Château à Hartmannswiller dans le Haut-Rhin

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  • 68500 Hartmannswiller
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Crédit photo : Hartmans68 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle, 3e quart XVIe siècle, 1er quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures, à l'exception des ajouts sur les façades nord et est ; vestibule, cave, petit escalier en vis, assise du pressoir dans le garage, ancienne chapelle présumée voûtée d'arêtes, tourelle avec l'escalier en vis principal, plafond à caissons dans la pièce à l'angle sud-ouest du second étage (cad. 1 34) : inscription par arrêté du 9 mai 1988

Origine et histoire

Le château de Hartmannswiller, situé à la périphérie nord du village près de l'église, est un ancien fief de l'évêché de Bâle. Il est mentionné dès 1308, année où Dietrich de Haus le céda à l'Église de Bâle qui le remit en fief la même année, et des membres de la famille liée au village apparaissent dans des actes de 1288 et du début du XIVe siècle. Frédéric, évêque de Bâle, donna le fief castral à Hermann V de Waldner, investiture qui fut renouvelée au milieu du XVe siècle et à nouveau en 1476 en faveur de membres de la famille Waldner. Partiellement détruit pendant la guerre de Trente Ans, le château fut réparé au XVIIe siècle et rebâti par la suite par Chrétien Charles-Philippe de Waldner, qui utilisa en 1718 des matériaux provenant du château ruiné de Weckenthal à Berrwiller avec l'autorisation de l'évêque de Bâle. Il resta dans la branche des Waldner de Freundstein jusqu'à la Révolution, puis passa au XIXe siècle entre les mains de l'horticulteur Joseph Baumann de Bollwiller, avant d'être acquis par Constant Zeller, industriel de la tuilerie d'Ollwiller, qui transforma le lieu en centre de rencontres intellectuelles. La tuilerie de Zeller développa une production de tuyaux en argile bénéficiant d'un vernis propre à son procédé, ce qui lui valut des distinctions et un important développement industriel au XIXe siècle. Pendant la Première Guerre mondiale, le village subit d'importants tirs d'artillerie ; en raison de la proximité du front du Hartmannswillerkopf, les habitants furent évacués en juin 1940 et la commune occupée par les troupes allemandes, trente-deux jeunes gens y furent incorporés de force dans la Wehrmacht, dont onze ne revinrent pas. Le château, resté intact durant cette période, servit de lieu de refuge pour les habitants.

L'édifice actuel présente un grand logis en équerre dont une partie pourrait remonter au XIVe siècle ; on note particulièrement des pierres d'angle à bossages et, à l'intérieur, une tourelle d'escalier circulaire dont l'entrée porte la date de 1562. À l'angle sud-est subsistent les vestiges d'une tour carrée et, à l'angle nord-est, une tour en poivrière ; la plupart des fenêtres ont été repercées aux XVIIIe et XIXe siècles. Un plan de 1756 montre qu'une vaste basse-cour trapézoïdale flanquée de deux tours rondes précédait l'édifice au sud-ouest et que l'ensemble était entouré de larges fossés d'eau. Les bossages, hérités de l'Antiquité, donnent volontairement à la maçonnerie un aspect de solidité et ont une valeur symbolique dans l'architecture seigneuriale ; leur mise en œuvre est plus longue et plus coûteuse que celle d'un appareil lisse. La cave est voûtée en berceau, ses murs dépassent trois mètres d'épaisseur et elle est surélevée pour éviter les inondations. L'aile nord abrite une salle voûtée d'arêtes composée de quatre quartiers, classée monument historique et interprétée tantôt comme une ancienne chapelle, tantôt comme un chartrier médiéval, les deux types pouvant prendre la forme de salles voûtées résistantes aux incendies. Deux colonnes en grès adossées à un mur de refend soutiennent le poutrage de la pièce voisine.

L'entrée principale est une porte en plein cintre inscrite dans un encadrement rectangulaire préparé pour un pont-levis en position haute, sans herse, et une porte datée de 1562 donne directement sur l'escalier en vis de la tourelle ; la charpente a été reconstruite après les bombardements de la Première Guerre mondiale. Un évier en pierre, fixé sur la tablette extérieure d'une fenêtre, permettait d'évacuer les eaux usées vers les douves. Des marques de pose gravées sur les pierres attestent la présence et le décompte des tailleurs de pierre ayant travaillé sur le chantier. Une porte cochère, adjonction du XVIIIe siècle, permettait l'accès des véhicules.

Parmi les témoins de son passé militaire figurent une arbalétrière vraisemblablement ancienne, une canonnière en lunettes attribuée au second tiers du XVIe siècle, un chemin de ronde et un passage ménagé dans le mur de trois mètres d'épaisseur où s'inscrit un escalier en colimaçon permettant de passer de la cave au premier étage ; une fente de tir proche de l'entrée permettait la surveillance et la défense de l'accès. Les vestiges relatifs au pont-levis sont encore lisibles par la feuillure d'encastrement, les larges fentes de manœuvre et les ancrages près du seuil. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 9 mai 1988.

Le château de Weckenthal, incendié et ruiné après des transformations et des conflits, fournira des matériaux réutilisés pour la restauration de Hartmannswiller en 1718. Le cimetière fortifié de Hartmannswiller, l'un des deux seuls du département encore en bon état, a été érigé vers la fin du XVe siècle comme dernier refuge pour la population ; il forme un polygone irrégulier pourvu de trois tours de flanquement dont l'une a conservé sa hauteur primitive, l'une est partiellement démantelée et abrite un petit musée lapidaire, et la troisième n'est plus qu'un amorce de tour et une porte murée. L'enceinte, bâtie en grès rose provenant du Sandgrubenkopf, était entourée d'un large fossé aujourd'hui comblé, et la courtine a été partiellement démantelée au XIXe siècle pour raison de vétusté. Enfin, le domaine abrite des arbres remarquables plantés vers 1810 par les pépinières Baumann : deux cyprès chauves, un hêtre pourpre et un marronnier à fleurs doubles, tous âgés d'environ deux cents ans et présentant des circonférences supérieures à quatre mètres.

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