Origine et histoire du Château Margaux
Le Château Margaux est un domaine viticole de la commune éponyme s’étendant sur 262 hectares en appellation Margaux, dans le Médoc bordelais, et classé « premier grand cru » lors de la classification de 1855. Les premières mentions remontent au XIIIe siècle sous le nom de « château de La Mothe Margaux ». Au début du XIXe siècle, l’ancien château fort fut démoli pour laisser place à l’édifice actuel, élevé sur les plans de Louis Combes et entouré d’un parc paysager comprenant d’importants chais. L’architecture est néo-palladienne : construction néoclassique sur quatre niveaux, larges baies et façade principale ornée d’un péristyle colossal de quatre colonnes ioniques surmonté d’un fronton triangulaire. Les chais, longs d’environ cent mètres et larges de vingt-trois mètres, présentent une charpente en chêne soutenue par des colonnes doriques. Le site est classé au titre des monuments historiques depuis 1946, classement confirmé par arrêté en 1965. En 2000, Paul Pontallier a créé au château un département de recherche et développement, intégré en 2015 au nouvel ensemble de bâtiments conçu par Lord Norman Foster, qui comprend un chai d’environ 800 m², une vinothèque souterraine et un centre d’accueil.
La propriété compte une lignée de propriétaires documentés depuis 1377, avec des passages de main en main parmi les familles Montferrand, Durfort, Gimel et Lory, puis l’acquisition par Olive de Lestonnac en 1610 qui en fit le cœur du domaine et l’embellit. Le comte Élie du Barry devint seigneur de Margaux en 1770, puis le domaine fut confisqué pendant la Révolution et vendu en 1802. Bertrand Douat, se présentant comme marquis de la Colonilla, acheta la propriété en 1802 et fit reconstruire la maison tandis que Toussaint-Yves Catros réaménageait le parc. Alexandre Aguado acquit le château en 1835 et en confia la décoration; Frédéric Pillet-Will en fit l’acquisition en 1879 et introduisit le concept d’un second vin, le Pavillon Rouge. Le domaine changea plusieurs fois de mains au XXe siècle, puis fut acheté et restauré en 1977 par André Mentzelopoulos; sa fille Corinne a poursuivi les investissements et, après une association avec la famille Agnelli entre 1990 et 2003, est redevenue actionnaire unique. Paul Pontallier y fut directeur général, engagé depuis 1983, et Philippe Bascaules, arrivé en 1990 comme directeur d’exploitation, a pris la direction du domaine en 2017.
Les sols sont constitués de graves günziennes moyennes et fines, parfois mêlées d’argile, avec des zones calcaires et de la molasse dans les parties basses. Le vignoble couvre 99 hectares, dont 87 hectares plantés en rouge pour une production annuelle d’environ 200 000 bouteilles, l’encépagement typique étant de 75 % cabernet sauvignon, 20 % merlot, 2 % cabernet franc et 3 % petit verdot. Douze hectares sont plantés en sauvignon blanc pour le Pavillon Blanc. Outre le grand vin « Château Margaux », le domaine produit le second vin « Pavillon Rouge du Château Margaux », un troisième vin lancé en 2009 nommé « Margaux du Château Margaux », et le « Pavillon Blanc du Château Margaux », qui bénéficie d’une appellation Bordeaux générique.
Plusieurs millésimes ont établi la réputation du cru, parmi lesquels 2019, 2018, 2016, 2015, 2010, 2009, 2005, 2003, 2000, 1996, 1990, 1989, 1985, 1983 et 1982; des millésimes historiques souvent cités incluent 1900, 1928, 1937, 1945 et 1961, et les millésimes 1900, 1990 et 1996 ont reçu la note maximale de 100/100 de Robert Parker. Les prix du grand vin varient selon les millésimes, allant d’environ 250 euros pour des années moins recherchées à plusieurs milliers d’euros pour les grands anciens. Le château a également marqué la culture : il a inspiré des façades comme celle du manoir de Kronstad en Norvège, a donné son nom à une zarzuela en 1887, et fut apprécié par l’écrivain Ernest Hemingway.
