Château dans le Lot

Château

  • 46150 aux Junies
Château
Château
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château : inscription par arrêté du 21 octobre 1925

Origine et histoire

Le château des Junies, situé dans la commune des Junies (Lot), est un ancien petit château fort dont l’état actuel résulte de plusieurs campagnes de construction et de transformation. Son noyau primitif peut remonter au XIIIe siècle, voire au XIVe siècle, mais l’essentiel de l’édifice a été reconstruit après la guerre de Cent Ans, peut‑être dès la fin du XVe siècle. Le plan est massé et rectangulaire, encadré au sud‑ouest par deux tours rondes, avec une extension au sud‑est cantonnée par une troisième tour circulaire. Le rez‑de‑chaussée, entièrement voûté en berceau et percé de plusieurs meurtrières, s’étend sous toute la surface et servait de cave, de cellier et probablement d’écuries ; il se trouve en partie en sous‑sol, le jardin étant situé environ 1,30 mètre au‑dessus de ce niveau, et l’ancien château était vraisemblablement entouré de fossés aujourd’hui comblés. L’accès au premier étage se fait par un escalier logé dans la tour ouest ; l’étage des combles était conçu pour la défense. Le crénelage extérieur a disparu et les tours est et sud ont été découronnées ; la face est de la tour sud porte des reprises laissant supposer des destructions anciennes. De larges ouvertures à doubles meneaux ont été percées au premier étage au XVIe siècle et, au XVIIIe siècle, de nombreux percements ont été modifiés pour mettre le château au goût du jour ; les aménagements intérieurs et certains décors datent de cette époque. La double fenêtre à meneaux du deuxième étage et les vestiges d’une porte intérieure témoignent d’un aménagement attribué à Jean Dupré, acquéreur de la seigneurie en 1526, et le décor italianisant des croisées et d’une porte, proche de celui du château de la Grézette, paraît lié aux années 1520. Des gypseries et des boiseries de style Louis XV pourraient dater de Jean‑François de Touchebœuf‑Beaumont, héritier après 1750.
La seigneurie a d’abord été donnée vers 1214 par l’évêque de Cahors Guillaume de Cardaillac à Bertrand de Jean, riche marchand cadurcien, et la famille de Jean a donné son nom aux Joanies, devenu Junies. Benoît II de Jean, mort en 1263, illustre l’ascension d’un marchand dans la noblesse locale grâce aux activités commerciales et financières de la famille. Vers 1325, un procès intenté par les évêques de Cahors aboutit, par décision d’Arnaud de Via à Avignon, à la reconnaissance d’une tenue de la terre en fief noble sous l’autorité de l’évêque. Au milieu du XIVe siècle, Benoît de Jean passa au parti anglais et prit part à des opérations dans la région ; en 1368 le château fut assiégé par les troupes royales et démoli. La seigneurie passa ensuite entre diverses mains : Cécile de Cardaillac la légua à son frère Jean de Cardaillac‑Bioule, qui la vendit en 1386 au comte d’Armagnac, puis la situation devient plus incertaine au XVe siècle, avant l’arrivée de la famille de Morlhon dont Antoine est signalé seigneur dans la seconde moitié du XVe siècle. Peu avant 1500, Jeanne de Morlhon apporta les Junies en dot à Jean de Rodorel ; veuve en 1526, elle vendit la seigneurie à Jean Dupré, poète et homme d’armes. Jean III de Morlhon la racheta en 1579 ; la seigneurie passa ensuite, par alliance, aux du Buisson de Bournazel puis, en 1608, à Antoine de Touchebœuf‑Beaumont, premier baron des Junies.
Pendant la Révolution, en application de la loi du 17 juillet 1793, le comité général des Junies ordonna la destruction des archives et l’arasement des tours, décision qui ne fut pas exécutée ; en 1794 Marguerite de Touchebœuf‑Beaumont réussit à racheter le château. Le dernier représentant des Touchebœuf‑Beaumont seigneur des Junies mourut en 1815, puis le domaine connut plusieurs propriétaires et un état de délabrement jusqu’à son acquisition en 1921 par madame Barberet, qui fit restaurer le château ; il appartient toujours à la même famille. Inscrit au titre des monuments historiques le 21 octobre 1925, le château conserve ainsi, dans ses élévations et ses décors, les traces de son évolution du Moyen Âge à l’époque moderne.

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