Origine et histoire
Le château d'Issy, aujourd'hui disparu, se trouvait sur le territoire de l'actuelle commune d'Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. Dès le XIIIe siècle l'emplacement était occupé par deux domaines principaux, le vieux château de Villepreux et le fief de Mérainviller. En 1606 la reine Margot se réfugia à Issy pour fuir la peste, acheta la maison de Jean de La Haye et donna au domaine le nom de « Petit Olympe ». Après la mort de la reine en 1615, la propriété resta en litige et fut vendue aux enchères en 1622 à M. de Choisy. Réuni à la châtellenie de Villepreux en 1660 par le financier Macé Bertrand de la Bazinière, le Petit Olympe devint une maison de plaisance. En 1681 Denis Talon acquit la parcelle et fit édifier un petit château par l’architecte Pierre Bullet ; il confia à André Le Nôtre et à Pierre Desgots l’aménagement des jardins et des fontaines. En 1699 le domaine fut acheté par François Louis de Bourbon, prince de Conti, qui entreprit d’importantes transformations, faisant notamment exécuter une façade à péristyle de colonnes doriques, une entrée en hémicycle et un pavillon des bains pour son fils. Sous la famille de Conti les jardins dessinés par Le Nôtre furent développés et le domaine atteignit son apogée, accueilli et décrit avec admiration par des contemporains. En 1716 la veuve du prince donna une fête brillante en l’honneur de la duchesse de Berry, mais après le drame familial de 1736 la fréquentation du château diminua. La propriété resta dans la maison de Conti jusqu’en 1776, lorsque Louis François Joseph de Bourbon-Conti décida de vendre ses biens à Issy. Entre 1776 et 1782 le château appartint à Adrien Jules Gaultier Designy, puis fut cédé à la princesse de Chimay. Pendant la Révolution la princesse fut arrêtée et exécutée en 1793 et le château fut confisqué comme bien national, amorçant le déclin du domaine. Acquis en mars 1809 par la famille du comte de l'Espine, l'ensemble connut des aménagements tels qu'un pigeonnier, une orangerie et un pavillon symétrique à l'hémicycle. En 1852 le docteur Léopold Wertheim y fonda un établissement d'hydrothérapie, puis le domaine fut racheté en 1857 par le Comptoir central de Crédit, qui lança une opération de lotissement en 1866. Pendant la guerre de 1870 le château fut occupé par des troupes françaises et le lieutenant-colonel commandant le régiment s'installa dans ses locaux ; le 4 mai 1871 les canonniers de la Commune mirent le feu au château, qui fut entièrement détruit et livré aux flammes. Les ruines restèrent à l'abandon plus de quarante ans avant une démolition partielle en 1910 ; le pavillon des bains fut démoli en mai 1939 et remplacé par un immeuble. Certains fragments sculptés et architecturaux furent rachetés par Auguste Rodin et remontés en 1907-1908 à sa villa des Brillants à Meudon, puis intégrés à un musée élevé entre 1929 et 1931 dont la façade reproduit celle du château d'Issy, une réplique figurant également au Rodin Museum de Philadelphie. Aujourd'hui ne subsistent que la moitié la plus récente de l'hémicycle d'entrée — qui abrite la galerie d'histoire du musée de la Ville d'Issy au sein du musée français de la carte à jouer —, l'orangerie, le colombier et une fontaine inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 8 mai 1933. Une partie du parc, acquise par la commune puis largement vendue en lots, a été transformée en parc municipal Henri-Barbusse, inauguré le 5 juillet 1936, où le bassin historique a été conservé.