Origine et histoire
Château d'Ognon
Le parc du château d'Ognon est un élément majeur des jardins à la française des XVIIe et XVIIIe siècles, aménagé en plusieurs étapes par les seigneurs d'Ognon et conservant des éléments anciens comme l'allée du Mail et les gloriettes ornées des statues des Vertus. Entre 1676 et 1723, le parterre, le miroir d'eau avec son embarcadère, les statues des Quatre Parties du Monde et le bosquet des Saisons sont aménagés, peut‑être sur les dessins ou sur les conseils de Le Nôtre. La cour d'honneur de l'ancien château, détruit au milieu du XXe siècle, était ornée de statues de dimensions plus modestes. Le domaine est situé dans la commune d'Ognon, dans l'Oise, et son parc est inscrit aux monuments historiques depuis le 14 décembre 1990.
La terre d'Ognon est mentionnée dès 1197; un aveu plus tardif décrit un manoir avec cour, jardin et quelque cent arpents de bois, en partie près du manoir et en partie au bois Saint‑Jean de Senlis. Entre la fin du XIVe siècle et 1479, la seigneurie change plusieurs fois de mains avant de revenir, par mariage, à la famille de La Fontaine, qui la conserve jusqu'en 1632. Au cours du XVIe siècle le château reçoit plusieurs visites royales et les membres de la famille de La Fontaine occupent d'importantes charges à la cour, tandis que leurs richesses permettent d'embellir le domaine.
Au début du XVIIe siècle, François de La Fontaine fait aménager le parc : un parterre de dentelles orné de statues, la transformation de la grande allée pour le jeu de mail, l'élévation de deux gloriettes et la création d'un grand étang. Ruiné en 1632, il vend la seigneurie cette même année. Après une période de relative déprise, Maximilien Titon acquiert Ognon en 1676 et engage de vastes travaux : le parterre est agrandi, l'allée du Mail prolongée, le grand bassin transformé en miroir d'eau aux angles biseautés, une salle de verdure avec les statues des Saisons est aménagée et, plus tard, une salle de bal champêtre est créée, marquant l'achèvement des opérations menées par la famille Titon.
Le château et le domaine passent ensuite à différentes familles; un acte de vente de 1806 décrit la propriété avec sa belle grille, une cour des communs comprenant remises, hangars et écurie pour au moins trente chevaux, une orangerie, un grand parterre orné de statues, deux canaux d'eau vive, une glacière et un grand étang alimenté par l'Aunette. L'enceinte et la répartition des surfaces évoquent les descriptions antérieures du XVIIe siècle, et l'aveu de 1530 précisait déjà la présence de deux ailes, d'une tour et de dépendances agricoles.
Au XIXe siècle, Charles Amédée Demachy fait démolir la « petite construction de l'Empire » et confie à Louis‑Sulpice Varé la création d'un jardin anglais, transformant notamment le grand parterre et modifiant l'aspect général du parc. Le château est ensuite occupé et endommagé pendant les deux guerres mondiales; en 1943 le domaine est inscrit au titre des sites, mais la maison devient difficilement habitable et les propriétaires décident de procéder à sa démolition en 1957. Subsistent la grille d'entrée, l'orangerie et les communs qui donnent sur la route de Brasseuse; la remise en état du parc et la construction d'une nouvelle résidence, Le Pré Saint‑Jean, sont entreprises après 1955 sous la direction de Jean Seillière de Laborde, puis poursuivies par son fils.
Le plan le plus ancien connu, dressé en 1382 et conservé à la Bibliothèque nationale, montre le manoir au même emplacement que le dernier château, ce qui indique une stabilité remarquable de l'implantation et de la grande allée nord‑sud, attestée dès cette date. Les descriptions successives soulignent la richesse de l'aménagement intérieur et des dépendances, tandis que les communs encore visibles conservent des éléments architecturaux forts, avec deux tours carrées, contreforts et un portail orné.
Sur plus de 70 hectares, le parc, aujourd'hui agencé comme un vaste jardin anglais, alterne forêts, pièces d'eau et pelouses. Le miroir d'eau, long de 400 m sur 80 m, résulte de la transformation d'une pièce d'eau rectangulaire du XVIe siècle et a été aménagé aux alentours de 1710; le lac romantique au sud, créé par François de La Fontaine au début du XVIIe siècle, a été restauré en 2004. L'allée du Mail, longue de plus de 500 m, traverse le parc et se termine par un double escalier et une balustrade, ancien débarcadère du lac plus étendu.
Le parc conserve plusieurs fabriques et ensembles sculptés : l'embarcadère au nord du miroir d'eau, la salle de verdure avec trois statues des Saisons sur une terrasse à l'ouest du miroir, sept piliers évoquant une ruine de temple au sud du lac, et la perspective du grand escalier bordée de deux gloriettes du début du XVIIe siècle. Quatorze statues majeures ponctuent le parc, dont Mars et Minerve au centre du Mail, les Quatre Parties du Monde autour du miroir d'eau, la série des Vertus flanquant les gloriettes, ainsi que Diane au centre d'une étoile d'allées dans la forêt.
L'architecture et la sculpture du parc témoignent d'influences italiennes et d'affinités stylistiques avec des réalisations proches, ce qui a conduit certains spécialistes à rapprocher les auteurs des gloriettes et des statues de noms comme Salomon de Brosse, Guillaume Berthelot ou Collignon, sans que ces attributions ne puissent être définitivement établies. D'autres éléments, comme les statues de la salle de bal champêtre, illustrent l'évolution du goût vers des sujets pastoraux au cours du XVIIIe siècle et semblent liés aux prototypes de la manufacture de Vincennes.
Les aménagements successifs — prolongement de l'allée du Mail, création d'allées perpendiculaires, mise en perspective vers Senlis, transformation du grand bassin en miroir d'eau — correspondent au langage des grands paysagistes du XVIIe siècle et justifient l'hypothèse, souvent avancée, d'une intervention de Le Nôtre ou de collaborateurs proches, bien que certaines parties, comme la salle de verdure, ne lui soient pas nécessairement attribuées. Parmi les statues, la qualité varie ; les meilleures œuvres, notamment l'Amérique et l'Asie des Quatre Parties du Monde, ont été rapprochées de Collignon, mais les attributions restent incertaines.
La transformation du parc en jardin anglais au XIXe siècle a introduit de nouveaux éléments, comme la fausse ruine d'un temple, tandis que l'embarcardère et d'autres fabriques conservent des intérêts spécifiques dont la datation n'est pas toujours documentée. Le parc n'est ouvert au public que lors des Journées européennes du patrimoine et n'est pas visible depuis le domaine public. Son protection au titre des monuments historiques et des sites garantit la conservation des pièces d'eau, des fabriques, de la terrasse, de l'escalier monumental et des sculptures qui composent cet ensemble paysager.