Origine et histoire
Le château de Raray, situé dans l'Oise en Hauts-de-France, est une demeure d'origine Renaissance qui a été remaniée au cours des deux siècles suivants et qui comporte plusieurs éléments protégés au titre des Monuments historiques. Les façades et les toitures ont été classées par décret le 25 novembre 1924, et deux plafonds peints du XVIIe siècle, au rez-de-chaussée et au premier étage, ont été inscrits par arrêté le 3 octobre 1983. Du bâtiment Renaissance de 1522 subsistent surtout les façades du corps central, dont les fenêtres conservent des traces de meneaux supprimés. Les deux frontons des ailes orientales datent des grands travaux menés pour Nicolas de Lancy entre 1610 et 1620 : en segment de cercle, leurs tympans sont richement moulurés et ont été remontés sur place lors des transformations entreprises entre 1766 et 1781 par Antoine‑Claude‑Henry, marquis de Barres, puis son fils Henry‑François. C'est ce dernier qui fit démolir l'ancien château situant alors l'entrée de la cour d'honneur à l'est ; les pierres récupérées permirent notamment d'élever un « pavillon neuf » au sud, qui remplaça un bâtiment ancien reliant le logis aux communs. Le château a donc pris son visage actuel peu avant la Révolution ; l'entrée demeurait alors sur la place de l'église et la grande perspective en prolongement de la cour d'honneur n'existait pas. Une dernière importante campagne de travaux, sous Henri de La Bédoyère, descendant d'Henry de Barres, se déroula entre 1890 et 1914 ; le château y fut modernisé et des maisons anciennes encombrant la perspective furent démolies. Le domaine demeure aujourd'hui dans la même famille. Un jardin à l'anglaise, inspiré d'Ermenonville et aménagé sous la direction du paysagiste Thomas Blaikie entre 1811 et 1828, existait autrefois mais n'a laissé aucune trace visible ; un golf a été aménagé dans le parc en 1988. Le château est également connu pour avoir servi au tournage de certaines scènes de La Belle et la Bête, le film de Jean Cocteau, en 1945.
Les haies cynégétiques, qui bordent la cour d'honneur au nord et au sud et ont contribué à la célébrité du lieu, sont classées aux Monuments historiques par le décret de 1924 et sont considérées comme uniques en France. Probablement dues à Nicolas de Lancy, ces balustrades, de style tardivement Renaissance et inspirées d'exemples italiens du XVIe siècle, reflètent le goût pour la chasse et l'Antiquité ; Lancy avait d'ailleurs des liens familiaux et des voyages en Italie, ce qui laisse supposer l'intervention d'artistes italiens ou l'importation de sculptures. À l'origine les balustrades reliaient le château actuel au vieux château démoli en 1766 et formaient une disposition diagonale ; Henry de Barres fit niveler la cour et déplacer les balustrades pour les rendre parallèles, opération conduite entre le 20 mai et le 26 octobre 1766. Chaque balustrade est dominée par des sculptures de chiens de chasse et présente un portique central surmonté d'un cerf au nord et d'un sanglier au sud, symbolisant respectivement la chasse au cerf et la chasse au sanglier. De part et d'autre du portique, neuf baies en plein cintre sont surmontées de petits frontons en enroulement coiffés de sculptures de chiens : un chien sur deux est assis, les autres sont en diverses attitudes d'affût ou d'attaque, et chaque balustrade compte vingt chiens au total, dont deux sur le portique. Le niveau inférieur obéit à un parti décoratif différent : dix-neuf baies encadrées de niches abritent des bustes antiques, masculins et féminins, montés sur piédestaux ; deux de ces bustes représentent toutefois le seigneur de Raray et son épouse. Les têtes sont toutes distinctes tandis que les cartouches sous chaque niche se ressemblent, et les critères ayant présidé au choix des personnages restent inconnus.
Le parc est clos par un mur d'enceinte daté de 1610-1620, ponctué de quatre tourelles et comportant la Porte rouge au nord, contemporaine des balustrades et remarquable pour ses vantaux peints de cette couleur. Cette porte, qui donne accès à la forêt et célébrait la chasse, porte un linteau surmonté d'une Diane assise entre deux lévriers et est soutenue par des pilastres évoquant des cariatides ; comme pour les haies, la porte aurait été déplacée, une carte de 1723 la situant à l'est du château. La Porte rouge, située sur le terrain du golf, n'est pas accessible au public ; deux des tourelles d'angle ouvrent toutefois sur la rue RD 26 en provenance de Senlis ; dépourvues de meurtrières, elles présentent de simples orifices et sont coiffées de toits en pierre en dôme ornés d'une boule. Le pignon des anciennes écuries, inscrit aux Monuments historiques avec le mur de clôture, se trouve rue Nicolas‑de‑Lancy, presque en face de l'église ; son échauguette en encorbellement est de plan rectangulaire. Dans la cour de service attenante, aujourd'hui parking du golf, subsiste un colombier rond qui n'est cependant pas protégé.
Parmi les dépendances, la ferme du château, avec son manoir du XVIe siècle et son colombier, est située sur la place à l'est du village et a été inscrite aux Monuments historiques par arrêté le 22 août 1949 ; elle ne doit pas être confondue avec l'écurie. Le manoir Renaissance en L présente des façades sur la rue Nicolas‑de‑Lancy au nord et la rue du Manoir à l'est, cette dernière constituant la façade principale grâce à la qualité de sa construction en pierre de taille blonde. Deux échauguettes d'angle en brique rouge, en encorbellement, contrastent avec l'appareil de pierre et conservent des meurtrières, dont l'une a toutefois été percée d'une fenêtre. Sur la façade est les quatre baies par niveau sont réparties de façon asymétrique mais les fenêtres de l'étage sont alignées sur celles du rez‑de‑chaussée ; deux grandes fenêtres centrales à meneaux sont surmontées, au niveau de la toiture, par deux lucarnes à fronton en segment de cercle ornées d'une boule. Le toit est couvert de tuiles plates rouges et, le long de la rue du Manoir, le grand colombier rond coiffé d'un toit en poivrière utilise les mêmes tuiles.