Château à Meslay dans le Loir-et-Cher

Château

  • 41100 Meslay
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Crédit photo : Chatmouettes - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Le château en totalité, la cour d'honneur du château avec sa grille et ses murs de clôture, la terrasse, les façades et toitures des bâtiments de la basse-cour du pigeonnier, le pigeonnier en totalité, les façades et toitures des bâtiments de la cour des jardiniers, le potager avec ses murs de clôture et ses deux grilles, le parc paysager avec ses murs de clôture, une fabrique dans le parc paysager et la glacière, tels que délimités par un trait jaune sur le plan annexé à l'arrêté (cad. A 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118 et 233) : classement par arrêté du 22 mai 2017

Origine et histoire

Le château de Meslay, implanté en bordure du Loir, se distingue par l'harmonie de ses proportions, la sobriété des moyens employés et la délicatesse de son décor, et constitue un exemple caractéristique du style régence, édifié de 1732 à 1735. Son architecte, Jules-Michel Alexandre Hardouin, s'inscrit dans la lignée de Jules Hardouin-Mansart et de Jacques Gabriel. Le château et le village furent reconstruits simultanément dans le cadre d'un véritable projet d'urbanisme, formant un ensemble cohérent dont le parc, aujourd'hui clos de murs, complète le site. Le parc, les jardins et le cours du Loir sont classés depuis 1943 ; le château a été inscrit à l'inventaire supplémentaire en 1995 puis classé, intérieurs et extérieurs, comme monument historique en 2017.

L'édifice actuel remplace une ancienne forteresse du XVe siècle qui comportait un corps de logis flanqué de tourelles carrées et rondes, une terrasse au sud, des douves franchies autrefois par un pont en bois et un pont-levis. Henri IV séjourna cinq jours au château en novembre 1589 et y fut reçu par René de Fromentières, ancêtre de la famille propriétaire actuelle. En 1719, François de la Porte de Féraucourt acquit le domaine comprenant le château, les jardins, plusieurs fermes, des bois et des moulins ; fermier général et directeur de la Compagnie des Indes sous la Régence, il transmit ensuite la propriété à son frère Jean‑François.

Jean‑François de la Porte engagea la démolition de l'ancien château et la construction du nouveau sur les plans de Jules‑Michel Alexandre Hardouin ; ce chantier de trois ans comprit aussi le réaménagement du site et le déplacement du village à son emplacement actuel. Il fit édifier à ses frais l'église et le presbytère et développa une manufacture de cotonnades qui produisait les « siamoises de la Porte », écoulées jusque chez des clients de la cour à Versailles et dans des magasins parisiens.

L'architecture du château présente un plan massé coiffé d'un comble à la Mansart, centré par un avant-corps saillant de trois travées ; les façades en pierre de carrière mettent l'accent sur le grand étage dont les baies en plein cintre sont ornées de mascarons aux thèmes terrestres et aquatiques côté Loir. Sur la terrasse, on remarque un perron en fer forgé et deux grilles de style Louis XV réalisées par le serrurier Puzin. Jean‑François, qui termina sa carrière comme conseiller d'État, acheva les aménagements extérieurs en créant notamment le jardin des Quiconces, en détournant le Loir, en faisant construire un colombier et en ajoutant les grilles en fer forgé.

Au XVIIIe et au XIXe siècle, le château accueillit de nombreuses personnalités, parmi lesquelles des membres des familles d'Argenson et de Caumartin ainsi que la comtesse Germaine de Staël. Pendant la Révolution, Jean‑Baptiste François, héritier du domaine, fut incarcéré et traduit devant le tribunal révolutionnaire ; sa fille organisa dans la nuit du 22 juillet 1794 l'évasion de ses parents, qui purent se cacher pendant de longs mois.

Le début du XIXe siècle fut une période intellectuelle et artistique brillante pour Meslay : Hippolyte de la Porte fonda la Société archéologique du Vendômois, publia des notices et reçut écrivains, peintres, sculpteurs et poètes, dont Madame de Staël et des artistes tels que Louis‑Léopold Boilly. Soucieux du confort et de l'esthétique intérieure, il fit réaliser des aménagements de qualité, notamment une salle à manger néo‑régence, une bibliothèque de style Charles X, un système de chauffage à bouches d'air chaud et un grand fourneau de cuisine qualifié de « piano ». Il désigna comme héritière Anne Louise Charlotte de Salaberry, qui épousa en 1817 Guy de Lavau ; celui‑ci fut ensuite préfet de police sous Charles X et, après 1830, vécut au château auprès de son oncle dans une existence familiale paisible.

Au XXe siècle la vie familiale se poursuivit, la famille se partageant entre Paris, la Normandie et le Vendômois ; Guy de Lavau fut gravement blessé à Douaumont en 1916, décoré de la Légion d'honneur, et trouva la mort le 30 mai 1940 lors du rembarquement à Dunkerque. Par héritages successifs, le domaine devint la propriété de Charles de Boisfleury et de sa famille en 2013. Pour préserver ce patrimoine, l'Association des Amis du Château de Meslay fut créée en 2015 et organise depuis des manifestations telles que des journées littéraires parrainées en 2018 par Valéry Giscard d'Estaing et les Journées européennes du patrimoine. Le château est ouvert au public durant la période estivale, de juin à septembre, depuis 2019.

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