Origine et histoire du Château Mennechet
Le château Mennechet, érigé à flanc de coteau du Mont-Conseil à Chiry-Ourscamp, est l'œuvre d'Alphonse Mennechet de Barival, riche érudit d'origine saint-quentinoise. Conçu comme château-galerie pour abriter et mettre en valeur sa collection d'œuvres d'art, il faisait partie d'un vaste ensemble comprenant deux manoirs, de grandes écuries, une tour dite la Folie et un mausolée dédié à sa femme. Mennechet acquit de nombreuses terres vers 1855 et fit édifier au fil des années ces bâtiments, utilisant principalement des pierres extraites de carrières qu'il possédait et une main-d'œuvre locale. Le château, construit autour de 1880, devait présenter peintures, sculptures et faïences réunies dans ses différents espaces ; une partie de la collection — notamment des pastels de Maurice Quentin de La Tour et soixante-neuf tableaux — fut léguée au musée Antoine-Lécuyer et à la ville de Saint-Quentin après sa mort en 1903. L'héritier désigné, son neveu Louis Hugues, prit la gestion du patrimoine et, devenu Louis Hugues-Mennechet en 1905, dilapida la fortune familiale et fut placé en minorité. Le château ne fut jamais achevé : sa façade sculptée et ses pignons montrent l'intention d'une galerie richement décorée, mais les huisseries et fenêtres n'ont jamais été posées. De style Henri II pour la façade principale, le bâtiment s'étire sur soixante mètres de long pour neuf mètres de large et quarante mètres de haut, orné de quatre-vingt-seize colonnes doubles annelées surmontées de frontons à têtes de chimères et fleurs de lys. L'édifice tient par simple emboîtement des pierres, sans ciment ni mortier, et certaines dépendances portent encore des renforcements en béton laissés lors de leur usage comme dépôt de munitions pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux manoirs qui complétaient l'ensemble, construits en pierre de taille avec tourelles au toit d'ardoise et boiseries raffinées, ont été démolis pendant ou peu après la Première Guerre mondiale. La tour de type mauresque élevée à la mémoire de son épouse, haute de quarante-deux mètres et desservie par 237 marches, a été détruite par les forces allemandes au cours de la Première Guerre mondiale. Le château lui-même a subi des dommages répétés pendant les deux guerres mondiales et n'a jamais été restauré ; il est depuis longtemps à l'abandon et envahi par la végétation, réduit aujourd'hui à une ruine. Le site a failli être démoli, une mise en péril ayant été abandonnée en 2007, puis a fait l'objet de travaux de défrichement et de nettoyage en 2008 sous l'impulsion d'un nouveau propriétaire, qui permirent notamment la découverte d'une cave voûtée jusqu'alors ignorée. À partir des années 1990, l'intérêt local pour l'édifice s'est accru : Jean-Yves Bonnard et l'association Prométhée ont mené des recherches et engagé une démarche d'inscription aux monuments historiques, procédure qui échoua en 2006 mais aboutit finalement à deux arrêtés d'inscription en mars et juillet 2011. Aujourd'hui, il ne subsiste que les ruines du château, qui constituent un exemple rare d'initiative muséale privée dans la région.