Origine et histoire du Château d'Aumont
Le château d'Aumont, ou château de Boulogne-sur-Mer, est un ancien château fort de la première moitié du XIIIe siècle, élevé par Philippe Hurepel et dépourvu de donjon. Construit entre 1227 et 1231, il s'inscrit dans l'enceinte urbaine en reprenant le tracé du castrum romain dont subsistent des soubassements visibles dans les souterrains. Le monument a connu des remaniements aux XIVe-XVe siècles par le duc de Berry, puis d'importantes transformations au XVIe siècle : cinq tours furent noyées dans de fortes maçonneries afin de mieux résister à l'artillerie, et le bâtiment dit « Fer à cheval », achevé vers 1567 pour le gouverneur de Morvilliers, servit de caserne et d'arsenal. Sous l'Ancien Régime il fut transformé en caserne par les ducs d'Aumont ; l'armée y effectua des aménagements successifs entre 1767 et 1947, et certains vestiges ont été détruits au XXe siècle, notamment pour la construction d'un monument aux morts et pendant la Seconde Guerre mondiale. Utilisé comme prison jusque dans les années 1970, le site est depuis propriété communale et abrite un musée, inauguré en 1988 ; des travaux de restauration sont en cours. Le plan du château est compact et polygonal : il renforce l'angle oriental de l'enceinte rectangulaire et reste isolé par son propre fossé jadis en eau, avec une grande porte flanquée de deux tours cylindriques et une poterne ouvrant vers l'extérieur. Neuf tours cylindriques dominent des courtines droites ; à l'est, plusieurs murs furent doublés et coiffés pour former une toiture presque continue, tandis qu'une tour seulement a conservé son aspect primitif, percée d'archères et couverte d'un toit en poivrière. Les bâtiments s'appuient sur les courtines et entourent une cour centrale où se succédaient la salle d'apparat, la chapelle, la salle d'armes et les logis, aujourd'hui intégrés au parcours muséographique. Les sous-sols font le tour complet de la forteresse et sont voûtés en plein cintre ; la salle dite « la Barbière », demi-enterrée sous la grande salle, est longue d'environ 20 mètres et comprend deux nefs parallèles de quatre travées voûtées en ogive reposant sur trois colonnes, dont un chapiteau décoré de feuilles d'arum ; cette salle, remarquable par son architecture, a servi de magasin à poudre et tire probablement son nom de sainte Barbe, patronne des artilleurs. Une inscription « 1231 » apposée en 1811 par l'historien Henry commémore la date de construction. Les remparts et l'ensemble du château font l'objet de protections au titre des monuments historiques et des sites ; certaines parties ont été classées dès 1916, l'enceinte et le château ont été inscrits en 1926, et des éléments (façades, toitures, portail, pont, la salle basse dite La Barbière et des fenêtres) ont été classés en 1977. Le château a par ailleurs servi de lieu de tournage en 2018 pour un numéro de l'émission Secrets d'Histoire consacré à Blanche de Castille.