Période
2e moitié XIXe siècle
Patrimoine classé
Le château en totalité ; les façades et toitures du cuvier, des anciennes écuries, de la dépendance - maison du gardien, de l'ancienne salle d'asile, de la maison du jardinier, de la ferme Suzanne et de la ferme Camille ; le parc avec le parcours d'eau et sa garenne (cad. B 123 à 127, 131 à 136, 161, 312, 313, 370, 371) : inscription par arrêté du 3 novembre 2011
Origine et histoire du Château Giscours
Le château Giscours, domaine viticole du Médoc situé à Labarde près de Margaux, s’étend sur environ 300 hectares et bénéficie de l’appellation Margaux ; son vin principal est classé troisième grand cru dans la classification de 1855. La seigneurie est connue depuis le XVe siècle, certaines sources faisant remonter ses origines au XIVe, et la vigne est mentionnée dans un acte de 1552. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’à l’achat majeur de 1825 qui entraîne l’agrandissement du domaine et la reconstruction du château ; des restaurations supplémentaires ont lieu entre 1856 et 1868. Au cours des années 1875‑1881, le domaine est à nouveau agrandi : le parc est aménagé et sont construites deux fermes‑modèles, la ferme Suzanne et la ferme Camille. Le château présente un plan rectangulaire avec un pavillon central précédé d’un balcon‑porche à colonnes toscanes ; les avant‑corps latéraux sont ornés de frontons éclectiques. Les bâtiments d’exploitation s’organisent à proximité autour d’une cour. À la fin du XIXe siècle, un architecte‑paysagiste conçoit un parc paysager agrémenté d’un parcours d’eau et complété par une garenne. La propriété moderne se structure notamment sous l’impulsion de Marc Promis, qui étend le domaine et fait construire la demeure et les dépendances agricoles, puis est profondément transformée par Jean‑Pierre Pescatore et, plus tard, par Édouard Cruse avec l’intervention du paysagiste Eugène Bühler et des architectes Duphot père et fils. L’attribution du classement de 1855 contribue à la renommée du cru. Au XXe siècle, la famille Tari rachète le domaine en 1952 et le modernise ; Pierre Tari lui succède en 1970. Le droit d’exploitation est revendu en 1993‑1994 à Eric Albada‑Jelgersma, opération suivie de contentieux et d’un scandale en 1998 portant sur des pratiques illégales de mélange de cuves et de millésimes ; des réformes et une nouvelle équipe aboutissent à l’obtention de la certification ISO 9002 en 2001. Le château, ses dépendances et le parc sont inscrits au titre des monuments historiques en 2011. En 2023, les terres du groupement foncier agricole détenues par la famille Tari font l’objet d’une liquidation et sont rachetées par la famille Albada‑Jelgersma, qui réunit l’ensemble des actifs dans la société d’exploitation du domaine. Le vignoble, exploité sur 95 hectares en production, repose sur quatre types de graves répartis sur quatre croupes ; l’encépagement est indiqué à 60 % de cabernet‑sauvignon, 32 % de merlot, 5 % de cabernet franc et 3 % de petit verdot. La densité de plantation est élevée (8 300 à 10 000 pieds à l’hectare) et plus d’un quart des vignes ont un âge moyen d’environ 40 ans. L’élevage des vins se fait 16 à 18 mois en barriques avant assemblage ; historiquement l’assemblage du premier vin était dominé par le merlot à environ 60 %, mais depuis 1995 la proportion de cabernet‑sauvignon a été sensiblement augmentée (jusqu’à 75 %) tandis que celle du merlot a été réduite (à environ 20 %). Giscours produit également un second vin, La Sirène de Giscours, ainsi qu’un rosé, le rosé de Giscours.