Origine et histoire
Le château de Faverges, ancien château fort, se dresse sur la commune de Faverges-Seythenex, en Haute-Savoie, à la frontière des comtés de Savoie et de Genève. Il fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du 19 novembre 1991 : sont inscrits le donjon, le sol de la cour et les murs de soutènement au sud et au sud‑ouest. Installé sur un contrefort du Crêt de Chambellon à environ 500 mètres d’altitude, il domine le bourg et commandait la route empruntant l’ancienne voie romaine secondaire reliant Moûtiers à Genève, à la limite de la baronnie du Faucigny. Un premier château est mentionné au début du XIIe siècle, notamment en 1112 dans une charte du diocèse de Maurienne qui cite Berlion et Godefroi de Faverges et atteste l’existence d’un ouvrage primitif probablement situé sur le Crêt de Chambellon. Initialement placé sous la suzeraineté des comtes de Genève, la seigneurie appartient au XIIIe siècle aux sires de Giez, qui la vendent en 1293 à Amédée V de Savoie. Amédée V rachète la seigneurie le 26 novembre 1316 à Rodolphe de Faverges et fait relever le château. En 1321 Faverges appartient à Agnès de Savoie, épouse de Guillaume III, comte de Genève. Le château joue un rôle stratégique dans les conflits opposant la maison de Savoie et la maison de Genève et dans la prise de contrôle du Faucigny après le traité de Paris de 1355. À partir du XVe siècle, la seigneurie est donnée en apanage aux cadets de la maison de Savoie, comtes de Genevois, et le château est reconstruit au cours de ce siècle. Le 18 juillet 1501, le duc Philibert II vend la seigneurie à François de Luxembourg ; la vente est ensuite annulée et les sommes rendues en septembre de la même année, puis Charles III la vend en 1526 à la famille Luxembourg‑Martigues. En 1571, Emmanuel Philibert de Savoie exerce la clause de rachat puis cède, le 14 octobre 1571, la seigneurie à Louis Milliet pour 4 000 écus d’or : la famille Milliet de Faverges la possède jusqu’à la Révolution. Dans la nuit du 9 octobre 1600, le roi Henri IV séjourne au château lors de la guerre franco‑savoyarde. Lors de l’entrée des troupes révolutionnaires en 1792, le château est entre les mains de Gabrielle Milliet de Faverges ; elle le vend en 1810 à Jean‑Pierre Duport (1756‑1822), qui, déjà propriétaire d’une usine de coton, installe une usine de mousseline de soie développée par son gendre, le baron Blanc. Le château abrite des ateliers de soierie jusqu’en 1914, successivement exploités par la société Gourd, Croiset et Dubost, puis par Stünzi ; pendant la guerre il sert d’hôpital militaire avant de reprendre une activité d’atelier jusqu’en 1976. En 1980 la commune de Faverges achète le château pour le transformer en maison familiale de vacances, gestion assurée un temps par le groupe Relais Soleil. En 2017, après appel à projet, Alexandra et Maximilien Genèvre reprennent la gestion par un bail emphytéotique administratif de 50 ans ; la commune reste propriétaire et, après travaux de rénovation, le site accueille désormais des événements privés et professionnels. Le château se compose principalement de la tour‑donjon et de bâtiments d’habitation ; la tour, haute de 32 mètres, illustre l’architecture castrale savoyarde du XIIIe siècle, ses fondations remontant au XIIe siècle et ayant été remaniées en 1250. En 2006‑2007 la tour a fait l’objet d’une réfection complète des murs, de l’installation d’un nouvel escalier intérieur de 144 marches et de la construction d’un hourd, galerie panoramique en bois offrant une vue à 360°. Sous le hourd, les nids naturels de faucons crécerelle ont été préservés et des nichoirs pour martinets installés. Au fil des siècles, le château a appartenu à diverses familles et entités — la famille de Faverges, la maison de Savoie, François de Luxembourg, la maison de Milliet, les familles Duport et Blanc, les sociétés Gourd‑Croisat‑Dubost puis Stünzi — avant l’achat par la commune en 1980. Le château fut aussi le centre d’une châtellenie relevant du bailliage de Savoie : le châtelain, nommé pour une durée définie et révocable, percevait les revenus du domaine, gérait le mandement et assurait l’entretien de l’édifice ; divers châtelains sont mentionnés entre la fin du XIIIe et la fin du XIVe siècle, parmi lesquels Martin et Barthélémy de Châtillon, Nicolas Ravoire, Thomas Evian, Amblard Bon, Rolet de Candie, Constantin de Vallion, François d’Attignac, Guillaume des Clées, Ogier de Savoie et Jean de Serraval.