d'abattage entre l'automne-hiver 1531-1532 et l'automne-hiver 1533-1534, suggérant que le gros-œuvre des corps de logis était achevé vers 1535 ; le retable de la chapelle porte la date de 1539 et le pavillon de l'auditoire est achevé en 1556. Les jardins sont créés par Guillaume Le Moyne et une fontaine est installée par le fontainier Jehan Mallard ; Philibert de l'Orme conçoit par ailleurs un temple de jardin aujourd'hui détruit. Le château conserve de nombreux décors sculptés de la Renaissance, notamment des œuvres attribuées à Jean Goujon, et des éléments remarquables comme deux escaliers de l'aile ouest des offices. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la façade nord est transformée, le parc est agrandi et réaménagé vraisemblablement par André Le Nôtre, puis, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'architecte Henri Piètre modifie le château, le parc et les dépendances pour le duc de Louis-Philippe d'Orléans et son fils. Après la Révolution plusieurs dépendances sont vendues ou détruites ; le château devient caserne puis est transformé en dépôt de mendicité au début du XIXe siècle, un décret de 1804 étant mentionné dans les sources. L'architecte Gilbert effectue des aménagements au début du XIXe siècle et Jean-François Mesnager réalise d'autres travaux entre 1832 et 1859. À partir de 1889, le château sert de maison de retraite départementale jusqu'en 2014, tandis que, aux XIXe et XXe siècles, les anciennes dépendances sont transformées et de nombreux bâtiments sont édifiés en périphérie du parc et sur l'emplacement du potager. Le plan d'origine a été globalement conservé : la cour centrale est encadrée par deux longues ailes d'anciens communs et, au fond, se dresse le logis royal dont la façade adopte l'usage de deux ordres superposés, une loggia dallée et des fenêtres géminées ornées. La façade porte un portrait de François Ier et des motifs sculptés tels que salamandres et fleurs de lys ; l'escalier du Roi, droit et couvert d'une voûte en anse de panier, est décoré de caissons sculptés et conduit à la chapelle. La chapelle a conservé une frise en haut-relief et un retable richement décoré, témoignant d'une influence italienne, et d'autres espaces remarquables comprennent le petit escalier dit de la Reine, aux caissons figurant des scènes mythologiques, ainsi que le pignon ouest du pavillon de l'Auditoire orné des initiales d'Henri II et de Catherine de Médicis. Classé au titre des monuments historiques en 1997, le château est propriété de l'État. À partir de 2017 l'État lance un appel à idées pour l'avenir du monument et, en 2018, la décision est prise d'y installer la Cité internationale de la langue française ; le projet, confié au Centre des monuments nationaux, débute en 2020. Plus de 210 millions d'euros sont investis dans ce chantier, qualifié de deuxième plus gros projet culturel de la présidence après la restauration de Notre-Dame de Paris, et le domaine est classé domaine national en 2022. Les fouilles menées en une campagne de mai 2020 à mars 2023, sur 1,5 hectare et 23 000 m², ont mis au jour des niveaux anciens, des pavages glaçurés et des pavages figurant des scènes de chasse, des murs médiévaux atteignant plusieurs mètres de haut ainsi que, dans une poche de charbon, une cuillère en bronze et la matrice d'un sceau du XVe siècle. Après des travaux et une inauguration reportée, la Cité internationale de la langue française ouvre ses portes le 1er novembre 2023.
